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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Pourquoi ment-il?

Lors de notre dernière rencontre du comité de rédaction nous avons réfléchi quelle réponse donner à la lectrice qui évoquait l'attitude de son enfant: «J'essaie de ne pas mentir, mais je n'y arrive pas… n° de septembre» Les expériences de chacune nous ont semblé intéressantes.

François «chipait» souvent de l'argent dans mon porte-monnaie …je ne l'ai jamais pris sur le fait mais j'avais de fortes présomptions; que faire? augmenter l'argent de poche de quelques francs? ce fut sans effet… Quelque chose me retenait d'en parler avec lui, comme si en discuter aggraverait le phénomène en le cristallisant. Je pris des précautions pour ne plus laisser traîner de portefeuilles, noter mes dépenses pour surveiller de loin le problème.
Il me semble que face au monde des adultes, certains enfants éprouvent le besoin de fabuler, de créer leur monde pour se défendre de la force et de la puissance, de l'inéluctable et du sérieux des normes qu'ils ne choisissent pas. Cette fuite est inconsciente pour les uns, alors que d'autres se rendent compte de la voie parallèle où ils s'échappent par instant. Je crois que François «savait que nous savions»; en cherchant à le valoriser par d'autres moyens, nous l'avons peut-être aidé à se solidifier et il n'a plus eu besoin de chercher ces signes extérieurs.
Si l'éducation parentale oscille entre deux pôles, celui de l'autorité et celui de la liberté, il est parfois bien difficile de choisir quand laisser les rênes longues… Je crois cependant fermement que la confiance que nous leur accordons dans les diverses étapes qu'ils traversent est toujours payante.

P.S. François lisant ce texte fait le commentaire suivant: «Maman, c'est de moi que tu parles? Oui. - Tu sais, je pense que si tu m'avais coincé, j'aurais été obligé d'en rajouter. Si je me servais dans ton porte-monnaie, c'est parce que Paul prenait beaucoup d'argent chez sa mère.»
Il y a longtemps que l'incident cité s'est passé, et je suis reconnaissante d'avoir su me taire.
Monique


Nous sommes tous confrontés à un moment ou un autre au mensonge, pour ne pas dire impliqués dans une certaine forme de mensonge.
Il existe, me semble-t-il tant de différentes sortes de mensonges allant de la tromperie aux petites blagues que l'on invente. Il y a le mensonge provocateur par lequel on veut attirer l'attention, le mensonge qui exprime des rêves, des promesses non réalisées, le mensonge qui cache la peur d'être réprimandé par exemple. Je pense que la plupart des petits enfants mentent une fois ou l'autre, et que cette attitude correspond à un moment d'insécurité dans leur développement, dans leurs relations avec autrui. Ne pas être dupe du mensonge de son enfant est important, mais en faire grand cas est peu souhaitable et pourrait encourager la répétition de cet acte. Il se cache toujours une raison derrière le mensonge: une crainte, un désir refoulé, une aversion pour quelque chose qu'on vous impose.
J'ai connu des enfants d'une même famille qui racontaient toutes sortes d'histoires, tout à fait crédibles au début, jusqu'au jour où je me suis aperçue qu'elles ressemblaient fort au vécu de mes enfants. En effet mes enfants réalisaient et vivaient ces histoires; il s'agissait de films ou de pièces de théâtre vus en famille, d'excursions dans les montagnes, de sorties à ski ou à la piscine et tant d'autres activités qu'offrent les loisirs. J'ai compris que les petits camarades de mes enfants se nourrissaient de notre vécu pour se créer un univers, une vie à raconter aux autres. Par le biais du mensonge-fabulation ils exprimaient en fait leurs rêves, leur désirs qui n'avaient que peu de chance de se réaliser, car ils étaient le plus souvent livrés à eux-mêmes et peu entourés. Une grande tristesse m'envahit lors de cette découverte et je commençais à les associer de temps à autre à nos activités. C'était toujours très réussi, mais ils continuaient à inventer ou plus précisément à broder.
Les gens heureux n'ont pas d'histoire(s) dit-on, est-ce que les gens malheureux en raconteraient beaucoup? Il semble que dans ce cas le mensonge permettait à ces enfants de compenser un manque d'affection et d'entourage familial et leur donnait un certain statut face aux petits voisins.
F. G.


Lorsque j'ai appris que ma fille alors âgée de sept ans m'avait «chipé» des sous dans mon porte-monnaie pour s'acheter quelques douceurs collantes, une pensée jaillit immédiatement dans mon esprit. «Comment avais-je fait pour mettre au monde une voleuse?» J'avais honte pour elle, honte pour moi, honte vis-à-vis des autres… et dans l'espace d'un éclair, je voyais déjà ma petite fille devenir une délinquante, volant, «chipant» ici ou là!
Les années ont passé et je réalise avec quelle force mon «surmoi» avait réagi alors. Etre propre et honnête, n'est-ce pas là le leitmotiv de notre enfance?
Ma petite a-t-elle réellement «chipé» cet argent? J'en doute fort aujourd'hui: ses explications nuageuses laissent davantage supposer une imagination fertile…
Une abonnée


A l'occasion d'une émission radiophonique de l'Ecole des Parents, consacrée au mensonge, le témoignage d'une mère m'avait particulièrement frappé: «Quand ma fille ment, je me sens coupable.» Coupable de quoi? me suis-je demandée. De ce que votre fille ne soit pas parfaite? De ce que son comportement révèle des faiblesses? A moins que vous ne soyez un peu ébranlée. Vous aviez cru avoir beaucoup d'autorité, vous pensiez tenir la situation bien en main, et voilà qu'un certain nombre de choses vous échappe. Vous vous dites: Où allons-nous si je ne suis pas au courant de tout?
C'est curieux comme on a tendance à chercher toujours un coupable. D'habitude, on pense que c'est l'enfant (qui n'est pas franc, qui cache, qui invente, qui trompe, etc.). Dans ce cas, c'était la mère qui se sentait concernée.
Plutôt que de s'acharner à désigner le coupable pour lui faire reconnaître ses torts, est-ce que ce ne serait pas plus utile de chercher, à comprendre pourquoi l'enfant recourt au mensonge? Dans telles circonstances, mais pas dans telle autre, à certaines périodes. Avec cet adulte, mais pas avec les autres. A propos de jouets, de résultats scolaires, de loisirs…
Au lieu de s'inquiéter, il vaudrait mieux essayer de traduire.
L'enfant qui travestit la vérité le fait rarement par pur sport. S'il a recours au mensonge, c'est souvent parce qu'il ne se sent pas capable de se tirer d'affaire d'une autre manière. Il se sent faible, inférieur, incapable. Il craint d'être mal jugé. Il ne voit pas comment il pourra assumer les conséquences de telle ou telle défaillance. Il n'y a pas toujours besoin d'aller chercher si loin. Celui qui ne dit pas toute la vérité, rien que la vérité, le fait quelquefois, parce qu'il ne veut pas décevoir. Ou bien parce qu'il a besoin de se ménager un jardin secret; il ne supporte pas qu'on entre chez lui par effraction.
Avant de nous alarmer, ne ferions-nous pas bien de nous demander: «Qu'est-ce qu'il faut comprendre?»
Marguerite Loutan









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