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Les lecteurs ont la parole. Pour ou contre la ludothèque?
«Ah non, je ne vais pas à la ludothèque, car je trouve qu'elle pousse à la consommation.» Remarque que j'ai maintenant entendue trop de fois pour ne pas avoir envie de réagir!
Il est vrai que l'enfant qui fréquente une ludothèque est confronté, d'un seul coup, à une multitude de jeux et jouets qu'il peut emprunter et essayer. Croyez-vous pour autant qu'il désirera posséder tous ces objets? Expérience faite avec mes propres enfants - ainsi que d'autres -, je peux affirmer le contraire. Peut-être d'ailleurs pour la simple raison que ces jeux sont là pour être utilisés et empruntés autant de fois qu'on le désire. Mais craignez-vous une consommation du jouet, l'enfant demandant à le changer trop rapidement avant d'avoir épuisé toutes ses possibilités? Dans ce cas, le nombre d'objets prêtés à chaque personne (généralement un seul!) ainsi que leur temps d'emprunt (15 jours à un mois) sont là pour régulariser ces échanges.
Que veut dire en fait le mot «ludothèque»? Il vient du latin «ludus» et du grec «thêkê» qui signifient respectivement «jeu» et «lieu de dépôt». La ludothèque est donc semblable à une bibliothèque où le livre aurait été remplacé par un jeu. L'anglais parle même très clairement de «toy libraries». Or, avez-vous jamais entendu dire que les bibliothèques poussaient à la consommation? On pourrait objecter que l'enfant s'attache plus à un jouet qu'à un livre. Cela se discute, j'en conviens, mais je pense que c'est le rôle de l'adulte de rendre le jeune attentif au fait que l'objet ne lui est que prêté pour un temps déterminé et qu'il devra le rendre; excellent apprentissage de l'eprunt!
Je crois plutôt que toute chose nouvelle met très longtemps avant d'être acceptée et reconnue comme naturelle, et peut-être que la ludothèque fait encore partie de ces inventions trop récentes pour être bien assimilées.
Indépendamment de l'enrichissement ludique, je vois trois aspects positifs au principe de la ludothèque:
1) Le droit à l'erreur et au temporaire. - Non seulement, l'enfant peut emprunter un jeu dont il a très envie, mais le prix d'emprunt étant modique, il peut en choisir un au hasard pour apprendre à la connaître, qu'il l'intéresse ou non. Rapporter et changer de jouet au bout d'un certain temps signifie aussi se donner le droit de se «lasser» d'une activité ludique (réaction propre aux petits enfants, par exemple). N'est-il pas préférable de faire profiter un autre enfant, plutôt que de mettre de côté, purement et simplement, un objet acheté souvent à grands frais?
2) Le choix d'une nouvelle acquisition. - Pour le jeune comme pour les parents, il est à mon avis fort appréciable d'emprunter des jeux (jouets) et de voir à l'usage s'ils correspondent vraiment aux désirs et besoins de l'enfant, avant de se lancer dans des dépenses parfois fort coûteuses ou simplement inutiles. Le choix d'un cadeau de Noël ou d'anniversaire, par exemple, est rendu ainsi plus facile et j'irais même plus loin: le désir impératif de posséder telle ou telle chose s'atténue dans la mesure où la ludothèque pourra suppléer au manque.
3) Apprendre à emprunter. - Point de vue plus terre à terre mais néanmoins réel et éducatif. Rendre la chose empruntée complète et en bon état exige une certaine discipline, le sens des responsabilités, voire le respect d'autrui.
Je me demande si le dérangement qu'il y a à visiter une ludothèque à jours et heures fixes (ces lieux n'étant pas - ou pas encore? - ouverts tous les jours), à choisir un jeu, à tenir compte de la date limite d'emprunt et, surtout, à rendre l'objet emprunté complet et en bon état - ce qui suppose, aussi de la part des parents, une certaine attention - ne sont pas autant d'obstacles à la fréquentation de la ludothèque. Ceci, à une époque où la plupart des jeunes ont déjà beaucoup de jouets.
A ce propos, je voudrais ajouter en conclusion que, bien que la ludothèque me semble un principe très positif, je ne pense pas qu'elle soit indispensable à tous et je comprends fort bien que certains n'en sentent pas la nécessité étant donné l'abondance de jeux que peut avoir l'enfant de notre génération. Cela dit, je ne vois pas pourquoi on condamnerait une institution qui ne correspond peut-être pas à ses propres besoins, mais qui, par ailleurs, donne du plaisir et rend service à de nombreux jeunes (et même adultes), si l'on en croit le nombre d'adhérents aux ludothèques.
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