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L'opinion de Philémon

Qu'est-ce qu'un bilingue? Un ami à qui je posais la question m'a répondu: C'est un homme qui parle bien et qui pense mal. Cette définition m'a paru inutilement cruelle et peu encourageante pour tous les pauvres jeunes auxquels on répète à satiété qu'à notre époque il est indispensable de connaître les langues, que c'est un atout important pour réussir dans la vie, etc.
J'ai réfléchi ensuite en songeant aux bilingues que j'ai rencontrés dans mon existence, notamment en Suisse allemande.
Le langage est le moyen d'exprimer ses idées et de communiquer avec autrui. Si les langues sont si différentes les unes des autres c'est parce que les peuples ont chacun leur manière de raisonner, de sentir, d'appréhender la vie. Tous ceux qui se sont penchés sur des problèmes de traduction sont conscients de ce fait. Ils savent que la difficulté est, non seulement de faire comprendre intellectuellement l'idée exprimée, mais de faire naître chez le lecteur français la sensation, l'impression, le sentiment que le texte original exprime. On se rend compte alors que les tournures, les façons de se faire entendre ne sont pas identiques dans toutes les langues. Il s'agit, bien entendu, d'un exercice intellectuel mais qui doit tenir compte de nuances, parfois délicates, qu'il est difficile de transposer d'une langue dans l'autre. Si l'on veut être vraiment fidèle au texte original il faut trouver une expression originale qui ne sera pas toujours une traduction littérale.
On peut se demander si ce qui se passe dans le cerveau et sous la plume du traducteur ne se passe pas très souvent dans le cerveau du bilingue, mais beaucoup plus rapidement, de sorte que ce qu'il voulait exprimer et qui avait un sens précis dans sa langue maternelle devient flou ou mal rendu, ou imprécis. C'est sans doute ce qu'entendait dire mon ami en affirmant que le bilingue «pense mal».
Cet inconvénient du bilinguisme n'a pas ou n'a que peu d'importance dans l'exercice d'un grand nombre de professions, notamment de tous les métiers manuels. Il en a beaucoup en revanche dans toutes les professions où l'expression, écrite ou parlée, joue un rôle: enseignant, employé d'administration publique ou privée, commerçant ou industriel. Comment remédier à cet inconvénient? Il n'existe à vrai dire qu'un seul remède, c'est d'apprendre les deux langues à fond, d'en connaître non seulement la grammaire, mais aussi la littérature. Car c'est en pratiquant les bons auteurs qu'on peut assimiler la manière de sentir et de penser dans une langue donnée. Mais il faut reconnaître que les bilingues qui arrivent à maîtriser de cette manière deux ou trois langues sont très rares. Chez la plupart des bilingues il existe une certaine confusion, non dans la façon purement grammaticale de s'exprimer, mais dans la manière de traduire dans une autre langue ce qu'ils pensent dans la leur.
Les difficultés sont encore plus grandes pour les personnes qui ont eu, non une, mais deux langues maternelles, ce qui peut arriver dans les familles où le père et la mère sont de langues différentes.
De là l'importance de n'avoir qu'une langue maternelle, c'est-à-dire une langue que l'on acquiert plus ou moins automatiquement de sa mère au moment où l'on commence à s'exprimer par le langage.
Si cette langue n'est pas la même pour le petit enfant que celle qu'il va utiliser à l'école un problème extrêmement délicat se pose: Faut-il continuer à lui parler la langue maternelle, ou bien adopter dans la famille la langue de l'école, des copains et de tout l'environnement? Il paraît impossible de donner à cette question une réponse valable dans tous les cas. Chaque famille doit faire son choix au vu des circonstances. La solution dépendra de nombreux facteurs: le fait que le père et la mère parlent la même langue ou des langues différentes, que l'enfant est plus ou moins doué, qu'on le destine à faire des études ou non sont autant de circonstances dont il faudra tenir compte.
Il est intéressant de noter que nos compatriotes d'outre-Sarine sont tous bilingues. Leur première langue, leur langue maternelle, celle qui subsiste pour toutes leurs relations familiales ou amicales est le «Schwitzerdütch». C'est à l'école seulement qu'ils apprennent l'allemand. Il existe donc dans toute la population un bilinguisme qui a probablement des inconvénients et des avantages. L'inconvénient signalé plus haut, une certaine confusion de la pensée est probablement minime et souvent inexistante étant donné la parenté des deux langues. L'avantage est de permettre à nos compatriotes de se différencier de leurs cousins d'outre Rhin et de conserver leur caractère propre. Si la Suisse allemande ne s'est pas laissée séduire par l'hitlérisme on peut se demander si ce n'est pas en bonne partie au «Schwitzerdütsch» que nous le devons.









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