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A quoi je sers, moi?
Un cri du coeur qui m'est resté sur le coeur.
A l'aéroport de Doubla, quelques années avant l'indépendance du Cameroun. Un missionnaire «qui a le bras long» nous accompagne pour nous faciliter les formalités d'embarquement, bagages, douane, police, service de santé. Grâce à lui nous passons en priorité d'un employé à un autre. Un geste, un mot, c'est fait. Même, nous pouvons court-circuiter un jeune fonctionnaire à casquette dont le tampon de caoutchouc reste en l'air, levé pour rien
Nous avons passé.
Alors, derrière nous, ce cri indigné: «A quoi je sers, moi?»
Nous avons ri, trouvant le mot drôle. Quitte à y réfléchir plus tard. C'était facile pourtant de se mettre à la place du garçon tout pénétré d'importance. Le sort l'avait distingué, dans un pays de chômage où les «laissés pour compte» ne se comptaient plus.
Nous l'avions rendu à la nullité.
On connaît l'histoire de ces VIP - Very Important Persons - qui passèrent devant un blessé en l'ignorant.
Nous, en ignorant un homme, nous avions fait un blessé.
N'exagérons pas: il a su se rattraper sur d'autres en leur faisant sentir le poids de son tampon. C'est le jeu social, bête et méchant. Nous l'avions joué nous-mêmes par réflexe - ce qui veut dire sans réflexion. Sans penser un instant que «bras long oblige».
«A quoi je sers, moi?» - C'est le cri vital de celui qui vient au monde dans la société. Un cri d'espoir et de fierté; mais s'il rencontre la dérision, il se charge de honte et de rage. Que faire alors d'une vie qui se voulait responsable? Il ne reste qu'à la flamber, ou à la vendre chèrement:
«Ma vie vous indiffère? Je m'arrangerai pour qu'elle vous
.»
On sait comment tant de jeunes terminent la phrase.
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