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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La jambe cassée

S'organiser

Les enfants sont enfin au lit. Debout dans la cuisine, tu commences: «Si seulement je ne l'avais pas laissé descendre seul… »Je t'arrête doucement: oui, nous avons un gros «bleu » à l'âme. Oui, notre petit garçon s'est cassé la jambe à ski, accident stupide, ô combien banal. Mais ne galvaudons pas nos forces en culpabilité et regrets débilitants. Nous en aurons besoin pour cheminer ensemble pendant de longues semaines!
Tout à l'heure, au sortir de l'hôpital, profondément soulagée de n'y pas laisser mon petit bonhomme de quatre ans, je me suis organisée mentalement: le vieux pousse-pousse est sûrement encore dans la remise à vélos; je sais où il y a un grand carton pour soulever le duvet la première nuit; la grande soeur sera toute contente de se débarrasser de sa salopette à canons trop larges: j'y mettrai la fermeture éclair d'un ancien pyjama; et pour la toilette, un baquet fera l'affaire.

La fatigue

Demain, nous partons en vacances d'hiver. Nous sommes épuisés par deux semaines d'efforts physiques et nerveux: porter, pousser, soulever, apaiser, encourager, mais surtout veiller. Les nuits ont été une succession de demi-sommeil entrecoupé d'efforts pour rendormir notre malade. Heureusement, nous possédons une cassette de musique relaxante. Elle dispensait sa douceur dans la demi-obscurité nocturne, aidant autant l'enfant que ses parents transis. Et puis, que dire de l'aide apportée par les grands-parents, amis, jardinières: reconnaissance.

Les vacances

La neige du siècle tombe sur Genève. Il ne nous faut «que» 9 h de voyage pour atteindre le hameau de nos vacances. A l'ère des voitures à tout prix, il est donc encore possible de déplacer une famille avec armes et bagages (d'hiver!) en voiture, train, téléphérique et luges jusqu'au fin fond du Valais, plâtre compris!
A propos de ce dernier, nous promettons aux enfants une surprise s'ils s'arrangent pour limiter les réveils nocturnes au strict minimum et en silence! Pari tenu! Pendant deux semaines notre fillette se lèvera pour nous avertir des besoins du petit, lesquels s'espacent de plus en plus. Plus de cris, plus de pleurs… le repos enfin. Au retour des vacances, les enfants sont tout heureux de leur surprise dont ils avaient oublié la promesse: une voiture Lego et un beau classeur bleu, tous deux longtemps convoités.

A l'hôpital

Cinquième semaine. A l'hôpital. On coupe soigneusement et… lentement le plâtre. Mon petit garçon hurle dans mes bras. Oui, bien sûr, il était préparé à cette scie infernale, au bruit, à la chaleur. Mais de la théorie à la pratique… J'essaie de me détendre pour lui faire du bien. Enfin, c'est fini, et le plâtre est comme une belle boîte qu'on pourra ouvrir pour prendre des bains, chic!

On continue…

Dans deux jours, on enlèvera définitivement la belle boîte… qui n'est plus qu'une masse informe en quatre morceaux, peinturlurée et maintenue à grand peine par des bandes. Je rentre du travail. Quelque chose s'est passé. Un choc sur la jambe mal remise. Une nuit de cauchemar. Un nouveau plâtre. Courageusement nous continuons… la machine est bien rodée. Pas un mot de révolte du petit malade qui, depuis qu'il n'a plus mal, est d'une patience et d'une gentillesse remarquables.

Le printemps

Le printemps pointe timidement. J'ai fabriqué un drôle de soulier autour du plâtre avec un reste de novilon. Il s'usera moins vite sur l'asphalte et le tricycle peut ressortir de sa cachette.
Nouveau contrôle à l'hôpital. Mon coeur bat. J'ai longuement réfléchi s'il fallait laisser crier mon fils lorsqu'on ouvrirait le plâtre, ou s'il fallait lui promettre une récompense s'il se maîtrisait. J'ai décidé qu'à quatre ans, il vaut mieux hurler son angoisse. Heureusement, c'est beaucoup plus court que la première fois. Nous regardons avec satisfaction les grosses pinces silencieuses finir le travail de la scie dans un fin nuage blanc. Verdict médical: la jambe est guérie. Plus de plâtre! Quelle joie! Nous allons fêter ça avec un tour de carrousel, un pain au chocolat et un beau ballon.

Se réadapter

Notre fiston est à ne pas prendre avec des pincettes. Il crie, hurle, pleure, mord, dit non à tout et refuse de marcher. Bien sûr, vous l'avez vu avant moi: il régresse. Quoi de plus normal après 8 semaines de plâtre et de patience? Mais moi, j'ai le nez dessus et il me faut plusieurs jours pour comprendre.
Dès lors tout va très vite: nouvelle visite chez le médecin qui montre au petit qu'il peut marcher. Le même jour, d'un accord tacite, nous délaissons le pousse-pousse, le troisième (les deux autres n'ont pas tenu le coup sous quelques 19 kg), et adoptons le tricycle pour les longs trajets. De lundi en lundi, à la gym parents-enfants, je constate les rapides progrès de mon petit boiteux. Après les vacances de Pâques, dernier contrôle à l'hôpital. En sortant, je dis clairement à mon fils: cette fois-ci c'est vraiment fini! Nous ne retournerons plus voir le médecin. Tu es guéri! Et d'une heure à l'autre, il cesse de claudiquer.









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