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Garder la mémoire des moments d’enfance
Redistribution des chambres oblige, je vide mes armoires. Cachés sous mes pulls, bien au chaud, je découvre mes journaux intimes. Je prends alors le temps de les feuilleter. Un événement particulier a chaque fois provoqué leur apparition.
Ils ont été remplis avec plus ou moins d’assiduité, puis tous se sont brusquement arrêtés.
Le premier que je prends en main a été commencé lors d’une crise de couple. Bof. Pas terrible. Je le déchire. Je n’aurais pas envie que mes enfants lisent ces bouts de vie, car ils ne correspondent plus à la réalité. Beaucoup de chemin a été fait depuis. Il y avait alors confrontation. Depuis, il y a compromis. Il me semble que chacun a pu trouver son espace au sein du couple. Chacun de ces espaces a été conquis petit à petit, en essayant de ne pas trop écraser l’autre. Forcément il reste des marques de ces avancées réciproques sur le terrain. Mais comment les éviter ?
Je tombe ensuite sur le journal débuté à l’occasion de ma première grossesse et continué jusqu’à ce que ma fille ait l’âge de un an ?
deux ans ?
je parcours rapidement les pages… oh, seulement jusqu’à deux ans et demi. Ensuite des pages blanches, rien que des pages blanches et aujourd’hui ma fille a 15 ans. Quel dommage ! Mais quel bonheur de lire ces quelques lignes. Des anecdotes, des mots d’enfants, des impressions, des sentiments profonds et beaucoup d’amour.
Au repas de midi, nous le lisons en famille. Je crois que cela fait du bien à ma fille d’entendre comment elle était et comment je la percevais. Pendant la lecture, je ressens également une petite gêne : son frère écoute, rit avec sa sĹ“ur mais peu de choses le concernent. Quand j’ai arrêté de tenir ce journal, il avait 6 mois. Il figure bien entendu dans le texte, mais presque seulement en relation avec sa soeur, car, comme je l’avais écrit, « c’est le livre de ma fille, je parlerai moins de son petit frère.» Grave erreur. Tenir un journal, c’est déjà héroïque, mais en prévoir deux me semble digne d’une superwoman d’un autre type.
Si je vous propose cet article, c’est dans l’espoir de vous rendre un peu meilleurs que moi. Je sais, c’est plus facile à dire qu’à écrire. Mais, peut-être que si je vous pousse un peu, vous allez vous y mettre, jeunes parents ! Alors quelques conseils de la part de la « vieille » mère que je suis.
Comme je l’ai déjà dit : prévoir un seul journal pour toute la famille me semble le plus réaliste. Autre point, personne ne vous oblige à vous fixer un rythme d’écriture fréquent et régulier. Quelques paragraphes par mois sont déjà une bonne moyenne. Et surtout, pensez à écrire des petits détails sur le quotidien et sur vos sentiments, des mots d’enfants, des particularités sur le caractère de chaque enfant. Ils aimeront entendre que chacun d’entre eux réagissait selon sa propre personnalité, qu’ils « n’étaient pas tous pareils ».
Autre aspect à garder à l’esprit, vos enfants liront vos lignes. Plutôt qu’un journal intime, il s’agit là d’un journal de bord destiné à la famille. Pas besoin de distiller des compliments toutes les deux phrases, mais, tout en étant sincère, gardez un esprit positif et transcrivez avec humour. Je ne pense pas qu’il faille insister lourdement sur les problèmes en y ajoutant anxiété et angoisse. Souvent, les soucis se résolvent et on n’y pense plus ou alors, on n’a pas besoin d’un aide-mémoire pour s’en souvenir. Plus tard, ce sont les petits détails remplis de tendresse, ces moments forts qu’on aimerait transmettre et qu’on oublie. Pourtant les enfants adorent qu’on les évoque.
Certains parents utilisent une autre forme de support, plus souple et souvent plus propice à la longévité : l’agenda. Une amie transcrivait anecdotes et commentaires dans les parties « notes » de ses semaines. Elle a tenu plus longtemps. Tant pis pour moi, personne n’est parfait. Ni les maris, d’ailleurs. Alors pourquoi ne pas les faire participer eux aussi, voire qu’ils s’en chargent entièrement. A l’évocation des souvenirs, leur mémoire est aussi déficiente que la nôtre, surtout quand il y a plusieurs enfants dans le même panier familial. Difficile de se rappeler quand a marché la seconde et parlé le quatrième. Vous me direz que ces dates n’ont pas d’influence sur l’avenir de nos enfants. C’est vrai, mais s’ils sentent dans notre manière d’écrire que nous étions heureux en ces moments-là et que nous les vivions intensément, c’est toujours ça de gagné en période d’adolescence !
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