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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Prévoir l'imprévu

Chaque fois que j'inaugure un nouvel agenda, au début de l'année, j'ai le sentiment de m'installer dans une vie de femme oisive. (Après les vacances d'été, c'est pareil.) Toutes ces pages blanches, quelle merveille! Pour ainsi dire aucune obligation.
Il y a bien ces séances mensuelles, ces articles à rédiger tous les 15 jours, la tante handicapée à voir chaque semaine, les petits-enfants à garder régulièrement. Si peu, en somme. Surtout pas de quoi remplir toutes les cases d'un agenda.
Deux semaines ne se sont pas écoulées que c'est déjà l'affolement. Pas une minute à moi. Je cours, je vole, je réponds au téléphone, j'écris vite entre deux rendez-vous, je jette quelques légumes dans une casserole, je signale au technicien où se trouve le brûleur à mazout qui émet des hoquets.
C'est tout le temps vendredi. Il me semble que c'est hier que j'ai livré mon dernier article mensuel. Les jours et les semaines défilent à une vitesse inimaginable. Comment est-ce que j'ai pu croire que cette année serait moins remplie que les précédentes?
J'ai pu y croire parce que je suis trop optimiste. Et parce que j'oublie régulièrement que les journées n'ont que 24 heures et les semaines jamais plus de 7 jours. Et surtout parce que j'ai ignoré longtemps une réalité qui aurait dû me crever les yeux beaucoup plus tôt: c'est que les imprévus ne sont pas des accidents exceptionnels.
L'imprévu fait partie de la vie normale.
Depuis que j'ai admis cette vérité, je cours moins après l'impossible. J'ai cessé de vivre sous tension. Je ne suis plus essoufflée. Je n'ai plus l'impression pénible d'être poussée par les circonstances.
Au début de chaque période de travail, je prends la précaution de me garder des cases vides: des jours ou des demi-journées SANS. Sans obligation, sans devoir, sans rien de programmé.
Si vous saviez ce que c'est reposant de vivre en sachant que ces cases libres existent! Quoi qu'il arrive, je ne serai pas dépassée par les événements. Le tuyau d'écoulement de la cuisine peut se boucher, le grand-père contracter une broncho-pneumonie, la chaudière du chauffage se mettre en panne, une épidémie de découragement faire sonner le téléphone toute la matinée: je n'ai plus la tête qui bourdonne ni la nuque qui se crispe. Je sais qu'une case libre m'est réservée un de ces prochains jours. Je récupérerai ou je me rattraperai. Je pourrai souffler.
Et si, par hasard, aucun imprévu ne me tombe sur la tête, je vous assure que je ne me lamente pas. C'est si bon, un espace de liberté de temps en temps!









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