Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

La mère de Garfield

On se souvient que James Garfield, qui mourut président des Etat-Unis, est né dans l'état de l'Ohio, alors presque désert. Sa mère, restée veuve et sans ressources avec quatre enfants, surmonta des difficultés sans nombre grâce à sa foi et à son énergie. Son bon sens peut nous être un exemple; les pages qui suivent sont extraites de James Garfield par Thayer.


Les maîtres d'école, comme les cordonniers et les tailleurs, étaient logés et nourris par ceux qui les employaient et l'on considérait comme un grand privilège pour les enfants d'avoir un maître d'école à demeure.

A son arrivée il prit ses quartiers d'hiver chez Mme Garfield et coucha avec James et Thomas dans la soupente. Jim attira son attention et il remarqua bien vite son extraordinaire précocité. Ils devinrent fort bons amis et le premier jour qu'ils se rendirent ensemble à l'école, le maître mit amicalement sa main sur la tête de l'enfant.

- Mon garçon, lui dit-il, si tu t'appliques, tu deviendras un jour général.

James ne savait trop ce qu'était un général, mais il conclut que ce devait être quelque chose d'important, puisque le maître lui parlait ainsi. Cette remarque se grava dans son esprit, et pendant toute la durée des leçons, il sentit qu'il faisait le premier pas dans le chemin qui devait le conduire au grade de général.

Mais Jim savait qu'il y avait une personne qui se trouvait entre lui et toute science, entre lui et cet avenir inconnu. Elle saurait sans doute lui expliquer ce qui était un mystère pour lui. Sitôt de retour à la maison, il s'élança vers elle.

- Maman qu'est-ce que c'est qu'un général ?

- Un général ! dit Mme Garfield avec étonnement. Qui t'a donc parlé de général?

- C'est le maître qui m'as dit que si j'apprenais bien, je deviendrais général.

- Ah! fit la mère en souriant, et tu ne sais trop si cela te plairait ou non d'être général?

- Je voudrais savoir ce que c'est, insista l'enfant.

- Je vais te le dire mon fils; un général est un commandant. Ton arrière grand-père combattait sous les ordres d'un général pendant la guerre de l'indépendance, durant laquelle notre armée se battit bravement pour défendre les droits de notre pays.

J'espère que nous n'aurons plus besoin de généraux dans notre pays; c'est terrible de tuer ses semblables. En étudiant avec zèle, tu peux devenir un homme égal à un général, en honneur et en conscience. Il n'y a pas eu de généraux parmi nos ancêtres, mais plusieurs d'entre eux ont occupé une place tout aussi marquante.

Le maître avait compris qu'au fond de cette forêt vierge, il avait découvert le germe d'un grand homme et il était heureux d'avoir un tel élève sous ses soins.

L'incident suivant le déconcerta pourtant en quelque mesure. Le second jour après son entrée en fonctions, il avait établi la règle suivante: Défense de regarder autour de la salle pendant les leçons. Cette règle était une nouveauté pour les enfants. Jamais on avait été si sévère avec eux.

Pour James surtout, cette injonction était difficile à observer. Ses yeux et ses oreilles étaient plus pour lui que tous les livres du monde; il avait plus appris en regardant qu'en lisant. Se tenir immobile et droit sur son banc, les yeux fixés sur son livre, était un véritable supplice pour un enfant qui avait du vif argent dans les veines. Cependant il accepta la règle au fond du coeur et résolut de faire de son mieux. S'il devait devenir un jour général, ne fallait-il pas suivre de point en point ce que disait le maître? Mais il n'était pas a l'école depuis deux minutes que ses yeux avaient quitté son livre pour se fixer sur l'élève interrogé.

- James dit le maître d'un ton amical, tu as bien vite oublié la défense.

- C'est vrai, dit James laconiquement. Ses yeux retombèrent sur son livre, mais ce ne fut pas pour longtemps. Une nouvelle question adressée a un camarade les lui fit relever comme par enchantement.

- Comment ! encore une faute James ! vous avez courte mémoire.

Le petit garçon baissa les yeux, cette foi sans répondre; il avait bien l'intention d'obéir, mais des yeux comme les siens n'étaient pas faits pour observer pareille règle; c'était le maître qui était en faute. Il n'avait pas compris son élève. Pendant deux semaines il continua à reprendre James espérant le faire entrer dans son ornière, mais ce fut en vain.

James resta incorrigible, tout en ayant la ferme volonté de se corriger. Cette nouvelle discipline l'énervait. A force de penser à tenir ses yeux en bride, il oubliait ses leçons. Il devint ainsi lent à apprendre comme à retenir.

Enfin au moment de quitter la maisons de Mme Garfield, le maître se décida à lui parler de la chose en présence de James.

- Je ne voudrais pas vous faire de la peine, commença-t-il avec hésitation... James est un brave enfant, mais... il faut que vous sachiez...

- Continuez, dit Mme Garfield, que cette exorde solennel avait effrayée.

- James ne se conduit pas aussi bien à l'école que je l'aurais espéré.

- Comment cela? dit la mère, vous me surprenez.

- Je savais bien que cela vous affligerait, mais je crois de mon devoir de ne rien vous cacher.

Voyant qu'il hésitait, Mme Garfield crut qu'il s'agissait de quelque grand méfait.

- Eh bien? demanda-t-elle avec émotion.

- Voici ce que c'est, dit le maître. James ne se tient pas tranquille et n'apprends pas bien ses leçons. Je crains de ne pouvoir faire de lui un savant.

- Oh James ! s'écria sa mère.

On eut dit que le maître lui avait percé le coeur. Elle n'ajouta rien, mais cette exclamation avait un ton d'angoisse si poignant qu'elle alla droit au coeur du petit garçon. Elle l'avait envoyé à l'école pour faire de lui un savant, et voilà que ses espérances étaient détruites en un instant. Quoi de plus naturel que ce cri de désapointement?

- Je veux être un bon garçon ! s'écria Jim en fondant en larmes et en cachant son visage sur les genoux de sa mère. Je veux être un bon garçon!

Jamais il n'avait dit plus vrai.

Un pédagogue, quelque habile qu'il soit, ne réussira jamais à réprimer la force centrifuge de la nature. C'est ce que le maître avait voulu faire.

- Peut-être qu'il ne peut pas rester tranquille, dit enfin Mme Garfield. Il n'a pas été tranquille de toute sa vie.

- Je veux rester tranquille s'écria l'enfant sanglotant encore à coeur rompre.

- Peut-être avez-vous raison, dit l'instituteur d'un air pensif.

La remarque de la mère avait jeté pour lui un nouveau jour sur toute l'affaire.

- Jusqu'ici Jim a toujours bien fait ses leçons, dit sa mère.

- Je voudrais bien faire, s'écria le petit garçon à travers ses larmes.

- Je le sais, répondit sa mère. Il y a des garçons qui ne sont pas aussi sages qu'ils le voudraient; c'est peut-être le cas de Jim.

- Cher enfant, reprit le maître, touché par la douleur de Jim, soyons bons amis et essayons encore une fois. Allons, séchons nos pleurs et changeons les en sourire.

Le maître avait compris son erreur. La mère de son élève lui avait ouvert les yeux. Il résolut de ne pas contrarier la force centrifuge et d'adopter une nouvelle tactique. Le lendemain Jim retourne à l'école et le maître le laissa libre d'agir à sa guise. Le résultat fut excellent. L'enfant ne se tint pas tranquille, mais il fut heureux et naturel; ses yeux recommencèrent à errer autour de lui et ses oreilles à écouter les autres élèves. Le maître renonça à faire de lui un aveugle et un sourd, il lui permit de voir et d'entendre. Cela donna de l'émulation à Jim et fit ressortir ses bons côtés. Il ne tarda pas à devenir l'astre de l'école. Il se passa quelque temps avant que Mme Garfield revît le maître, qui avait transporté ses quartiers dans une autre famille. Mais il tenait à rassurer celle qu'il avait si cruellement affligée.

- Et bien! comment cela va-t-il avec James. Ce fut la première question que Mme Garfield lui adressa lorsqu'il entra chez elle.

- Parfaitement, dit le maître, avec une satisfaction évidente. Il est toujours en mouvement, mais il apprend mieux ses leçons qu'aucun de ses camarades.

- Vous avez donc renoncé à votre règle?

- Oui, je crois que vous aviez raison; c'est une nature qui ne doit pas être comprimée. Il s'efforçait d'obéir mais il n'était plus lui-même, reprit Mme Garfield. Jim ne ressemble ni à son frère ni à ses soeurs. Il est aussi agité que précoce. J'espére que cela tournera à son bien.

- Je vous en donne ma parole, répondit l'instituteur, votre fils marquera dans son siècle.

- S'il plaît à Dieu! dit la bonne mère. Tout son coeur passa dans ces mots.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève