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Les têtes de nègre
Ma p'tite famille (= un mari et deux fils de 11 et 15 ans) et moi, nous avons un péché mignon (encore que, multiplié par quatre, il ne soit peut-être plus si mignon que ça) : les têtes de nègre. Nous serions capables des exploits les plus dingues pour autant qu'ils soient récompensés par ces délicieux monticules.
En mère de famille soucieuse d'équité, c'est toujours par deux emballages (en alvéoles transparentes) de six que j'achète nos friandises favorites, parce qu'essayez toujours de diviser six têtes de nègre par quatre têtes de pipe
ça collera au couteau et il y aura des lésés.
Le gros problème, c'est de trouver une bonne planque pour que chacun puisse savourer «ses» trois têtes de nègre sans voir «l'autre» lui en chiper. Et il s'agit de changer de cachette à chaque fois, car le secret est vite éventé.
La dernière fois, nous avions mangé chacun une tête de nègre et j'ai soigneusement dissimulé (dans le «cagibi», où il fait bon frais, derrière la réserve de papier
oui, ce papier-là) les deux dernières de l'emballage, sans plus réaliser qu'en fait il devait en rester huit. Le lendemain je me rends chez ma meilleure amie qui est aussi ma voisine, le voisinage favorisant l'amitié. Le téléphone sonne chez elle. C'est le petit dernier, un grassouillet genre «béni-bouffe-tout», qui dit à mon amie: «Si maman ne vient pas me faire à souper, qu'elle me dise au moins où elle a caché les têtes de nègre.» Quelques minutes plus tard je regagne mes pénates et avec lui, persuadés que ce sont «les nôtres», nous mangeons les deux têtes de nègre que je crois être les dernières. Le pater familias rentre du boulot, je lui raconte l'appel téléphonique du cadet, et il éclate de rire: «Alors toi aussi tu fait des provisions cachées» et il attrape, sur l'armoire à balais, la plus haute de la cuisine, le second emballage - intact - auquel je n'avais plus pensé.
Moralité: si la gourmandise est un vilain défaut, au moins, chez nous, elle n'engendre pas la mélancolie.
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