Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Notre travail? Comme celui de la louve

Page du journal tenu par Daniel Courvoisier, maître de la «classe spéciale» pour enfants difficiles, à la Fosge sur Montreux.

Tout n'était pas facile; chaque jour était une aventure, j'étais souvent rompu comme un terrassier. Les problèmes ne manquaient pas. Il y avait Félix qui filait tout droit vers la délinquance; Boris, un caractériel, enfant gâté, qui n'en faisait qu'à sa tête; Yves, le seul paresseux, le seul enfant vraiment paresseux que j'aie connu dans ma carrière de maître. Et tous les autres, avec leurs problèmes et leurs enthousiasmes. Il est si facile d'idéaliser systèmes ou personnes. Notre vie n'était pas un roman (elle était aussi belle, je pense d'ailleurs, avec les hivers qu'il fallait). C'était un travail difficile où j'entrais aussi démuni qu'un autre et plus riche de questions que de réponses. C'était une république avec tous ses problèmes. Et je voudrais bien qu'on la voie ainsi.
Ne jamais devenir l'esclave d'un système. Je crois par exemple à l'école active, et combien, à la libre activité, à la recherche, à l'expérience; mais je crois aussi à la nécessité de l'effort imposé, même non motivé. La mère louve ne laisse pas ses louveteaux partir seuls en forêt dès le sixième jour, parce qu'elle connaît la forêt. Elle agrandit seulement peu à peu le cercle où ils sont libres de vagabonder. Elle sait exactement le point critique où elle les arrêtera d'un coup de patte. Deux dangers: laisser le louveteau jusqu'à l'âge adulte au terrier, d'où il ne sortira alors que myope, gauche, trébuchant, inapte à la vie en forêt. Ou le laisser partir alors, sitôt les yeux ouverts, faible et nu, au risque de le voir écorcher par le premier busard venu. Un des gosses eut un jour ce mot admirable: «Ici, on apprend la liberté!» C'est bien un peu cela, et c'est tout un programme! Nous avions convenu d'ailleurs que rien n'était plus difficile. Un autre avait ajouté: «Et puis il y a bien des grandes personnes qui ne savent pas qu'en faire, de la liberté»… Ainsi, tout notre travail, comme celui de la louve, n'est que d'élargir peu à peu les cercles concentriques autour du terrier. (Le point critique pourtant n'est pas le même pour tous et sa détermination qui limite l'aire du louveteau n'est pas la moindre des préoccupations du maître.)
Accepter la nécessité d'expérimenter dans des limites raisonnables. Patrick, dès son arrivée ici, s'enthousiasme pour le travail sur bois. Comme il souffre de troubles moteurs évidents, il plante les clous de travers, casse les planches en serrant la presse à fond, tape sur les vis «pour que ça entre plus vite», peint sur du bois non raboté et essuie le pinceau sur l'établi… Etre là simplement, avoir assez de bois d'exercice, orienter pour limiter les dégâts, mais laisser faire. Je sais bien que si je dirige rigidement et me mêle d'interdire tout ce qui n'est pas orthodoxe, il n'y reviendra plus. Il faut qu'il morde comme la truite; lever la ligne trop vite et je ne ramène que l'hameçon nu. Laisser mordre et ferrer. Cela demande du temps parfois et quelque patience. C'est qu'en mon sang naviguent encore quelques chromosomes égarés de ces horlogers qui furent mes ancêtres. Chromosomes qui courent sous ma peau, commencent à agir, poussent de grands cris, descendent dans la rue et dressent des barricades, lorsqu'on casse les outils. Paix, mes chromosomes! c'est les vieux marteaux qu'on leur donne d'abord, et pour le bois et les manches d'outils, j'ai mes adresses!









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève