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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Ni le jour, ni l'heure

- Habillez-vous! C'est le moment de partir au cimetière.

Tous les dimanches, on sacrifiait au même rite: il fallait aller en famille «pleurer sur la tombe de la petite Jeannette». Notre mère ne s'est jamais consolée d'avoir perdu sa cadette. Nous l'avons vue verser des torrents de larmes sur cette mort jamais vraiment acceptée: trop précoce, trop injuste, trop incompréhensible. Il me semble que nous n'étions pas particulièrement accablés par ces accès quotidiens de désespoir. Si je me reporte à mon enfance, j'ai l'impression que je pensais: Ah! voilà le moment d'effondrement habituel. Après, maman sera de nouveau celle que nous connaissons: une femme solide, résistante à la douleur physique, acharnée au travail, capable d'humour en beaucoup de circonstances.

Le cimetière et les tombes ont donc occupé une place importante dans mon enfance. Mais leur fréquentation n'a pas eu sur moi l'influence négative qu'on pourrait imaginer. Ce qui m'a beaucoup marquée, c'est la citation biblique gravée au-dessus du portail que nous franchissions chaque dimanche: «Veillez et priez, car vous ne savez ni le jour ni l'heure». Dès que j'ai su lire, j'ai pris cette recommandation au sérieux. Je me suis habituée très tôt à vivre chaque jour comme si c'était le dernier. Maintenant, à mesure que les années passent, je suis de plus en plus convaincue de l'importance de mettre à profit intensément les seules heures dont nous disposons vraiment: celles d'aujourd'hui.

Une autre conviction s'est forgée en moi au milieu des larmes de regrets et d'impuissance: la nécessité de ne pas attendre que ce soient les enterrements qui suscitent les réunions familiales. Pourquoi ne pas se dépêcher de se rassembler et de se réjouir pendant que nous sommes encore tous vivants? Quand il s'agit de «rendre les derniers devoirs», on n'hésite pas à se déplacer, à faire des dépenses, à exprimer des sentiments qu'on avait gardés pour soi jusque là. Pourquoi attendre qu'il soit trop tard? «Après, plus tard, quand on aura le temps…» Sommes-nous sûrs de disposer de ces jours et de ces années sur lesquels nous comptons? Comme nous ne savons ni le jour, ni l'heure, nous ferions bien de nous décider à créer du bonheur aujourd'hui. Tout de suite. Pendant qu'il en est temps.









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