
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Rites, rituels, traditions… que sont-ils devenus ?
Lors d’un récent séjour en Ecosse, je me trouvais par hasard dans la ville universitaire de St Andrews le jour de la remise des diplômes, appelée « graduation ». Parmi les lauréats on comptait le Prince William et assistait à la cérémonie toute la famille royale ! Inutile de vous dire que la foule s’était massée dans la rue principale dans l’espoir d’apercevoir qui du chapeau de la reine, qui de la calvitie de Charles ou du regard charmeur de William.
Toute la petite ville était en fête. Les étudiantes et étudiants dans leurs longs manteaux noirs et rouges et leurs chapeaux en forme de cheminée se promenaient entourés de leurs familles endimanchées, se faisaient photographier dans les parcs ou se restauraient sur les terrasses des cafés. On ne pouvait pas ignorer ces diplômés et on avait envie de tous les féliciter.
Puisque j’attendais comme tout le monde le passage de la « Queen », j’eus le temps de réfléchir à la signification de ces rites et traditions et de penser à ce qui se fait chez nous. J’assistais dans cette ville à la fois à un rite de passage, celui où un étudiant termine son cursus et est récompensé par un diplôme, reconnu par la société civile, et en même temps à un événe ment lié étroitement à une tradition millénaire, celle de la monarchie anglaise.
Chez nous pas de famille royale, mais des traditions et des rites de passage liés pour la plupart à la religion ou à l’éducation. Le baptême, la communion ou la confirmation, la barmitsvah et le mariage religieux en sont des exemples. A la fois symboles de l’entrée de l’enfant dans une communauté religieuse puis de l’adolescent dans la vie d’adulte, ce sont des rites qui tendent à disparaître dans notre société laïque.
Alors restent ceux liés à l’école comme les promotions des classes primaires avec leur cortège, la remise des diplômes de maturité ou de fi n d’apprentissage.
C’est surtout pour les petits que la ville est en fête, sinon les célébrations sont plutôt discrètes et les jeunes concernés ne se distinguent pas vraiment des autres dans la rue. Je me souviens que l’année où nous passions notre maturité, il y a 40 ans, nous attachions un mince ruban rouge et jaune à notre sac pour montrer que nous étions « en matu ». Trop élitiste ? Antidémocratique ? Ce signe distinctif disparut. Allez savoir pourquoi, maintenant tout le monde doit se ressembler et se fondre dans la masse !
Je regrette que la fin de la scolarité obligatoire (à 15 ans ou 16 ans) par exemple ne fasse pas l’objet d’une cérémonie digne de ce nom. Les adolescents ont tant besoin d’être reconnus par les adultes qu’une fête un peu solennelle où les autorités scolaires distribueraient le certificat au lieu de l’envoyer par la poste donnerait de la valeur à ce passage de l’école obligatoire à celle que l’on choisit par la suite. Mais, bien sûr on a du mal à imaginer des ados endimanchés assis et attendant leur tour pour recevoir un papier de leur prof maudit, même si des tentatives de cérémonies semblent faire leur apparition dans certains quartiers !
A Genève il existe aussi une cérémonie appelée promotions civiques réunissant les jeunes qui vont atteindre 18 ans et donc le droit de vote et d’éligibilité. Elle ne concerne que les Suisses et certains étrangers et passe inaperçue auprès de la population. Dommage !
Alors si l’on veut accompagner l’enfant sur son chemin vers la vie d’adulte et de citoyen et que l’on pense comme moi que c’est important de marquer certaines étapes, il reste à chaque famille la possibilité d’imaginer ses rites et ses rituels et de créer une tradition.
Par exemple, la première rentrée scolaire ou la première course d’école peuvent faire l’objet d’une petite fête avec photos et film, les anniversaires "ronds", etc. Dans notre famille, l’entrée au cycle d’orientation (12 ans) était l’occasion d’entreprendre un petit voyage dans une ville étrangère avec l’enfant concerné et la fin de la scolarité obligatoire également. La première fois que nos enfants ont voté a représenté une étape importante et nous nous sommes tous déplacés au local de vote pour mettre le bulletin dans l’urne, ce qui était plus solennel que de l’envoyer par courrier. Autant de familles autant de manières de faire.
L’important, me semble-t-il, est que l’enfant se sente accompagné sur la voie de son intégration sociale et de son épanouissement personnel.
|
|
|