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A propos d'éducation sexuelle

Question: «Chez mes enfants encore très jeunes, l'injure favorite est de se traiter de pédé, que faut-il en penser et en dire?»

Les jeunes enfants reprennent cette expression du vocabulaire de leurs aînés et l'utilisent comme n'importe quel autre mot grossier, sans trop en comprendre le sens, d'une part pour décharger leur agressivité à la manière des grands, d'autre part (lorsque cela se passe devant les adultes) pour voir l'effet que cela fera et tester les limites qu'on va leur imposer dans le défoulement verbal.
Votre enfant attend donc vraisemblablement que vous lui disiez clairement quels sont les mots que vous êtes d'accord d'entendre et quels sont ceux qu'il doit réserver aux copains, voire supprimer de son langage.
Cependant, lorsqu'un mot comme celui-ci revient avec une fréquence insistante à nos oreilles, il est vrai qu'on est en droit de penser que l'enfant nous interroge sur quelque chose qu'il ne sait trop comment formuler. On peut alors commencer par lui demander simplement s'il sait ce que pédé veut dire. Dans la majorité des cas, ce sera la gêne et le flou, ou l'ignorance totale.
Si l'on a envie de saisir cette occasion pour lui en dire un peu plus, comment le faire?
Chacun va trouver ses mots à lui, en fonction de son éthique personnelle, de son expérience de vie et de l'âge et du niveau de connaissance de son enfant. Il n'y a pas de réponse-type. Je vous livrerai donc ce que j'en dis moi-même comme une proposition à discuter et non comme un exemple à suivre.
Pédé est l'abbréviation du mot pédéraste, qu'on utilise pour parler des homosexuels hommes (pour les femmes on dit lesbiennes). Les homosexuels sont des hommes ou des femmes qui se sentent attirés, deviennent amoureux de personnes du même sexe qu'eux.
La majorité des gens se sent attirée par les personnes du sexe opposé et c'est fort heureux parce que ceci assure la procréation et le prolongement de l'humanité. Mais la procréation est-elle le seul but de la sexualité? A l'échelle humaine, sûrement pas! Le recherche du plaisir, de la tendresse, de l'amour est aussi essentielle et il faut admettre que la relation avec une personne de l'autre sexe n'est pas le seul moyen d'atteindre ce but là.
L'homosexualité gêne et provoque l'intolérance parce qu'elle nous interroge sur nos propres croyances, désirs, limites. Il n'est pas facile d'être homosexuel dans une société en majorité hétérosexuelle, comme il n'est jamais facile d'appartenir à une quelconque minorité, qu'elle soit raciale, religieuse, politique ou comportementale.
Plutôt que de rejeter et de mépriser (en utilisant par exemple le mot pédé comme insulte) essayons d'exprimer nos gênes et nos réticences, essayons de nous situer en tant que personne libre de nos choix et gardons à l'esprit que l'homosexualité est avant tout une histoire d'amour et l'amour en soi n'est jamais condamnable.

Commentaire

J'ai volontairement abordé ce sujet d'un point de vue éducatif, c'est-à-dire éthique. On peut naturellement se pencher sur la loi en tant que réponse sociale à l'homosexualité (loi qui repose essentiellement sur l'idée discutable du prosélytisme). On peut aussi creuser les hypothèses médico-psychologiques qui tentent de cerner les origines de l'homosexualité. On peut finalement, avec un regard non exempt d'un certain voyeurisme, analyser les formes et le contenu de l'homosexualité; mais puisqu'il s'agit d'Entretiens sur l'Education, il me semble que le seul point sur lequel nous devons insister, c'est sur la nécessité pour un adulte d'avoir une position claire, réfléchie, en accord avec ses sentiments, position qui permette à l'enfant de se situer lui-même (que ce soit pour, contre, partiellement pour ou contre) et de définir progressivement sa propre éthique ce qui reste le but final de l'éducation, non?









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