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L'argent dans les mains enfantines

Qu'il s'agisse d'un sou ou d'un écu, l'argent est toujours une force. Aussi, le pauvre comme le riche doivent-ils apprendre à user de cette force. Et comme les premières notions de tout ce que l'on apprend doivent être acquises dès la jeunesse, il faut que les enfants apprennent à connaître la valeur de l'argent. On peut apprécier toutes choses de façons si diverses!

Distribuez avec prudence l'argent de poche. Celui qui n'a pas encore gagné, dit-on, ne sait pas encore bien dépenser; cela est exact. On doit apprendre à dépenser, comme on apprend à gagner. Surveillons l'enfant, guidons-le dans ses dépenses, ce qui n'est pas facile, car il ne doit devenir ni prodigue ni avare.

Je ne puis assez conseiller aux parents de ne pas laisser traîner l'argent à la portée de leurs enfants. Une femme vient se plaindre à moi: «Mon garçon me prend à tout moment de l'argent, tantôt un franc, tantôt un sou, j'ai beau le battre cela ne sert à rien». Le coupable c'est la mère. Quand il était petit, elle donnait au garçon des sous pour satisfaire sa gourmandise; maintenant que son défaut s'est développé au point de le dominer, il lui faut toujours plus d'argent et il déploie toute son adresse pour se le procurer.

Non que je refuse à l'enfant toute friandise. Certes non ! Mais ce sont les parents qui doivent les acheter, et cela fait une grande différence. Les bonbons donnés par la mère lui rappellent l'affection de celle-ci, sans lui donner l'idée de l'argent et de sa valeur. De plus, il est plus facile d'habituer ainsi l'enfant à la modération. On peut, en effet, plus facilement lui mettre de côté une partie des bonbons. Il se réjouit d'avance, en pensant qu'il aura le reste le lendemain et il apprend l'économie. On peut bien donner aux petits enfants, des friandises, des gâteaux, des fruits, les conduire aux chevaux de bois, à la balançoire; mais il ne faut jamais leur donner de quoi se procurer eux-mêmes ces jouissances.

Les parents qui ont de l'ordre et du discernement donneront de bons principes. Les enfants verront qu'on inscrit toutes les dépenses, toutes les recettes, que l'on calcule d'avance ce qu'on devra pour le loyer, l'habillement, la nourriture, sans oublier la charité et l'épargne, et que toutes les dépenses nécessaires calculées on ne consacrera que l'excédent aux plaisirs et aux divertissements. Bien des parents désirent que leurs enfants grandissent à l'abri de tout souci et ne connaissent pas le sérieux de la vie. Mais l'ordre dans la maison et les comptes, enseigne aux enfants, sans commentaire, la valeur de l'argent. A l'exemple s'ajoute bientôt l'habitude. L'enfant peut aller faire des emplettes, bien entendu des emplettes, pour la maison et non pour lui. La mère doit compter devant lui l'argent et calculer d'avance ce qu'il doit rapporter. Une marchande me disait une fois qu'elle connaissait des enfants pauvres qui s'achetaient toujours des bonbons avec les centimes qu'elle leur rendait. C'était la faute des mamans. Quand on confie de l'argent à un enfant, il est bon de lui en faire le compte et de le lui envelopper, mais il ne faut pas lui dire «surtout ne t'achète pas de bonbons», car vous lui en donneriez l'idée. Des enfants d'honnêtes gens ont été induits en tentation par les avertissements malheureux de leurs parents. Si un enfant cherchait à s'excuser en disant qu'il a perdu l'argent qu'il devait rapporter et qu'on ne puisse lui prouver, en lui montrant sa bouche barbouillée, qu'il l'a dépensé en friandises, n'exprimons pas de doutes sur sa véracité, ce serait l'exposer à la tentation. Mais à la prochaine occasion disons-lui: «Tu es trop négligent, je ne puis te confier de l'argent». Le sentiment moral de l'enfant ne peut se former que lentement. Il ne faut pas croire à son honnêteté innée; tous savent par expérience que le fruit défendu est bon. A nous de veiller et de réduire autant que possible le nombre des tentations.
Il ne suffit pas que l'enfant apprenne à employer l'argent qu'on lui a confié dans un but déterminé. Il doit aussi apprendre à venir en aide ou à faire plaisir aux autres avec son propre argent. Voici un bambin qui a reçu une petite somme et qui consulte sa maman pour savoir ce qu'il pourrait en faire. Celle-ci peut lui rappeler tout doucement un désir du petit frère? «Jeannot aimerait tant avoir un petit seau. Ne voudrais-tu pas le lui acheter? Pense un peu comme il serait content!»

Notre rôle est de suggérer, jusqu'à ce que l'enfant sache penser de lui-même non seulement à ses propres besoins, mais à ceux des autres. On trouve toujours des occasions de faire plaisir. Lorsque plus tard l'enfant reçoit de l'argent de poche ou en gagne un peu, il faut exiger qu'il inscrive ses dépenses. Une de mes amies, étant enfant, avait un petit livre de comptes. On y voyait guère figurer que des sous; on y trouvait inscrit: cahiers, plumes, rubans, et pour un sou de «plaisir». Elle avoua, en rougissant, qu'elle s'était achetée du réglisse; mais elle ajouta qu'elle avait bien honte de n'avoir pas mieux employé son argent. Honte excellente; une enfant pareille ne gaspillera pas plus tard son bien.

L'enfant doit apprendre à disposer à son idée de son propre argent, mais pour l'apprendre, il a besoin d'un guide. Il ne doit pas verser dans l'avarice et il est bon, à ce propos, de dire quelques mots de l'épargne. Economiser ne signifie pas thésauriser. L'enfant qui a reçu de l'argent ne doit pas le dépenser aussitôt; s'il veut s'en acheter quelque chose, on lui dira d'attendre encore un peu, car peut-être l'idée lui viendra-t-elle d'un objet plus utile ou plus agréable. Tout enfant devrait avoir un tirelire. Mais il ne faut pas qu'il économise pour sa vieillesse, et cela pour la simple raison qu'il ne connaît que le présent. Il doit naturellement apprendre peu à peu à penser à l'avenir, mais peu à peu seulement. L'enfant, surtout lorsqu'il est encore petit, a besoin pour économiser d'avoir devant les yeux un but auquel il consacrera son argent. «Garde cet argent, dans quinze jours c'est la fête de papa». Ou bien: «Bientôt nous irons en voyage, pour aller voir grand'mère; tu t'achèteras alors un beau ruban.» Peu à peu éloignons le but. A un garçon de douze ans on peut déjà dire: «Dans deux ans tu iras en apprentissage; il te faudra beaucoup de choses neuves, tu peux mettre de côté pour cela».

Mais ne laissons pas amasser, compter et recompter l'argent, sans but précis de dépenses. C'est l'affaire de l'avare, qui n'a de plaisir qu'à entendre sonner son argent. Nos joies ne doivent pas être une simple illusion, elles doivent naître de nos actes. L'argent n'a de valeur qu'autant qu'il nous délivre de nos soucis et embellit notre vie.









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