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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURUne adolescente nous écrit: Je l'aimais parce qu'il croyait en moi Assise auprès de lui, je le regarde. Lui, couché dans son grand lit, il me parle. Mais avec les yeux car il est fatigué. Fatigué de vivre et pourtant cette lueur dans ses yeux, cette lueur de bonheur malicieux et secret qu'il me confie. Il va bientôt partir, je le sens, je l'entends. J'ai mal. Il a connu un autre siècle et une grande partie du mien. Son visage marqué par le passé, non par les rides, ressemble à celui d'un nouveau-né. Peut-être va-t-il renaître? La chambre est calme, éclairée d'une faible chandelle. Des ombres volent et dansent sur les murs rougâtres. Le silence étouffe mes pleurs. Je pleure et il sourit; il ne sait pas que je pleure, il ne sait pas où il va. Son coeur si près de moi, s'éloigne et transgresse notre loi, la vie. Il s'enfuit à perte de vie. Mais pour moi il reste là, à mes côtés, toujours, toujours. D'ailleurs je lui parle et il m'écoute et m'aide. Soudain ses yeux se ferment, son teint rosé s'est endormi. Il devient gris, comme sa barbe et son vieux pyjama rapé. Il ne reste qu'un sourire qui éclaire ce visage, endormi d'une vie, fatigué d'un souci mais heureux d'un repos. Dame mort est venue le chercher. Des douleurs bouillantes puisées au plus profond de mon être gravissent les parois de mon âme en la déchirant. Un gros caillou de glace se forme dans un lieu perdu, hanté de cris et de rêve. Il éclate et expédie des larmes coupantes, transformant mon visage en tranchées sinueuses et sanglantes. Je l'aime, il est encore là. L'aube s'enrichit d'une douce rosée. Le matin s'éveille et étire ses membres endoloris. Je crois que c'est la rosée qui l'a emporté car cette nuit, il n'était pas encore parti. Je l'aimais parce qu'il croyait en moi. Il va là-bas où tu sais. Mais moi je ne sais pas. Peut-être là-haut ou là-en-bas, mais par là j'en suis sûre, par cette voie tracée, ce sentier solitaire. La mort, une aventure toujours présente qui nous défie comme la vie et nous donne un but. Elle s'est faufilée derrière moi et ne m'a pas adressé la parole. Je l'ai questionnée, elle a préféré répondre à quelqu'un d'autre. Je me suis fâchée, elle m'a atteinte en plein coeur. Un jour elle s'en souviendra et peut-être me réjouira, que sais-je. Pour l'instant, je pleure. Ce soleil insolant me fait frissonner. Lui aussi est glacé, même avec ses rayons argentés qui dardent autour du lit. La fenêtre est ouverte. Mon grand-père est parti. Sa vie l'a suivi, ils s'en sont allés. La mort est restée. |
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