Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Information sexuelle à l'école

On entend souvent des parents nous dire à propos de ces cours: «Je ne crois pas que cela va l'intéresser, il est trop jeune, il ne pose jamais de questions» - «Cela risque de les traumatiser si on leur parle à un mauvais moment» - «On va leur donner des idées…» - C'est le rôle de la famille de donner cette information, je ne veux pas que l'école en parle». D'autres opinions encore: «Il faut appeler un chat un chat, vous êtes un peu fleur bleue, en dehors de la réalité, avec tout ce qu'ils voient et entendent de nos jours…» - «Ils en savent bien assez, plus que vous croyez!» -«Il m'a dit après le cours «bof, c'était bête», ou «c'était bien, c'est tout, cela n'a suscité aucune discussion».

La parole aux enfants

C'est vrai qu'il est difficile de parler de la sexualité. Cela se vit, cela se dit peu. C'est d'autant plus difficile de toucher à ces sujets intimes que le lien entre parents et enfants est émotionnellement très fort et que pour un bon équilibre relationnel chacun a avantage à garder son jardin secret.
Les parents ont donc souvent de la peine à savoir où en sont leurs enfants, ce qu'ils savent, ce qu'ils croient, ce qui les touche. C'est pourquoi j'aimerais dans les lignes qui suivent donner la parole aux enfants. Des enfants genevois de 10 ans environ qui ont eu en 4e primaire leur premier cours «Histoire de la vie». Après ce cours, ils ont spontanément décidé d'écrire une lettre à l'informatrice, disant qu'ils n'avaient pas la tête à faire le travail de français prévu par la maîtresse!

Voici quelques extraits de ces lettres:

«… Ce que j'ai vraiment aimé, c'est qu'à chaque question il y avait une réponse».
«Ce que je trouve extraordinaire, c'est qu'une toute petite cellule peut contenir la vie d'un enfant».
«C'est très bien de savoir comment ça va être quand on sera grand, parce que si on aurait pas eu cette leçon, on ne sera (sic) rien!»
«Maintenant, j'ai compris que si on parlait de sexe, il ne fallait plus rire, parce que c'est tout naturel».
«Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est le cliché du vagin, la formation du bébé et la sortie, et aussi les testicules (!) qui faisaient la course jusqu'à l'ovaire… Et l'érection, je l'ai souvent quand je voyais des femmes à poil…»
«J'ai bien aimé le gros ventre de la femme quand elle était en sainte (sic)».
«Ce qui m'a plu, c'est les rapports l'un de l'autre pour faire un bébé».
«J'ai aimé les questions que tout le monde a posé, car ça m'a appris beaucoup de choses».
«J'ai aimé le cliché quand il y avait la dame qui était dans son lit et qui avait justement reçu son bébé, le papa était à côté de la maman.»
«Ce qui m'a plu, c'est quand vous avez exprimé vos sentiments».
«J'ai beaucoup aimé ce cours, parce que j'ai appris beaucoup de mots nouveaux comme pénis, les ovaires, le vagin».
«J'ai aimé les diapositives où on voyait comment se développe un bébé et comment il sort du ventre de la maman. J'ai aussi aimé le diapo qui montrait comment la femme et l'homme se développent. Je ne savais pas comment c'est à l'intérieur du corps de l'homme et de la femme (…) tout m'a plu».
«Les images m'ont intéressé et aussi les questions de mes camarades, je peux dire que j'aime bien les réponses de la maîtresse et je retrouve assez les mots quand mes parents m'ont expliqué».
«J'aimé ce cours, surtout quand nous parlions de naissance, parce que je n'ai ni frère, ni soeur».
«J'ai aimé ce cours, c'est pourquoi je vous écrit ceci. Vous m'avez appris à mieux vivre; avant je rigolais même quand je voyais mon papa embrasser ma maman, mais maintenant tout est changé. C'est comme si je vivais dans un autre monde (…) Je ne savais pas qu'il n'y avait rien à rire quand quelqu'un disait les mots: sexe, vagin, faire l'amour, sein etc… »
«J'ai aimé ce cours parce que vous avez très bien parlé de la vie».

Réflexions de l'informatrice

Voilà quelques phrases prises un peu au hasard, mais qui à mes yeux se passeraient presque de commentaires. J'aimerais cependant relever quelques points que nous devons garder à l'esprit si nous voulons établir avec nos enfants une relation structurante, qui ne se paralyse pas dans les tabous et les non-dits, mais qui ne nous permette pas non plus d'entrer par effraction dans l'intimité qu'un enfant même très jeune est en droit de préserver.

- Les enfants sont heureux si l'on peut parler de sexualité sans gêne, mais aussi sans rire. Pour cela, employer les mots adéquats est important. Utiliser ensemble, de manière détendue, les mots pénis, vagin, clitoris, sperme, ovules, etc…, constitue en soi un acte éducatif. Connaître les mots corrects évite d'avoir recours aux termes vulgaires, que les enfants sont souvent gênés d'utiliser devant leurs parents, mais qu'ils prononcent faute d'en connaître d'autres.
- Recevoir une information en groupe, avec des camarades, permet de satisfaire sa curiosité et de participer intensément sans forcément devoir parler, c'est un aspect positif pour les enfants très retenus ou ayant des difficultés d'expression.
- Pour bien des enfants le plus important n'est pas tant la réponse reçue que le fait d'avoir pu poser sa question et qu'elle ait été acceptée.
- Discuter en classe de ces sujets permet aussi de développer un esprit de tolérance par rapport aux opinions des autres sur des sujets délicats comme l'avortement, l'homosexualité, le divorce. Les enfants prennent progressivement conscience des divers critères qui régissent la morale, ou les morales, et cette réflexion contribue à la formation de leur propre éthique.
- Les questions qui vont plus loin et sont vécues comme très importantes ne sont pas forcément les questions «techniques» sur la relation sexuelle, la conception, l'accouchement, mais bien plutôt celles abordant les sentiments: l'amour, le mariage, la séparation, la jalousie, la déception. Ces sujets prennent souvent beaucoup de place dans le cours, mais sont ensuite soigneusement recouverts par d'autres souvenirs. Il est intéressant de savoir que dans la classe que j'ai citée, aucun des enfants n'a clairement mentionné ces sujets dans sa lettre alors qu'ils avaient fait l'essentiel de la discussion.

Conclusion

Dès lors, on peut se demander si, paradoxalement, parler de sexualité n'est pas une manière pudique d'évoquer des sujets encore plus chauds et plus troublants:
- Parler de relation sexuelle, c'est évoquer la fusion, la séparation, le respect, la liberté, la dépendance, la domination, le plaisir, la culpabilité.
- Parler de conception c'est parler d'espoir, de hasard, de mystère, de confiance.
- Parler de naissance, c'est dire la vie qui ne finit pas mais aussi la mort, la séparation, le courage, la douleur, la force.
- Un enfant qui nous demande: «La vie, ça commence quand?» nous trouble et nous interroge au plus profond de nous-mêmes, et ce n'est pas la rencontre de l'ovule et du spermatozoïde qui nous touche, c'est la question du sens que nous donnons au mot vie et les sentiments que cela déclenche en nous.

J'aimerais conclure en citant à nouveau cette petite fille qui a écrit
dans sa lettre: «J'ai bien aimé quand vous avez exprimé vos sentiments». Et si l'éducation sexuelle que nos enfants attendent de nous était avant tout cela?


N. B. L'auteur de cet article est mère de deux enfants et psychoclinicienne. Parmi d'autres activités, elle a participé à l'information sexuelle dans les classes primaires et secondaires du Canton de Genève, dans le cadre du Service de santé de la jeunesse. Si vous êtes embarassés par certaines questions de vos enfants, elle rédigera volontiers des textes courts concernant par exemple: le divorce, l'homosexualité, la masturbation, les relations sexuelles hors mariage.
Adressez vos demandes à la rédaction!










www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève