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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURExtrait du Journal d'une grand'mère Dans la voiture, Françoise, l'aînée de nos petites-filles, dit: «J'aimerais demander quelque chose, mais je sais que c'est inutile parce qu'il n'y a pas de réponse». Ensemble, mon mari et moi: «Dis toujours, chérie». «Pourquoi est-ce que Papa est mort? Pourquoi est-ce qu'il a eu un cancer?» Quelques jours plus tard, nous sommes installées sur la terrasse, le moment est favorable. «Chacun de nous a une vie d'une certaine longueur. Ton arrière-grand'mère a une vie très longue. Le bébé de ta tante en a eu une très courte, si courte qu'il n'a même pas eu le temps de naître. Quand on a terminé sa vie, on meurt. Ton Papa avait terminé sa vie. Quand on a fini sa vie, on meurt, soit d'accident, soit de maladie. Ton Papa a eu une maladie. Heureusement, nous avons pu l'accompagner et bien l'aimer». Larmes et gémissements. Françoise a compris. Mais il n'en demeure pas moins que SON PAPA EST MORT! Sa soeur cadette Sylvie se réfugie vers son grand-père: «Elles sont en train de pleurer, moi je ne veux pas pleurer!» En effet, elle n'a pas pleuré à cette époque-là. Elle entrera en deuil plus tard. Notre fils avait raison: les deux petites ont une excellente mère. Elle comprend ses filles et accepte leur chagrin. Elle sait ce qu'il faut faire pour leur équilibre. Après un mois de liberté et d'air marin, nous entendons parler de week-ends en camping, de nage et de voile. La nature leur fait du bien à toutes les trois. Nous sommes reconnaissants à notre bru de faire si bien le nécessaire pour que ses enfants puissent vivre cette épreuve. Sylvie ne réalise l'inéluctable que six mois plus tard. Elle ne quitte plus son "Doudou", long chien de peluche que lui a donné son père. Elle fond en larmes quand sa soeur prononce des phrases, toutes naturelles pour Françoise qui a fait le tour de son désespoir. «J'aimerais bien savoir comment Papa faisait le riz…» ou bien: «Le meilleur bircher, c'était celui de Papa!» Sylvie crie à sa soeur: «Il ne faut pas dire Papa, ça me fait pleurer.» Et dans mes bras, elle est secouée de sanglots. Chez nous, Françoise se sert du lien de serviette de son père. C'est un lien que mon propre père a rapporté, à la fin du siècle passé, de l'île de Jersey, où il a séjourné après une coqueluche. Il avait l'âge de Françoise. Sylvie demande elle aussi un objet de son père. Je lui donne le coussin sur lequel il reposait sa tête lorsqu'il regardait la TV, coussin de velours côtelé plus clair que les autres. Coussin que je n'ai pas fait nettoyer. Heureux oubli. Elle porte le coussin à son petit visage, puis dit en souriant: «Il sent les cheveux de Papa!» |
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