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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURManger, ne pas manger. Pourquoi? Dis-moi ce que tu manges La nourriture est plus que la nourriture, et pas seulement le fait de prendre des aliments pour se nourrir. Désir, puis plaisir, elle est un besoin élémentaire qui doit être satisfait, sous peine de troubles et de déséquilibre. Il faut apprendre à manger de tout, c'est évident, mais ce n'est pas une règle morale. Pourquoi se forcer à avaler des endives cuites que personne n'aime? «Ras le bol le chou-fleur», dit la base. D'accord, alors seulement une fois par semaine, au gratin avec beaucoup de fromage. Ayant eu très vite une grande famille à nourrir, peu de moyens et les magasins d'alimentation à plus de 3 km, cela m'a obligée, pour ne pas courir dès le matin, à prévoir mes menus à l'avance, à tenir compte des jours où passent le camion du boucher et celui du poissonnier. Ainsi tout le monde est fixé sur ce qu'il trouvera sur la table en rentrant à midi. Le soir, on improvise, soupe aux légumes, suivie de fromage, de pâtes, de pilpil, salades et dessert, dessert, dessert. Grande fut ma surprise quand une amie me dit: «Je ne fais jamais de crème ni de pudding aux enfants, JE n'aime pas ça». - La belle affaire, lui ai-je répondu, qu'est-ce qu'«ils» aiment, eux, le sais-tu? Et si la potée empeste l'appartement, si les crêpes enfument la cuisine, quelle importance, si c'est l'un des moyens de répondre positivement à ce désir-plaisir des siens. «Il n'y a pas de chagrin d'amour qu'un bon repas ne console… du moins momentanément». Qui a dit cela? Je ne sais plus. Mais la nourriture est aussi consolation, compensation. On connaît les bienfaits d'une tarte aux pommes encore tiède, d'une soupe fumante, quand il pleut et vente au dehors. Quant à moi, il y a une intention cachée dans tout ce que je cuisine, non pour consolider mon pouvoir de mère-nourricière, mais parce que c'est l'un des moyens-clefs que j'ai trouvé pour manifester concrètement mon amour. En soulevant le couvercle des marmites familiales, on saurait comment est vécu cette réalité capitale de la nourriture. Nos mères et nos grand-mères le savaient. Elles passaient beaucoup de temps dans leur cuisine. Aujourd'hui, le prêt-à-manger, les plats cuisinés, les soupes en sachet ont simplifié le travail des femmes, qui sont de moins en moins ménagères et cuisinières, et s'élèvent même contre cette appellation archaïque. Est-ce un bien, est-ce un mal? Nous le saurons plus tard. Trop tard? |
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