Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

L'estime de soi: réflexions à bâtons rompus

L'estime de soi joue-t-elle un rôle positif dans l'éducation? Quelle a été notre expérience personnelle à ce sujet? Souhaitons-nous la favoriser chez nos enfants ou bien la considérons-nous comme génératrice d'orgueil? D'où vient-elle et à quoi sert-elle?
Voilà quelques-unes des questions que nous nous sommes posées en équipe un certain matin de février.
Et vous? Vous arrive-t-il de vous interroger à ce sujet? Comment procédez-vous avec vos enfants? Quelles sont les certitudes que vous avez acquises?
Nous serions heureux de connaître les expériences que vous avez faites, si vous voulez bien nous les communiquer.
En attendant, nous vous livrons ci-dessous un aperçu des réflexions que nous avons échangées ce fameux lundi matin.

Incapables par nous-mêmes d'aucun bien

Tu es trop petit, tu ne peux pas. On ne te demande pas ce que tu penses, tu n'es qu'un enfant. Avec ta maladresse habituelle, tu n'y arriveras jamais. Tu as réussi ton épreuve d'allemand? Pur hasard. Tu dis que ta moyenne d'orthographe remonte? Ça ne durera pas.
Dans les générations précédentes, beaucoup de parents ont cru qu'il était de leur devoir de dévaloriser systématiquement ceux dont ils avaient la responsabilité. Ils croyaient faire oeuvre éducative. Ils appelaient ça remettre l'enfant à sa place, lui rabaisser le caquet, l'entraîner à la modestie.
L'ennui, c'est que les enfants élevés dans cette perspective ont mis 30, 40 ou 50 ans pour parvenir à se débarrasser de ces suggestions négatives. Plusieurs d'entre nous ne se sont jamais totalement dégagés de cette impression de n'être rien d'intéressant, de n'avoir rien à dire, de ne jouer aucun rôle qui vaille la peine.

Tendance au dénigrement systématique

Les aînés sont facilement orgueilleux. Il faut les décourager systématiquement. Si non, où allons-nous? Les cadets veulent absolument se mettre en avant et jouer aux grands. Qu'ils prennent l'habitude de considérer que la seule place à laquelle ils ont droit, c'est la dernière. Qu'ils s'en contentent et restent dans l'ombre! Tu prétends être capable à ton âge de jouer une fugue de Bacs par coeur et sans faute? Tu es bien vite satisfaite de toi. Voyons si tu peux reproduire la main gauche seule. Tu dis que tu es le premier de ta classe ce semestre. Ce n'est pas trop tôt. Moi, j'ai toujours eu le maximum partout.
Comment des enfants normalement constitués ont-ils pu survivre dans cet univers de douches glacées, de critiques, de dévalorisation, de mépris?
Et dans quel but, avoué ou caché, leurs parents peuvent-ils bien leur asséner tant de coups?
«Il faut tuer l'orgueil dans l'oeuf, disent-ils. Rien n'est aussi nocif que de se croire doué, beau, intelligent. Ouvrez la porte à l'orgueil et vous avez tout un cortège de tendances fâcheuses qui s'engouffrent: la vantardise, l'impertinence, l'arrogance, l'esprit de supériorité.»
Ces parents qui craignent tellement que leurs enfants développent une certaine estime de soi, peut-être en sont-ils eux-mêmes dépourvus? S'ils se sentaient à l'aise et à leur place là où ils sont, auraient-ils si peur de se voir dépassés par leurs enfants? Ou bien obéissent-ils tout simplement au plaisir sadique d'humilier ceux dont ils ont la charge?

Le comité d'admiration mutuelle

Vous ne saviez pas que cela pouvait exister? Nous non plus. C'est Isabelle qui nous l'a fait connaître et qui nous a décrit le rôle qu'il a joué dans sa vie.
«Nos parents se sont toujours ingéniés à relever ce que nous avions de bien en nous. On se sentait à l'aise pour raconter ce qui nous faisait plaisir, ce qui nous avait réussi. On ne se vantait pas. On racontait tout simplement. Et nos parents avaient l'art de relever ce qui était positif.
Entre frère et soeurs, nous avons peu à peu adopté également cette attitude. Nous avons pris l'habitude de nous intéresser aux réussites et aux joies des uns et des autres. Le pli était pris. A tout propos, quand il y avait une bonne nouvelle à partager, on disait en plaisantant: Ah! il faut absolument réunir le comité d'admiration mutuelle!
Cette orientation résolument positive a été pour nous comme une base sur laquelle nous pouvions nous appuyer. Elle nous a permis de prendre insensiblement conscience de notre valeur personnelle, de notre originalité, de nos lacunes.
Il y avait peu de place chez nous pour la compétition, les rivalités, l'envie, la rancune. Chacun se sentait le droit d'être ce qu'il est et n'avait pas besoin de convoiter la place des autres.»

Les gens trop sûrs d'eux sont puants…

… a rétorqué un père à qui nous faisions part de notre intérêt pour l'estime de soi.
Il pensait probablement à ceux qui ne manquent pas une occasion de faire étalage de leur savoir et de leurs convictions. Comme si leur souci fondamental consistait à se mettre en avant, briller, écarter d'éventuels concurrents.
On peut se demander si cette tendance à polariser l'attention d'autrui ne trahit pas un certain doute de soi ou en tout cas une méconnaissance de sa propre valeur. Quand on se connaît bien, est-ce qu'on a tellement besoin d'insister sur ses mérites?
En réalité, c'est difficile pour tout le monde d'accéder à une juste évaluation de soi-même. Nous sommes constamment en train de chercher notre chemin entre la vantardise et le doute. Une juste connaissance de soi devrait s'accompagner nécessairement du sens de ses limites et de ses lacunes.

Valoriser, à quoi ça sert?

Est-ce que nous faisons oeuvre éducative quand nous aidons nos enfants à découvrir en quoi consiste leur valeur?
Ce n'est pas un luxe. C'est une démarche que nous devrions considérer comme primordiale.
Sans estime pour soi-même, il n'y a pas d'estime pour autrui. Comment puis-je m'intéresser aux autres, les respecter, les aimer si j'ai le sentiment d'être une nullité?
Si je parviens à une assez juste appréciation de mes capacités et de mes lacunes, cela me permet d'accepter sans les envier les dons et les réussites d'autrui.
La reconnaissance de mes propres défaillances m'aide à considérer celles de mon prochain avec une relative tolérance.
Les critiques négatives et la dévalorisation systématique agissent comme un acide qui ronge. Elles désagrègent. Elles détruisent. Tandis que la valorisation renforce les sentiments de sécurité et de confiance.
Mais attention: ne confondons pas! Valoriser ne signifie ni admirer aveuglément, ni encenser à tort et à travers, ni tromper l'enfant sur ses capacités.
Valoriser, c'est reconnaître ce qui est, sans flatter ni mentir. C'est relever tout ce qui est positif afin de fournir des points de repères qui résistent à l'usure du temps et de la fatigue.
Valoriser un enfant, c'est l'aider à vivre et le rendre capable de surmonter seul les obstacles de l'existence.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève