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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURTrois générations, moi au milieu! L'éducation apparaît aujourd'hui comme un art subtil d'autorité appliquée et de liberté accordée, comme un équilibre de force et de compréhension psychologique. En effet, pendant ces 30 dernières années, nous avons vu une telle évolution, une telle révolution en matière d'éducation, un tel foisonnement d'idées nouvelles, que, bien souvent, je me sens tiraillée entre l'éducation que j'ai reçue et celle que je donne à mes enfants. J'entends encore mon père me dire: «L'enfant doit apprendre ses devoirs avant d'apprendre ses droits». Ainsi, devant l'oeil parfois réprobateur de mes parents qui ne comprennent pas comment je peux laisser mes enfants grandir sans plus de rigueur, je me suis sentie culpabilisée de ne pas mieux transmettre l'héritage éducatif reçu. A cheval entre deux mondes, le monde des principes - celui que j'ai reçu - et le monde d'aujourd'hui, j'hésite, me culpabilise, avance, recule. Heureusement, il y a mes amis qui ont aussi de petits enfants, mais autant d'amis, autant d'idées. J'ai alors découvert des ouvrages qui m'ont aidée à mieux comprendre mes enfants, mais d'abord, et surtout, à mieux me comprendre (en particulier, l'ouvrage de Carl Rogers Le développement de la personne, Paris, Ed. Dunod, 1966). Et c'est là le point que j'aimerais souligner: parler d'éducation me paraît aujourd'hui secondaire, ce qui me semble essentiel est d'être en paix avec soi-même et ouvert à l'autre. Voilà donc, pêle-mêle, les réflexions qui me sont venues après mes nombreuses lectures. Je ne vais plus utiliser la première personne pour en parler, car ces pensées sont encore au niveau de la méditation, mais j'essaie de les faire miennes afin de pouvoir un jour les appliquer. Etre en harmonie avec soi-même, c'est donner à l'enfant une image nette, donc sécurisante. Etre ouvert à l'autre, c'est savoir l'accueillir et lui donner le meilleur, au bon moment. Etre en harmonie avec soi-même est un lourd programme qui peut parfois sembler impossible dans certaines circonstances. Mais cette recherche est probablement celle à laquelle chacun tient le plus. Etre en harmonie apporte le bonheur, et transmettre le bonheur de vivre est une des meilleures armes contre la drogue et la délinquance (voir l'article paru à ce sujet dans les Entretiens, déc. 1984). De même, être en paix avec soi-même sous-entend se connaître et par ce fait donner - comme je l'ai déjà mentionné - une image claire. Nous savons tous aujourd'hui, pour l'avoir lu et surtout expérimenté, que ce que l'on retient de son enfance n'est pas tellement ce que nos parents nous ont dit, mais plutôt ce qu'ils nous ont transmis inconsciemment, c'est-à-dire le non-dit. Ce non-dit peut être l'harmonie et le bonheur de vivre, ce peut être aussi des complexes, de la gêne, des problèmes non résolus de leur propre enfance. Dans un certain sens, l'héritage éducatif est une tradition qui remonte loin dans nos familles et qui transmet des joies et des tensions. C'est la vie et il est bien évident que nous ne pouvons la changer fondamentalement. Mais il me paraît nécessaire de s'arrêter et de prendre le temps pour rejeter des notions éducatives reçues - peut-être bonnes en elles-mêmes - mais qui ne nous conviennent pas personnellement, de ne garder que ce qui est le plus proche de notre personnalité et transmettre à nos enfants ce à quoi nous croyons profondément et non ce qui se fait traditionnellement. Mais là encore, ne nous illusionnons pas; ce que nous pensons intensément ne correspond pas nécessairement à la structure mentale de notre enfant! En faisant un tri dans le bagage éducatif reçu, nous tendons ainsi à une meilleure connaissance de nous-mêmes, et mieux se connaître, c'est aussi reconnaître nos limites et nos possibilités, c'est apprendre à se juger avec tolérance. Etre tolérant envers soi-même amène à la tolérance envers l'autre, et, par ce fait, à l'acceptation de notre enfant tel qu'il est, et non tel que nous aimerions qu'il soit. Mâter une personnalité exubérante et excessive, c'est à coup sûr apporter la frustration. Reconnaître cette exubérance, c'est faire avec et essayer d'aider notre enfant à diriger cette force vitale dans un domaine constructif. C'est bien sûr un immense effort pour des parents plutôt timides et introvertis lorsqu'ils se trouvent en face d'un enfant qu'ils reconnaissent difficilement comme le leur; cette exubérance, d'où vient-elle? Chercher à comprendre son enfant, c'est encore une fois l'occasion de chercher à se comprendre soi-même, à découvrir peut-être à l'intérieur de soi-même ce germe d'exubérance si bien refoulé par notre propre éducation ! |
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