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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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Une affaire de SMS
Aurélie a 18 ans et n’est pas très à l’aise dans ses baskets. Elle se sent assaillie de questions. A-t-elle fait le bon choix scolaire ? A quoi ressemblera son avenir ?
N’est-elle pas moins bien et moins aimée que ses frères et sÅ“urs ?
Son mal-être se traduit par une collection d’amitiés particulières. Elle sort avec un écorché vif, un révolté. Son attitude à la maison s’en ressent. Elle est intolérante, s’énerve pour rien, ne supporte pas le moindre commentaire. Tout dialogue devient difficile, voir même impossible. Nos tentatives se soldent par des portes claquées ou le téléphone raccroché au nez.
Lorsque plus rien ne va, j’utilise le SMS. Cela me permet de lui faire parvenir certains messages, sans être coupée, mais ses réponses correspondent à son état d’esprit. En voilà un exemple : « Je ne rentrerai pas ce soir. Je tiendrai mes promesses quand tu tiendras les tiennes ! » Inutile d’expliquer que le niveau des promesses pas tenues n’est pas le même. De son côté elle n’en fait qu’à sa tête, du mien j’ai déplacé une course en ville au lendemain ou je ne lui ai pas préparé le menu qu’elle voulait.
Ma première envie est d’effacer au plus vite ces signes d’agressivité, puis je décide de les garder, dans l’espoir de pouvoir en parler un jour calmement et à cÅ“ur ouvert.
Plus d’une année plus tard Aurélie va mieux. Elle a un petit ami qui lui fait du bien, il est à nouveau possible de se parler
Un jour elle me demande de lui prêter mon téléphone portable, un peu particulier, pour le montrer à son ami. Elle en profite pour lire les SMS stockés dans la mémoire et tombe sur ceux qu’elle m’avait envoyés l’année précédente. Elle se relit, outrée par le ton employé. « C’est moi qui t’ai envoyé cela ? Quelle horreur ! J’en ai honte ! Je peux les effacer ? »
Je n’ai rien à ajouter.
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