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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURA égalité? Elle. - Vous! Manquer de confiance en vous-même? Allons donc, vous plaisantez. C'est comme si, telle que vous me voyez, je vous déclarais être assez sûre de moi pour me sentir à l'aise avec des personnes que je trouve intelligentes, cultivées, bien de leur personne, douées, je me l'imagine, dans tous les domaines et, disons-le, sûres d'elles. Dans tous les cas, en admettant que vous ayez des sentiments d'infériorité, ce que je ne crois pas (dans ce domaine, croyez-moi, je m'y connais), vous savez admirablement donner le change. Cependant, ce que vous dites m'intéresse. Et, si c'était la vérité, je pourrais mieux vous dire ce qui m'embarrasse. Lui. - Alors, allez-y… parce que, lorsque vous m'aurez entendu… Elle. - Je ne suis pas jolie! Heureusement, disait ma mère, car si tu l'étais, tu deviendrais orgueilleuse! Une petite fille orgueilleuse, fi! Quel vilain défaut à combattre! ! Lui. - Tiens! Si vous ne le disiez pas, je ne l'aurais pas remarqué. Contrairement à certaines beautés régulières, mates et ternes, votre visage est vivant, vibrant, expressif et, pour ma part, je vous assure que je préfère cela. Elle. - On me l'a déjà dit, mais je n'ai jamais osé croire que cela pouvait être important pour ceux qui me regardent. Vérité pour vérité: ce que j'aime en vous, c'est votre voix, basse, chaude, rassurante. Quand je vous entends, je me sens bien. Lui. - Parlez-moi de ma voix! C'est précisément elle qui est la source de mon insécurité, et cela vient de loin. A l'école, lorsque je chantais de tout mon coeur, la maîtresse me disait: «Tu chantes faux! Tu gâtes notre chant!» Et ma mère d'ajouter: «Il pourrait faire de la musique, mais, c'est dommage, il chante faux.» Tout au fond de moi, quelque chose chuchotait: «Si tu chantes faux, tu entendras faux et tu joueras faux.» Cette crainte m'a poursuivi pendant des années. Comment voulez-vous, avec cela, prendre confiance en soi? Elle. - Je suis stupéfaite! Lui. - J'avais le choix: me taire et étouffer, ou parler beaucoup et fort, faire entendre cette voix, MA voix et affirmer bien haut, même ce dont je n'étais pas sûr… Vous ne vous êtes doutée de rien? Elle. - Non. Lui. - Je suis donc parvenu à tromper tout le monde et moi-même, mais à quel prix! Elle. - Ah! quel plaisir vous me faites! Ce qui me surprend, c'est que vous ayez osé me faire cette confidence. Peut-être avez-vous senti que cela m'aiderait de vous entendre? A la réflexion, ne sommes-nous pas tous deux sur le même palier? Moi avec mon manque de confiance en moi, et vous avec votre fausse confiance en vous? Lui. - Un psychologue nous dirait… Elle. - Je me demande ce que je serais devenue si ma mère, par crainte de favoriser l'éclosion d'un éventuel défaut, ne m'avait pas rapetissée par un «complexe»… A vrai dire, j'aurais préféré le défaut. Il aurait été moins lourd à porter. Lui. - Ah! si les mères savaient! Mais, la maîtresse d'école? Elle. - Laissez-moi réfléchir. Votre maîtresse d'école? Je vais me permettre de rêver… que si elle avait été, non seulement maîtresse d'école, mais pédagogue, elle aurait pu vous dire: «C'est chic que tu aimes chanter: viens, je vais t'apprendre!» Lui. - Dommage. Je continue à chanter faux et j'aurais tellement aimé chanter juste! |
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