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Bouts de bois et presse-boutons
L'enfant est supérieur à l'adulte de par ses facultés d'imagination, de jeu, de créativité. Il est capable de s'occuper des heures avec trois fois rien: quelques bouts de bois, un vieux fil de fer, un morceau de tissu, que sais-je encore.
Les enfants des grandes cités descendent volontiers pour se retrouver et inventer ensemble de fabuleuses histoires de cow-boys ou d'aventures qu'ils vivront sur les parkings ou dans les caves. En bas des tours et des HLM, ils se reconstruisent des villages avec des vieux cartons récupérés au centre commercial voisin. Ils échappent à l'enfermement, à l'insupportable, à l'ennui quotidien en s'imaginant une vie différente, en vivant leurs phantasmes.
Cela ne durera qu'un temps, le temps de l'enfance. Leur regard aigu, leur imagination fertile auront tendance à s'embrumer, à s'affaiblir au fur et à mesure qu'ils grandiront. Devenus adultes ils auront d'avantage tendance à rester chez eux. Souvent le seul moyen de «s'échapper» qui leur restera sera la télévision devant laquelle ils vont systématiquement s'asseoir en rentrant du travail.
Malheureusement, cela n'est pas satisfaisant, car la relation avec la TV est de type passif: on s'asseoit, et on reçoit des émissions d'une qualité souvent médiocre, parfois débilisante.
On n'est plus acteur, on ne crée plus le jeu, on reçoit passivement. La relation avec l'autre n'existe plus.
Cela est un fait nouveau de société: la sur-concentration de population, la foule, ont paradoxalement amené à l'isolement, à l'enfermement, au repli sur soi-même.
L'enfant lui-même est menacé dans ses capacités naturelles de relation vers l'autre, de jeu imaginatif, de créativité. L'apparition de la TV, d'activités conçues pour lui et non plus par lui, de jeux de plus en plus sophistiqués (Rubik's cube, jeux électroniques et maintenant jeux vidéo), représentent de graves menaces pour lui.
Il ne joue plus dehors avec ses copains, mais chez lui devant sa télé. Il n'est plus acteur et inventeur du jeu mais doit s'y intégrer du mieux possible en apprenant comment appuyer sur des boutons suivant un code donné (robotisation).
Il y a danger, soyons vigilants. L'activité sophistiquée peut apporter une certaine pauvreté. Nous sommes directement concernés.
Permettons-lui des activités libres et créatrices. Sortons-le dans la nature, dans la forêt, dans la montagne où il pourra jouer ses inventions. Facilitons ses relations avec d'autres enfants, d'autres personnes, en l'autorisant à sortir jouer, en acceptant que ses copains viennent à la maison, en l'inscrivant dans des activités de jeunesse.
Si nous sommes responsables de groupes d'enfants, prévoyons des moments d'activité libre qui leur permettront de créer eux-mêmes leurs activités. Et s'ils nous rapportent à la colonie ou à la maison un vieux bout de bois ou une poussette rouillée, essayons d'être indulgents et de comprendre que ce qui n'est pour nous qu'une vieille saleté, peut représenter pour eux tout autre chose de bien plus important.
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