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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Adolescence en trêve

Je m'appelle Caroline, je vais avoir seize ans, et j'ai l'impression que tout s'écroule en moi.
Suit une longue liste de ce qui ne va pas: mauvaises notes, peines de coeur, absence de l'«âme soeur» à qui se confier. Je me dis, conclut Caroline, que je suis une inutile totale. Des fois, je me sens si mal que j'ai l'impression de mourir. Mes parents mettent tout cela sur le compte de l'adolescence. Et moi je suis désespérée.
Mais… c'est l'adolescence! Celle, grandiose des liens à nouer, des lignes à dessiner. Celle, désespérante, oui, de l'invévitable solitude.
Caroline exprime admirablement cette quête de sens qui caractérise son âge, mais qui ressurgit aussi à chaque crise de la vie: la vie, ma vie sert-elle à quelque chose?
Comme beaucoup d'adolescents (et pas mal d'adultes), elle imagine sans doute que la réponse viendra du dehors. Il est vrai que trouver sa voie sur le plan professionnel, ou rencontrer le grand amour, c'est échapper - momentanément du moins - à cette quête de sens. Les causes, les modes, les groupes et les gourous de toutes sortes peuvent aussi donner une orientation à l'adolescent déboussolé.
Caroline n'a rien de tout ça. Et chercher, seulement chercher, comme elle le fait, c'est très dur. Elle le sait: Des fois je me sens si mal que j'ai l'impression de mourir.
Pourtant, comme le dit Peter dans le roman d'Yvette Z'Graggen: Chercher peut être en soi une raison de vivre. La faute, l'erreur c'est de croire trop tôt qu'on a trouvé.
Pour pouvoir chercher tranquillement, cependant, Caroline aurait besoin d'une trêve. Ce temps d'attente et d'expérimentation, le psychanalyste américain Erik Erikson l'a baptisé moratoire, (du latin morari: s'attarder, s'arrêter).
Certaines formes de moratoire sont bien tolérées, voire organisées par la société elle-même: l'année à l'étranger, le voyage après le bac, le service militaire et même la psychothérapie peuvent permettre à l'adolescent de «se chercher», sans s'engager encore pour de bon.
Plus moderne, le Mouvement de la jeunesse suisse romande offre aux jeunes qui «flottent» un moratoire de dix mois, sous forme de «fugue organisée». On peut imaginer qu'une telle halte aiderait Caroline à reprendre son souffle.









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