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Le temps apprivoisé
Quand un homme compile un dossier, envoie des avis de passage à ses clients ou dessine un plan, il ne pense ni au pain qu'il faudra acheter pour le souper, ni à la mauvaise note de son fiston, ni à sa vieille mère qui décline.
Il est tout à son affaire. Il a tiré la porte de sa maison derrière lui et n'a rien emporté de là-bas. Il protège son temps de travail et ne l'encombre surtout pas du temps des autres, visant avant tout l'efficacité et
la paix!
La femme, tout au contraire, «appréhende un temps jalonné, le sien, et plus encore celui de ses enfants», explique une psychologue française dans un article consacré par le magazine Marie-France (mars 1986) au temps apprivoisé. «Hantée par le sentiment qu'au bout de x années, ses enfants atteindront l'adolescence, elle s'occupe beaucoup d'eux. Ainsi est-elle conduite à multiplier les tâches à l'infini
»
Masochiste alors, cette femme qui case deux journées en une, trouve le temps de consoler un enfant, d'écouter une amie, de s'enquérir du collègue de travail, de passer à la pharmacie acheter un vermifuge pour le chat et de choisir une fleur pour la table du soir? Débrouillarde en tout cas, et sûrement contente et rassurée de se sentir utile et reliée aux autres par tout ce qu'elle fait pour eux. Même s'ils n'en demandent pas tant. Frustrée aussi, évidemment, éprouvant perpétuellement un sentiment d'inachevé, essoufflée. Mais ayant exorcisé un grand vide qu'elle craint en elle.
Les manières féminines sont chargées d'humanité. Et les journées peau de chagrin en sont éclairées. Bien sûr, le temps mignon qu'on voudrait rien qu'à soi diminue. Et là, le bât blesse. Car si l'on ne sait plus grappiller pour soi des moments de plaisir, d'absence, de silence ou de réflexion, on devient vite insupportable aux autres et à soi-même.
Au lieu de rassembler, on se disperse et l'on se perd.
Mais je crois les femmes intuitivement douées pour s'octroyer, sans en avoir vraiment l'air, des pauses affectives, des moments agréables, pour glisser la tendresse là où l'homme ne met que la froide efficacité.
Elles n'ont pas de recettes précises, et la gestion scientifique du temps tue ces trucs qu'elles inventent pour respirer. Leur temps s'inscrit toujours dans l'affectif, et, parfois, l'affectif paie.
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