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Intimité entre mère et fille

Comment pourrons-nous gagner la confiance de nos filles? demandait une mère, au cours d'une de nos réunions. Il eut été mieux de dire : «Comment pourrons-nous conserver cette confiance? »

En effet, au commencement, la mère possède toute la confiance de son enfant. Dans la maladie, dans le chagrin, dans l'angoisse, dans la joie, son premier cri est «maman! » Par ce cri l'enfant exprime ses plus violentes émotions ainsi que le moindre de ses désirs. Le sourire de sa mère double sa joie ; et ses baisers calment ses souffrances.

Si cette confiance parfaite n'existe pas toujours dans la suite, quand et comment a-t-elle commencé à diminuer et à qui la faute?

Parmi les diverses manières dont l'intimité peut être perdue, la plus répandue nous paraît être celle-ci: la mère, très occupée, a négligé de témoigner sa sympathie habituelle pour quelque chagrin qui lui paraissait sans importance. Un petit enfant s'était fait mal au doigt, et la mère n'y avait pas pris garde. L'enfant persistait à réclamer sa sympathie; elle le fit tant et si bien que la mère impatientée s'écria : « Eh bien! que veux-tu que j'y fasse! » « Tu pourrais au moins dire « Oh! » répondit la petite.»

Il n'est pas toujours facile de trouver le juste milieu entre la tendresse exagérée qui fait des bobos de l'enfant, des affaires d'état et la sympathie calme et constante qu'il est en droit de chercher auprès de sa mère.

Autre exemple. La petite fille, pour qui le monde est chose nouvelle, est plongée dans le ravissement à la vue d'une fleur, d'une chenille, d'un caillou poli. Elle rentre à la maison, chargée de trésors de cette sorte et veut les, montrer à sa mère, sa meilleure amie. Celle-ci ne trouve aucun intérêt dans des objets qui ne sont pas nouveaux pour elle. Accablée de besogne, elle n'y voit qu'un encombrement pour la chambre qu'elle vient de nettoyer à grand peine.

- « Emporte vite toutes ces saletés! s'écrie-t-elle, je ne veux rien de cela dans cette chambre. »

- « Mais maman, regarde ces jolies fleurs et cette petite chenille »

- « Ote tout cela d'ici, te dis-je , comment peux-tu m'apporter toutes ces horreurs ! »

Un autre jour la petite fille revient de l'école le coeur plein de sympathie pour les malheurs d'une amie : - « 0 maman, Louise a déchiré sa robe neuve à un clou, en passant avec moi dans la cour de la ferme ! ... » - « Comment, vous êtes retournées là-bas ! Je t'avais pourtant défendu d'y aller. Louise n'a que ce qu'elle mérite et pour ce qui te concerne, une bonne fouettée t'apprendra à ne plus désobéir ! » Sur quoi, la punition est administrée!

« Mais, direz-vous, l'enfant ne devait-elle pas être punie puisqu'elle avait désobéi? » Peut-être, mais sa mère aurait dû commencer par écouter son récit, puis elle lui aurait montré en quoi le châtiment était mérité. Tandis que dorénavant, ce dont l'enfant se souviendra le mieux, c'est qu'il ne faut pas tout dire à sa mère!

Quelques années plus tard, cette mère donnerait tout pour posséder la confiance de sa fille, pour qu'elle vînt spontanément lui raconter l'emploi de chacune de ses journées. Mais elle oublie combien de fois elle a fait taire l'enfant parce que les petits incidents de sa vie ne l'intéressaient pas.

« Je ne me souciais pas de tes pâtés de sable quand tu avais trois ans ; mais pourquoi ne me parles-tu pas de tes espérances, de tes projets, maintenant que tu as seize ans? »

Ah! mère, vous demandez l'impossible! Si vo us vouliez posséder le coeur de votre jeune fille, il fallait vous intéresser aux soucis de votre fillette. La petite plante gelée par les froids précoces ne s'épanouira plus sous les rayons du soleil ; l'intimité perdue est bien difficile à retrouver.

Cela ne veut pas dire que cette enfant n'ait plus d'affection pour sa mère; mais simplement qu'elle a perdu l'habitude de lui tout confier. Une personne étrangère et qui en est moins digne, gagnera peut-être cette confiance par ce qu'il n'y aura entre elle et la jeune fille, aucune barrière à renverser.

Les larmes et les supplications de la mère ne serviront de rien: son enfant aimerait bien, mais ne peut pas, d'un élan spontané, ouvrir son coeur à celle qui l'a si souvent repoussée.

Que faire dans ce cas? Comment retrouver l'intimité première? Cela sera très difficile, avons-nous dit. La mère devra se garder de faire, des questions, car sa fille en serait blessée ni des reproches, car elle en sentirait toute l'injustice. Le seul moyen de réussir, en quelque manière, sera de témoigner de l'intérêt, mais avec tact, sans curiosité, ni espionnage. Si la jeune fille raconte ses expériences et que sa mère l'interrompe pour la critiquer, les confidences cesseront. S'il faut blâmer, mieux vaut attendre une meilleure occasion.

Cette entière confiance entre mère et fille n'est pas seulement un bonheur pour la mère, mais elle est une sauvegarde qui préservera l'enfant de bien des fautes, peut-être même de graves chutes.

Une jeune fille avait obtenu une place dans le bureau d'un homme réputé honnête. Celui-ci commença par être très bon pour elle , mais ses attentions devinrent bientôt un peu trop marquées. Jugeant, d'après les récits de sa fille, de ce que signifiaient ces compliments et ces flatteries, la mère avertit son enfant et lui suggéra de faire savoir à cet homme, si l'occasion s'en présentait, qu'elle avait l'habitude de tout raconter à sa mère.

« L'informez-vous de tout ce qui se passe ici?» demanda le patron.

- « De tout ce qui me concerne » repartit la jeune fille.

Il n'insista pas, mais l'insinuation ne fut pas perdue. L'enfant fut préservée des avances de cet homme par sa grande intimité avec sa mère. Celle-ci n'avait jamais refusé de l'écouter, même lorsque ses secrets avaient peu d'importance. Bien souvent lorsqu'elle était fatiguée, elle avait été tentée de faire taire l'enfant, mais elle s'en était gardée. « Le jour viendra, se disait-elle, où il faudra que rien, dans sa vie, ne me soit caché; il faut donc que je m'habitue dès à présent à recevoir toutes ses confidences. »

Maintenant cette mère est récompensée de sa peine par la confiance simple et joyeuse avec laquelle sa fille lui fait part de tout ce qui la concerne.

Cette absolue confiance entre mère et fille est une chose possible. Il faut que toute question puisse être discutée entre elles, depuis les premières recherches de l'enfant au sujet de son origine jusqu'aux problèmes qui se posent à son esprit, concernant l'amour, le mariage, la maternité.

Il est toujours triste et souvent dangereux, que l'enfant cherche auprès de toute autre personne que sa mère, les informations qu'elle désire. Sa mère devrait être non seulement sa confidente sympathique et naturelle, mais elle devrait s'efforcer de prévenir par de sages avertissements et un enseignement clair et net, le trouble que pourrait provoquer chez la jeune fille une ignorance trop prolongée sur les sujets que nous venons de mentionner.









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