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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURChambre commune A la naissance de notre second enfant nous avions, après le passage obligé de bébé par le douillet cocon dans la chambre parentale, testé le partage d’une même pièce par les deux membres de la nouvelle fratrie. Tentée trop tôt, l’expérience fût un échec. Quatre ans de vie non commune séparaient nos deux fils. La différence des horaires de sommeil et les tétées nocturnes eurent rapidement raison de notre bonne volonté. Les pleurs nocturnes du petit réveillaient le grand, qui à son tour réveillait son frère lors du départ pour l’école. De plus, l’aîné avait temporairement besoin de conserver un espace personnel pour mieux accepter l’arrivée impromptue d’un concurrent au sein de la famille. Nous avons donc aménagé pour chacun une chambre correspondant à l’âge du moment: peluches/doudous d’un côté et livres en pagaille de l’autre. Durant deux années, les frères ennemis ont balisé et défendu avec une énergie sans faille leurs territoires respectifs, développant dans le même temps un extraordinaire sentiment de propriété privée. Ma chambre, mes jouets, mes livres, mon lit… mon papa et ma maman ! Au printemps dernier, à la faveur d’un congé prolongé, nous décidons en famille de modifier cet état de fait. La chambre dite « matrimoniale », c’est-à-dire celle attribuée, par défaut, aux parents et dont la surface est la plus étendue, devient celle des enfants. Nous, les adultes, récupérons dans le même temps les deux pièces autrefois occupées par les garçons et gagnons l’aménagement d’un espace commun supplémentaire, doux mélange de chambre d’amis-bureau-atelier. Un soin particulier a été apporté lors de l’agencement de la chambre enfantine. Afin de préserver une bulle individuelle sécurisante pour chaque enfant, nous avons opté pour l’acquisition de deux lits légèrement surélevés permettant de faire des cabanes sous les sommiers. En revanche, les jouets et les livres sont rangés en commun et se partagent au gré des divertissements. Insensiblement, la relation entre les deux frères se transforme. Au fi l des mois, le cadet s’exprime de plus en plus clairement, facilitant ainsi la compréhension du grand frère. Les liens se tissent, la complicité fraternel le se développe progressivement. Juste avant le coucher, autour d’une histoire à plusieurs voix, à la faveur d’une lecture commune ou encore lors d’infatigables parties de foot en chambre… Et aussi, tout simplement, chacun de son côté occupé à des tâches personnelles, l’un jouant aux legos, l’autre plongé dans la lecture de son grimoire… Leur relation partagée est indépendante de l’autorité parentale. Nous restons habilement en dehors de cette sphère privée, qui n’appartient qu’à eux et se construit, positivement, sans nous. Bien sûr, la majorité des moments partagés reste houleuse et difficile. Cris, pleurs et rages sont monnaie courante. Les sujets de bagarres sont toujours les mêmes et l’isolement de chacun reste souvent l’unique solution afin d’éviter l’éventualité d’un déplacement en urgence à l’hôpital le plus proche… ! Nous restons pourtant convaincus que le partage de l’espace de vie durant les jeunes années est primordial pour devenir et rester: frères ! |
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