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Les seins nus et la morale

Une grand-mère s'est adressée récemment à l'Office protestant de consultations conjugales de Genève. Elle s'inquiète du relâchement des moeurs et réprouve particulièrement l'habitude de paraître seins nus à la piscine ou à la plage.
Nous vous donnons ci-dessous quelques éléments de la réponse donnée par l'une des collaboratrices de l'Office, elle-même mère et grand-mère.


Me voici, à mon tour, un peu inquiète, car, chargée par mes collègues de répondre, je vais probablement la décevoir: il n'est pas question pour nous en effet, de porter un quelconque jugement sur cette pratique des «seins nus» qui n'a rien à voir avec la morale.
Je voudrais m'expliquer là-dessus et commencer par deux remarques:
1. C'est le droit le plus strict de notre correspondante d'être choquée par cette pratique: beaucoup d'autres personnes le sont aussi et c'est par respect pour elles que les «seins nus» ne sont autorisés qu'en certains endroits faits pour la détente et les loisirs.
2. C'est aussi le droit des autres de pouvoir profiter de cette liberté dans les endroits autorisés.
Nous pouvons aussi nous demander: pourquoi aurions-nous honte du corps qui nous a été donné? En quoi serait-il coupable de le montrer? Il ne faut pas confondre la «morale» avec la culture, les habitudes. Les Européens, les Asiatiques, ont la coutume de se vêtir, des Africains et des Indiens des Amériques, par exemple, vivent presque nus: moeurs différentes dues au climat souvent, aux traditions, rien de plus.
Mais la morale c'est autre chose, et notre correspondante a raison de déplorer son affaiblissement. La morale, c'est l'ensemble des règles à observer pour vivre en harmonie les uns avec les autres. Notre manière de nous vêtir ne regarde que nous… Notre manière de nous comporter à l'égard des autres en revanche, relève de la morale; Jésus-Christ résumait celle-ci en deux commandements essentiels: aimer Dieu, aimer son prochain.
Montrer ses seins n'est pas une affaire de morale, mais d'appréciation personnelle. N'y aurait-il pas quelque ridicule, d'ailleurs, à vouloir réglementer ce type de comportement? Ou alors, pourquoi ne pas interdire aussi, par exemple, de manger trop de pâtisserie ou de se lever tard?
Est affaire de morale, en revanche, un choix de vie égoïste au détriment du prochain: mépriser son conjoint, exploiter les travailleurs, scandaliser un enfant, accepter les injustices quand elles concernent les autres.
Je me représente assez bien un groupe de paroissiens fidèles, des conseillers, des responsables de mouvements, pressant Jésus de prendre position sans équivoque au sujet de la question qui nous occupe. Il pourrait, je pense, répondre quelque chose de ce genre:
«Si vous condamnez celle qui montre la poitrine que le Père lui a faite, à combien plus forte raison ne devez-vous pas condamner celui qui fabrique des bombes, celui qui s'enrichit en les vendant, celui qui ordonne qu'on les lance pour anéantir des frères»…









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