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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR« C’est la faute au cortex » Scène de petit-déjeuner en semaine Il ne nous reste qu’une dizaine de minutes avant le départ pour l’école. J’en avertis mon fils de 8 ans et l’exhorte vivement à accélérer l’ingestion de sa tartine, pour ne pas être en retard en classe. Il dit « OK », car c’est un enfant très ponctuel, qui pour rien au monde ne voudrait s’attirer une remarque négative de la part de la maîtresse. Sur quoi, il continue de papoter tranquillement avec sa sÅ“ur et d’ignorer le contenu de son assiette… Mon état de stress monte, je m’énerve et hausse le ton : « Tu fais exprès ou quoi ? » Des yeux étonnés me regardent, et j’ai l’impression que nous ne venons pas de la même planète… Scène avec ado Discussion animée à table sur un sujet d’actualité avec notre aîné de 15 ans, qui, pour l’instant, est un ado plutôt adorable. L’augmentation de la grossièreté des élèves vis-à-vis du corps enseignant ne le concerne donc nullement, si ce n’est en tant que fait de société. Je m’indigne à propos de ce que je viens de lire dans le journal et lui expose mon avis général en la matière, quand tout à coup il m’interrompt: « Pourquoi tu m’engueules? J’ai rien fait, MOI ! ». Je suis perplexe… Souvenir d’il y a quelques années avec un petit d’environ 2-3 ans Nous sommes au repas et, chose anodine, je coupe un citron. Fiston s’empare des deux moitiés et éclate en pleurs. Que se passe-t-il ? Lui ai-je giclé du jus dans l’œil ? Ce n’est pas cela, mais il pleure de plus belle. Au bout de quelques instants, je commence à saisir la raison de son désespoir – bébé aimerait que le citron soit de nouveau entier! J’explique patiemment et de nombreuses fois que c’est impossible, mais que ce n’est pas grave, heureusement, on a un autre citron, intact celui-là. Mais non, rien n’y fait, les larmes sont intarissables face au « drame » et les petites mains malhabiles tentent inlassablement de reconstituer le malheureux citron. Je ne comprends rien à ce qui se passe dans la tête de l’enfant, mais je suis bouleversée par l’intensité et la sincérité de son émotion. Tous les deux, on met du temps à se calmer et je me demande qui est fou dans cette histoire. Pourtant, je pressens confusément que quelque chose d’important se joue au niveau du psychisme du petit, qui se heurte à l’irréversible… Vous vous demandez certainement quel est le lien entre ces « instantanés » de vie en famille. Eh bien, c’était leur caractère récurrent et complètement déroutant pour moi. Ayant tout mis en Å“uvre pour me faire comprendre, je me sentais désemparée dans ce genre de situations, se déroulant toujours selon le même scénario et aboutissant inéluctablement à une maman sur les nerfs et des enfants vexés. Incompréhension mutuelle, ça s’appelle… Vous avez peut-être remarqué que j’en parle au passé… C’est parce que, récemment, un article grand public, au sujet des dernières découvertes en matière de fonctionnement neurologique, m’a aidée à y voir plus clair. Il m’est difficile de vous en livrer un résumé ici, mais j’en ai retiré quelques éléments précieux. La maturation du cerveau, et plus particulièrement celle du cortex préfrontal, est loin d’être achevée à l’âge de raison ou lorsque l’enfant devient majeur. L’évolution de certaines connexions se poursuit même tout au long de la vie. Le problème de l’adulte dont la matière grise a déjà franchi les étapes que connaissent les plus jeunes, est qu’il a irrémédiablement perdu l’accès à leur façon de penser. Avec la meilleure volonté du monde, il lui est donc impossible de voir les choses à leur manière. Et vice versa… Ce qui apparemment explique beaucoup de cas concrets : pourquoi l’enfant qui a le même objectif que l’adulte, ne pense pas forcément à s’organiser en fonction de cet objectif; pourquoi l’ado interprète incorrectement l’intonation ou les mimiques de son interlocuteur, et se sent personnellement agressé, quand il est entièrement hors de cause; pour quoi un petit peine à admettre que certaines choses sont irréparables ou que les contraires ne sauraient coexister. Les exemples sont innombrables… Cette lecture m’a aidée à comprendre certaines énigmes comportementales quotidiennes et m’invite à plus d’indulgence. J’ai parlé aux enfants des découvertes scientifiques, de nos cerveaux respectifs et des difficultés objectives à se comprendre. « C’est la faute au cortex ! » est en train de devenir notre code, et, quand la communication se grippe, ce petit clin d’œil familial a au moins bien souvent le mérite de détendre l’atmosphère… Référence : Dossier sur le Cerveau, magazine « ça m’intéresse » (octobre 2004) |
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