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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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T'aurais pas cent balles?

Au retour des vacances, les porte-monnaies plutôt vides, l'argent redevient un sujet qui préoccupe beaucoup de familles.
La rédaction aimerait publier un extrait du livre de Christiane Collange,
Moi, ta mère, où l'auteur explique les démêlés financiers entre parents et enfants, «les rapports entre le cordon ombilical et les cordons de la bourse».

La génération de la désinvolture

Quels que soient le milieu social et le niveau de vie des parents, la trilogie parents/enfants/argent engendre les mêmes conflits: d'un côté des parents attentifs à équilibrer leur budget en fonction d'une situation économique compliquée par la crise et la rigueur, face à des jeunes avides de consommer, habitués à un train de vie confortable, totalement irresponsables sur le plan financier.
Pour être honnête, il faut reconnaître que les parents sont largement responsables de cette prodigalité juvénile. Grisés par l'augmentation vertigineuse de leur propre pouvoir d'achat dans les années d'avant la première crise pétrolière, ils en ont oublié de procéder à l'éducation financière de leurs enfants. Rien n'était trop beau pour eux, les bonbons coulaient à flot, la mode multipliait chaque année les tentations vestimentaires, les vacances de neige se démocratisaient, l'électricité et
l'essence semblaient aussi naturelles et gratuites que l'air que l'on respire. Nul n'aurait songé à faire ressemeler ses chaussures, à finir son pain ou à repriser des chaussettes. Comment les enfants auraient-ils pu, dans ces conditions, apprendre les gestes et les réflexes de l'économie?
Ajoutez à cela la vieille manie européenne de ne pas parler d'argent devant les enfants. Ni pour s'en plaindre, ni pour s'en féliciter. On comprend dès lors que cette génération élevée dans la désinvolture de la société de consommation en soit à refuser les contraintes de l'Occident en crise.
Le syndrome du T'aurais pas cent balles? réédité plusieurs fois par mois, n'est donc pas limité à un petit milieu de cadres supérieurs et de bourgeois nantis. Presque partout, les désaccords éclatent pour des histoires d'argent. L'argent est vraiment le nerf du conflit, parce qu'il est précisément le symbole de l'autonomie. Les jeunes ne peuvent tout à la fois dépendre financièrement et se libérer effectivement. Voilà que l'on retrouve encore, à propos des jeunes, une des vérités mises en évidence par les combats féministes: l'autonomie financière modifie profondément les relations entre personnes. Il est très difficile de réclamer sa libération quand on ne peut assumer la charge de son train de vie - ou, tout au moins, une part de sa vie matérielle.
Désolée, vous ne pouvez dans le même temps nous ruiner et nous ignorer, tendre la main et tirer un trait. Il y a un rapport direct entre le cordon ombilical et les cordons de la bourse.









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