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La violence (suite et fin)
Echanges et violences
Violences pour exister, pour protester, violences encore pour communiquer et échanger avec les adultes. L'avoir, le pouvoir et la parole sont les trois manières essentielles de s'enraciner dans la vie et de prendre place dans le jeu des échanges sociaux. Précisément, le statut du jeune pré-adolescent est aujourd'hui flou et fragile à ces trois plans de l'avoir, du pouvoir et de la parole. Ils sont consommateurs mais non producteurs, ils ont un pouvoir psychologique mais non social, ils peuvent parler mais leur parole est-elle entendue?
Consommateurs, mais non producteurs
Dans la société rurale traditionnelle, le jeune participait très tôt aux travaux de la ferme. Il était, à son niveau, co-producteur avec ses parents. Au début de la société industrielle, il était mis au travail pour gagner sa nourriture, avec les exploitations que l'on connaît. Dans notre société, son statut est de n'être pas producteur, mais consommateur. Il est dans une situation de dépendance économique au coeur d'une société d'abondance, même si elle est en crise. Il ne rentre pas dans le réseau d'échanges des adultes qui, eux, travaillent et gagnent de l'argent, produisent et consomment, donnent et reçoivent.
Ce statut économique est à l'origine de nombreuses formes de violence dans les familles comme dans la société: argent de poche, racket, vol, marchandages de l'amour familial
Les voies de solution sont à chercher du côté de la modification du statut du jeune adolescent dans la famille et dans la vie de travail. En famille, il doit être considéré comme un participant à part entière à la gestion du budget familial. Dans la société, il conviendrait de développer la possibilité légale pour les jeunes à partir de treize ans de faire certains travaux rémunérés, travaux qui soient évidemment adaptés à leurs forces et à leurs moyens.
Pouvoir d'amour, mais non pouvoir social
Pas plus que les enfants, les pré-adolescents ne sont sans pouvoir dans notre société. Ce pouvoir est pour l'essentiel un pouvoir affectif, un pouvoir d'amour. Les enfants et adolescents sont pour beaucoup de familles le bien le plus précieux qui soit. Cela honore notre civilisation, bien qu'il reste encore beaucoup à faire pour que tous soient reconnus comme des biens d'amour.
Mais cette valorisation du pouvoir d'amour est souvent utilisée pour négliger la question du pouvoir social des adolescents. Quel pouvoir social en famille? Quel pouvoir à l'école.? Quel pouvoir dans les mouvements qui sont les leurs? Les voies de solution sont à chercher du côté de la négociation entre adultes et adolescents: négocier les choix de vie familiale, négocier la liberté et la solidarité, négocier les méthodes de travail à l'école, les activités dans un mouvement. De nombreuses formes de violence seraient évitées par la mise en place de cette attitude de négociation.
Parole, mais aussi écoute
Paroles bloquées, écoute distraite, violence des mots, refus d'entendre les conceptions de la vie des autres, mutisme entretenu
tout cela fait partie de la vie quotidienne des échanges entre adolescents et adultes. Un dialogue de sourd, ou plutôt de mal-entendant. Ce sont en même temps les violences les plus subtiles et les plus maléfiques.
Les voies de solution sont à chercher du côté de l'échange et de la communication. Il y a échange lorsque chacun est reconnu comme sujet original dans ses paroles, ses idées, ses sentiments, ses actions. L'échange ne vise pas à l'accord: il cherche l'entente. Il ne demande pas de renoncer à ses convictions; il cherche à les situer dans leur relativité. Il semble bien que, plus que l'accord de l'adulte, le jeune adolescent cherche son écoute attentive pour tenter de rentrer dans un réseau d'échanges plus large.
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