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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Quelle image de soi?

Si l'on regarde d'un peu loin et peut-être avec un certain pessimisme l'évolution des enfants en cours de scolarité, on en vient à constater qu'il existerait, schématiquement parlant, deux catégories d'enfants.
D'un côté, il y a ceux qui cumulent tous les facteurs positifs. Dès le début de l'école, les premiers apprentissages se passent bien, ce qui leur vaut l'estime et l'encouragement de la maîtresse, qui sent qu'elle peut leur faire confiance et attendre d'eux des résultats qui la gratifieront. Dans les familles, on respire, on est rassuré, tout semble se passer convenablement et dès lors on envisage l'avenir scolaire et même professionnel avec optimisme. L'enfant, lui, se sent entouré d'un climat de confiance, d'attente positive qui, en retour, lui donne confiance en lui. Il commence à se considérer comme capable de réussir, puisque c'est ainsi qu'on le voit. Il constitue son image de soi en s'appuyant sur les jugements positifs qu'il perçoit dans son entourage. Il sent très bien qu'il fait plaisir à tout le monde, ce qui lui vaut de substanciels avantages qu'il a dès lors toutes raisons d'essayer de continuer à mériter. Les premiers succès dans une discipline font tache d'huile et en suscitent d'autres. L'enfant est stimulé par le plaisir qu'il trouve à maîtriser une difficulté nouvelle et tout naturellement, il en redemande. Il aime répondre aux questions de la maîtresse et il est déçu quand elle ne le solicite pas. Bref, tout concourt au bien-être et au développement de l'enfant, à la satisfaction de ses parents et de ses enseignants.
De l'autre côté, il y a ces enfants sur qui, tout au contraire, semblent se multiplier et s'entraîner les uns les autres tous les facteurs négatifs. Les premières difficultés rencontrées créent un handicap supplémentaire dans l'approche d'autres matières et diminuent déjà les chances de succès ultérieurs.
L'enseignant comprend vite qu'il devra prêter une attention particulière à cet élève et lui consacrer plus de temps, avec toujours la crainte que ce soit au détriment des autres, de ceux qui marchent bien. L'enfant apprend très vite à douter de lui-même, il sent qu'on se fait du souci pour lui et il a tendance à aggraver et dramatiser les causes présumées de ce souci. Il est conscient d'un décalage par rapport aux autres, d'une peine à apprendre qu'eux n'ont pas. Incapable de s'expliquer ses difficultés, il va réagir sur le plan du comportement, manifestant ainsi son désarroi et son humiliation, s'attirant en retour remontrances et punitions. Les autres, ceux qui réussissent, s'éloignent et il se sent étranger dans la classe; même la maîtresse est plus lointaine qu'au début! Pour se sentir quand même appartenir au groupe, il peut essayer de faire le pitre, mais cela n'arrange rien, au contraire. Dans la famille, on réagit diversement: on s'inquiète, on se culpabilise, on exprime son anxiété pour l'avenir, ce qui ne contribue pas forcément à redonner confiance à l'enfant; on peut aussi demeurer indifférent, résigné, ce qui est vécu par l'enfant comme confirmation de ses propres doutes; enfin, on peut plus ou moins vivement rejeter toute la responsabilité de la situation sur l'école, s'en prendre à l'enseignant, ce qui, dans la plupart des cas, ne fait qu'augmenter le malaise de l'enfant. Quoi qu'il en soit, celui-ci se sent décevant, incapable de faire plaisir et en train de déchoir dans l'estime des autres; il n'a plus qu'à s'installer dans cette situation de marginalité et essayer de faire payer son échec aux autres par des comportements agressifs.

Les jeux sont-ils faits?

Certes, tout cela a commencé bien avant l'école et se poursuivra bien au-delà. On sait combien le vécu des toutes premières années est décisif et engage déjà l'enfant dans l'une ou l'autre des deux voies décrites ci-dessus. On sait aussi que l'accès à une profession est de plus en plus largement déterminé par la scolarité suivie.
Le constat que, parfois très tôt, "les jeux sont faits", s'il est stimulant pour quelques enseignants, risque d'avoir un effet décourageant sur beaucoup d'autres.
«A quoi bon faire quelque chose si de toute manière…, etc.» A chaque étape, d'autre part, il est tentant pour ceux qui ont l'enfant à charge de rejeter la responsabilité sur ceux qui précédaient. Les patrons incriminent le cycle d'orientation, le cycle s'en prend à l'école primaire et… c'est toujours sur les parents qu'on finit par retomber.
A notre avis, la question n'est pas de chercher "à qui la faute", ni de se résigner, mais bien davantage de voir ce qu'on peut faire éventuellement pour brouiller les cartes, introduire une diversion dans des processus trop bien engagés. Le problème, bien sûr, concerne principalement les enfants de la deuxième catégorie qui sont nettement désavantagés, par exemple sur le plan du devenir socio-professionnel, mais il peut intéresser aussi certains des autres: tout psychiatre vous dira qu'avoir passé son enfance à faire plaisir aux adultes de l'entourage se paie parfois très cher!

L'image de soi

Un élément important ici est celui de l'image de soi, cette image plus ou moins positive ou négative, plus ou moins riche et nuancée que l'enfant construit progressivement au travers de ses propres actions d'une part, de la réaction des autres à celles-ci d'autre part. Très vite, cette image de soi détermine, en partie au moins, le choix d'activités, le niveau d'aspiration, l'énergie et la persévérance qu'on va mettre dans une tâche donnée, la capacité de travailler pour un objectif encore lointain, l'attitude à l'égard des autres, la sensibilité à ce qui vient d'eux, etc., etc. Très vite aussi (et c'est valable pour chacun de nous) l'enfant tend à devenir ce qu'il se sent déjà être dans le regard de l'autre.

En d'autres termes, une manière (peut-être!) d'aider un enfant à changer, à sortir du cercle vicieux décrit précédemment, serait de lui procurer des occasions de se voir et d'être vu autrement.

A cet égard, tout ce que l'école offre comme classes vertes ou classes de neige, sorties, visites, enquêtes, travail en groupe, renversement de rôle (c'est l'enseigné qui enseigne!), etc., peut contribuer largement à ce remaniement de l'image de soi.
Mais créer une rupture avec des habitudes trop bien établies, ce n'est pas la responsabilité de l'école seulement, bien que celle-ci ait là un rôle important à jouer et que trop souvent elle contribue à resserrer l'engrenage. C'est ou ce devrait être l'affaire de toute la communauté; à chacun de nous de savoir quel regard il porte sur les enfants qu'il croise, quelle chance il leur offre de «s'aiguiller» autrement. Quand on voit trois enfants se concerter avec des airs mystérieux, selon qu'on leur jette un regard amusé et quelque peu complice ou qu'on les soupçonne tout de suite de fomenter quelque mauvais coup, leur attitude ultérieure ne sera probablement pas la même.
J'ai toujours été intéressé par le problème du mensonge chez l'enfant. Dans la plupart des cas, le mensonge surgit précisément quand il y a trop de décalage entre l'image qu'on aimerait se faire de soi-même et ce qu'on pense être dans la réalité. C'est en quelque sorte une tentative désespérée de se faire croire (secondairement, de faire croire aux autres) qu'on est bien tel qu'on le souhaiterait. Et si une fois, plutôt que de l'accabler, on prenait le menteur au jeu de son mensonge en faisant comme si c'était vrai?









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