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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURQue faire? (séparation à la naissance du 2e enfant) Ma fille, mariée en Allemagne, attend un deuxième bébé pour fin février, début mars 1985. Son premier enfant aura 3 ans le 8 avril. Je pense aller l'aider environ quatre semaines (si possible une semaine avant la naissance et trois après). A partir de quand jugez-vous raisonnable d'éloigner son petit garçon, - très bien ajusté et très confiant, mais comme de juste très attaché à ses parents - pour un séjour chez les grands-parents? Ne serait-il pas imprudent de le ramener avec nous quand le deuxième aura trois semaines? Ne vaudrait-il pas mieux attendre 3 ou 4 mois? Je précise qu'il parle allemand et que je dois lui parler français à la demande de ma fille. Après avoir accouché de mon deuxième enfant, j'ai eu la grande joie de retrouver ma fille aînée (4 ans) et de recommencer à «pouponner»… avec elle! En effet, ma deuxième grossesse fut assez pénible. Je n'ai pas dû rester alitée ou suivre des précautions particulières, mais j'avais de fortes douleurs dans le ventre qui rendaient mes gestes difficiles: les promenades furent diminuées puis supprimées, les jeux restreints, enfin mes effusions avec ma fille limitées. La prendre dans mes bras m'inquiétait, je craignais un coup dans le ventre; le corps endolori, j'évitais les embrassades un peu folles qui font si souvent le bonheur des mères et des enfants. Aussi, est-ce avec joie que je suis rentrée à la maison, mon bébé dans les bras et mon corps allégé. J'ai retrouvé mon pas alerte, ma liberté d'action et ma fille… comme l'enfant retrouvait enfin sa mère! Nous pouvions à nouveau sauter dans les bras l'une de l'autre, nous cajoler, nous promener, vivre notre exubérance. Les longues heures de sommeil du bébé nous ont donné du temps pour jouer et nous raconter des histoires, les promenades avec la poussette ont été un jeu supplémentaire, un but dans la journée, et les heures du biberon furent les meilleures: le bébé dans mes bras, ma fille tout contre moi, un livre dans ses petites mains, je profitais de ce moment de calme pour lui lire ou lui raconter toutes les histoires qui lui faisaient plaisir… et qui me ravissaient moi-même quand bien même cette histoire était racontée pour la centième fois! Et la jalousie? La jalousie fut ainsi ignorée pendant les premiers mois; nous avions tant de choses à vivre, et le nouveau-né était trop petit pour intervenir dans notre relation. Mais à six mois, lorsque le bébé commença à devenir plus éveillé, la jalousie de ma fille se manifesta dans toute son ampleur (ne chercha-t-elle pas plusieurs fois à l'étouffer sous son oreiller?) Mais c'est là un phénomène normal et inévitable, et il est heureux que ce sentiment se soit pleinement manifesté; heureusement que nous avons commencé par quelques mois de calme et de joie. F. P. Eloigner un premier enfant à la naissance du deuxième? Quel dommage! Sans vouloir aborder ici les problèmes consécutifs à une telle séparation: sentiment d'abandon, jalousie, régression, etc., je voudrais faire appel aux merveilleux souvenirs que m'ont laissés mes relations avec notre aînée pendant les premiers mois de son petit frère. Une fois langé, nourri, couché dans son berceau devant la fenêtre ouverte, je laissais le bébé pour me consacrer à ma «grande» de 18 mois. Menotte dans la main, nous partions pour de bonnes promenades «entre dames». Nous y savourions à sa juste valeur l'intimité d'«avant» retrouvée pour un moment, ainsi qu'un fil conducteur à peine sorti de son chemin. Fil ténu, mais solide, encore pendant les heures douces où, allaitant le bébé à côté du parc soigneusement conservé à cet usage, je lisais des albums et chantais à ma fillette. C'était une autre façon d'avoir sa mère encore à elle. Peu à peu, comme imperceptiblement, notre bébé s'est intégré à la vie familiale active. Il a été accueilli naturellement par sa grande soeur. Et ce n'est que 12 mois plus tard, alors qu'il se tenait debout et revendiquait sa part d'attention, que la jalousie a fait son apparition. Non, autant que possible, n'éloignez pas un aîné pendant les premiers mois d'existence du cadet. Il y a encore tant de joies à lui procurer, à lui seul, tant que l'«autre» est encore un nourrisson! Isabelle Maurer |
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