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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURFaut-il les laisser se battre? Après-midi d'hiver. Une amie est venue me voir. Dans la chambre rose et boisée, café au chaud, biscuits et mandarines dans la corbeille, nous nous laissons aller à quelques confidences. Elle me raconte comme tout va mieux entre ses fils depuis qu'enfin ils se battent franchement, se débarrassant ainsi à coups de poings et prises de lutte d'une agressivité qui, jusque-là, ne s'était échappée qu'avec des mots, des sous-entendus, des faux-semblants. Ces propos peuvent surprendre! Ne sommes-nous pas convaincus qu'une part de l'éducation que nous donnons à nos enfants consiste à leur enseigner à ne pas se battre? Ne nous sentons-nous pas obligés à faire régner l'harmonie et la justice? Certes. Mais l'interventionnisme est-il vraiment un moyen d'y parvenir? Toute action ayant sa motivation, il faut bien admettre que personne ne se chamaille, ne se dispute, ne se heurte pour rien. Si nos enfants se battent, c'est soit parce qu'ils ont un véritable conflit à résoudre (qui est leur affaire et non la nôtre, et dont nous ne connaissons pas la plupart du temps tous les éléments), soit parce qu'ils tirent une certaine satisfaction de ce qu'ils obtiennent de nous au moyen de leurs disputes: attirer notre attention, exploiter nos faiblesses ou combler les leurs par une demande de protection. Dans les deux cas, nous avons intérêt à les laisser régler leurs affaires eux-mêmes, et à le leur dire clairement. Notre action momentanée - éclats de voix, morale, sermons, violence - n'est pas constructive. Elle sanctionne plutôt leurs rôles de vainqueur ou de victime, les déresponsabilise, mais ne les aide ni à éviter la prochaine lutte, ni à résoudre le conflit d'une autre manière. Tout au plus permet-elle au feu de couver plus longtemps. En aucun cas elle n'apaise une tension toujours prête à éclater. Admettre que l'exaspération qui s'empare de nous lorsque nos enfants se chamaillent ou se battent ne découle que de notre sentiment d'hyperresponsabilité à leur sujet; prendre conscience qu'ils sont en réalité capables de résoudre seuls leurs problèmes et qu'il est vital qu'ils les assument jusqu'au bout; n'intervenir que dans les cas extrêmes, et encore, sans paroles ni tapage; savoir que, livrés à eux-mêmes, les enfants établissent entre eux des relations beaucoup plus justes et équitables que celles que nous ne saurions jamais établir pour eux; bref, apprendre à nous retirer, à nous détacher de ce type de conflit, c'est ce qu'il y a mieux à faire si nous tenons à ce qu'ils deviennent adultes, libérés, responsables et autonomes. «Bien sûr, ça choque, et ce n'est pas facile de laisser faire sans intervenir! Mais je garde le souvenir de ma propre enfance, empoisonnée par les perpétuelles intrusions de ma mère dans les conflits qui nous opposaient, mes frères, mes soeurs et moi. Conflits avortés, jamais liquidés, qui ne nous appartenaient jamais jusqu'au bout, immédiatement récupérés par l'autorité parentale». |
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