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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Un dessert imprévu

Dans cet article, Marguerite Loutan retrace son parcours de vie de femme, de belle-mère et de mère, puis de grand-mère:

Il y avait quarante ans que je me démenais au milieu des enfants. J’avais appris à lire à une centaine d’écoliers. J’avais essayé de sauver du désespoir un certain nombre d’enfants jugés irrécupérables.
Puis, enrôlée par l’Ecole des Parents je m’étais initiée aux préoccupations des jeunes parents: pleurs incompréhensibles, culottes mouillées, cauchemars, entêtement, jalousie, goût de la bagarre.
Parallèlement, j’allais à la découverte des caractères et des habitudes de la famille qui m’avait proposé le rôle inattendu de belle-mère de trois adolescents.
Et je n’étais pas au bout de mon apprentissage. Il a fallu encore que je mette un enfant au monde et que je découvre par moi-même les mille et une surprises que vous réserve un enfant tout neuf à partir de l’âge zéro: émotions de toute nature, étonnements, attendrissements, inquiétudes, émerveillements, perplexités, joies d’une qualité insoupçonnée.
A côté de quoi j’aurais passé si je n’avais pas connu cette expérience-là! Il m’a toujours semblé qu’elle m’avait marquée pour la fi n de mes jours, et j’en demeurerai éternellement reconnaissante. Un sommet. Presque une apothéose.
Oui, mais cette fois c’était bien fini. L’éducation et la psychologie enfantine, j’avais fait ma part. Plutôt trois fois qu’une! Quand notre cadette a fondé une famille à son tour, je me suis dit: voilà un chapitre important de ma vie qui se termine. C’est le moment de se tourner dans une autre direction, de renouveler entièrement les sujets de réfl exion. […]
« Ta-ra-ta-ta! », me répartit à peu près notre fille après la naissance de son premier enfant. « J’aimerais bientôt reprendre du travail à temps partiel et […] nous pensions que, puisque tu es la grand-mère, tu pourrais… » […]
Je me demande parfois ce qui a contribué à faire de cette période un moment si privilégié de ma vie. Je ne suis pas du genre maman-gâteau. Je ne passe pas pour être sentimentale. De plus, l’irruption de ces deux fillettes dans notre existence de retraités n’était pas de tout repos. Il a fallu s’adapter, assumer, se laisser déranger.
Alors quoi? D’abord, nous ne les avions qu’un seul jour par semaine. Pas sept sur sept, et généralement pas la nuit. On avait le temps de reprendre son souffle.
On n’était pas constamment à la tâche. Et puis, surtout, nous ne portions pas toute la responsabilité. Nous faisions de notre mieux du grand matin jusqu’au soir. Mais après, c’étaient les parents qui reprenaient le gouvernail. A leur idée. Selon leurs propres convictions.
Au fond, nous avions le dessert. Et quel goût délicieux il avait, ce dessert, après tant d’années consacrées à de sérieuses réflexions sur la pédagogie et la psychologie des profondeurs!
Savourer le bonheur des échanges vrais, sans couper les cheveux en quatre. En s’efforçant tout bêtement d’être le plus authentique possible. ETRE surtout. Pas tellement chercher à intervenir.
Pour être honnête, je dois avouer que mon étoile commence à pâlir, maintenant que ces deux filles ont onze et treize ans, elles ne me considèrent plus comme faisant partie des constellations de première grandeur. Elles me découvrent des lacunes. Elles remarquent que je ne suis pas parfaite: je ne comprends pas grand-chose aux mathématiques modernes, je ne connais pas les chanteurs qui les enthousiasment, je ne mets pas de rouge à lèvres, je préfère porter des jupes et elles des pantalons, mes boucles d’oreilles ne sont pas à la mode…
Est-ce que ces différences de goût et d’intérêt vont entamer la qualité de nos rapports? Pour ma part, je n’éprouve aucune inquiétude. Les liens qui se sont tissés entre nous restent solides. La surface change, les personnalités s’affirment, les orientations vont diverger. Qu’importe! Quel que chose d’essentiel demeure: la confi ance mutuelle.


Extrait de son livre « Ces ados qui nous interrogent… » qui regroupe une cinquantaine d’articles parus dans les Entretiens sur l’éducation et dans le quotidien La Suisse, édité en 1996, disponible auprès de l’éditeur: Editions Ouverture, téléphone ++41 (0)21 652 16 17 (28.50 CHF + frais d’expédition) www.editionsouverture.ch

Vous pouvez lire d'autres articles écrits par Marguerite Loutan sur notre site www.entretiens.ch et consulter la totalité de nos archives grâce au mot de passe qui, pour le mois de juin, est: famille.









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