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Nos devoirs envers la jeunesse moderne

La jeunesse actuelle! Quelle attitude prendre à son égard? Quels sont nos devoirs envers elle ? Quels parents n'ont été préoccupés de cette question? Et pour lesquels d'entre eux n' a-t-elle pas soulevé des problèmes parfois angoissants?

Le monde marche, l'humanité n'est pas stationnaire; de tout temps, les générations jeunes se sont différenciées de celles qui les ont précédées, non pas seulement par leur âge relatif, mais par un tempérament, des manières de voir, une mentalité différente. Nous, parents d'aujourd'hui, lorsque nous étions jeunes, différions de nos parents. Mais à aucune époque, croyons-nous, le «saut» entre les générations n'a été aussi marqué qu'à la nôtre. La mentalité de nos enfants est à beaucoup d'égards plus distante de la nôtre que la nôtre dans notre jeunesse ne l'était de celle de nos parents, et il doit se faire en nous un travail intérieur beaucoup plus considérable pour nous amener au niveau de nos enfants et nous permettre de les comprendre, que cela n'a été nécessaire pour nos propres parents à notre égard. Cette observation n'est point, croyons-nous, uniquement personnelle; elle est le fruit de l'expérience de nombreux parents, beaucoup d'entre eux sont souvent angoissés, ils se sentent étrangers à un état d'âme et d'esprit sur lequel cependant ils doivent agir, ils ne se reconnaissent plus eux-mêmes dans ceux auxquels ils ont donné le jour et qu'ils doivent préparer à la vie. Les lignes qui suivent, fruit d'une causerie présentée dans une réunion de mères, seront peut-être bienvenues à quelques-uns.

L'homme est toujours le même, et quant à leur caractère général, les jeunes gens de tous les siècles se ressemblent, mais les circonstances, les habitudes, les moeurs varient et créent des mentalités nouvelles. De là la transformation que nous constatons, plus sensible d'ailleurs dans le développement des jeunes filles que des jeunes hommes, mais il y a réaction des uns sur les autres. Quelles sont dans notre vie moderne les circonstances spéciales qui ont pu influer sur la jeunesse et sur quels points celle-ci se trouve-t-elle modifiée par rapport à nous? - Nous en indiquerons sept.

1° Le mouvement des idées devient toujours plus vif à mesure que la civilisation se développe; comparons avec 30 ou 40 ans en arrière et nous observerons que, dès leur plus jeune âge, nos enfants sont, par les affiches, mis au contact avec une foule de faits et d'idées; des journaux de la nature la plus variée et traitant de tous les sujets sont entre leurs mains et les mettent au courant de ce qui se passe jusqu'aux extrémités du monde; il font à un âge encore peu avancé des voyages auxquels nous ne songions pas facilement; l'instruction est plus répandue et plus vaste; il en résulte que l'intelligence de nos enfants est plus vivement excitée, leur esprit est plus ouvert, leurs connaissances plus nombreuses, leur horizon plus étendu.

2° L'exigence du pain quotidien et la nécessité d'entreprendre une carrière sont imposées à la femme moderne autant qu'à l'homme; le champ de l'instruction lui a été plus largement ouvert, des carrières nouvelles ont surgi devant elle; stimulées par ces facilités beaucoup de jeunes filles pour lesquelles le gain de l'existence n'était pas une obligation, ont senti s'éveiller en elles le désir de l'étude et celui du travail; en même temps certains préjugés disparaissent, et nombreuses sont celles qui se sont mises à «faire des études» littéraires, médicales, juridiques ou à consacrer leurs forces à une oeuvre spéciale.

3° Ces divers faits ont amené pour nos jeunes une vie intérieure et extérieure beaucoup plus promptement indépendante; ils ont eu leurs intérêts à eux, distincts de ceux de leur parents; ils ont pris conscience d'eux-mêmes, ils ont éprouvé le besoin de s'affirmer: plusieurs journaux ne leur accordent-ils pas la «page des jeunes»?

4° A cela et dans un tout autre domaine, mais concourant au même résultat, s'est ajoutée la multiplication des sports: la bicyclette permet de franchir sans peine de grandes distances, c'est à dire de s'éloigner du centre de famille; le patinage et le tennis augmentent et consacrent le besoin et les rapports de sociabilité encore aux dépens de la famille; les sports procurent une plus grande indépendance, développent certaines qualités physiques, et ne sont point étrangers à la formation de certains côtés de l'être moral.

5° Ces diverses modifications de la vie de notre jeunesse ont tout naturellement amené une transformation dans les relations mutuelles de nos jeunes gens et de nos jeunes filles; dans ce domaine nous avons fait un grand pas dans le sens de la liberté, et celle-ci s'installe constamment plus avant dans nos moeurs. Etudes et jeux rapprochent les deux sexes et il ne peut être question de la réserve d'autrefois; libre abord, promenades en commun, correspondance, toutes choses qui, de notre temps, étaient fort loin des habitudes, sont devenues coutumes quotidiennes, et mal venu est celui qui prétend y faire objection. Ces allures nouvelles ne sont pas sans écueil, il faut toutefois reconnaître qu'elles ont beaucoup d'avantages, et trouvent leur légitimation dans les excès de réserve auxquels nous fûmes autrefois soumis.

6° Tout cela crée parmi nos jeunes des aspirations nouvelles vers la connaissance et vers l'activité; ils veulent être au clair sur plus d'un problème qu'ils n'abordaient pas autrefois, et ils ont besoin d'une activité à laquelle précédemment ils n'aspiraient point. Le portrait de la femme que Schiller traçait en vers mélodieux et l'idéal qu'il plaçait par là devant les jeunes filles, limitant leur action au rayonnement de charme et de grâce qui doit émaner d'elles au foyer domestique ne leur suffit plus. Elles veulent remplir leur vie, elles veulent porter remède dans la mesure de leurs aptitudes aux misères sociales, elles veulent agir.

7° Enfin c'est dans le domaine religieux que nous éprouvons aussi que nos enfants ne pensent plus comme nous. Nous ne leur en voudrons pas de réagir contre tout formalisme, de secouer ce qui relève de l'habitude, et d'éprouver un besoin de vérité, de sincérité qui leur donne à l'occasion une attitude quelque peu radicale; nous ne les blâmerons pas non plus de répugner parfois aux formes un peu surannées et traditionnelles de nos cultes. C'est dans leur attitude vis à vis de la Bible et dans leurs expériences religieuses que nous constatons une différence. Au travers du grand travail critique qui s'est opéré dans les 50 dernières années, nous avons vu nous-mêmes se modifier la notion que nous avions de la Bible, mais nous bénéficions encore de l'autorité qu'elle revêtait pour nos pères, de l'a priori de respect et de soumission dont nous l'avons vue entourée; pour nos enfant, la Bible demeure grâce à Dieu la Bible, mais ils ont parfois vis à vis des auteurs sacrés comme vis à vis de leur parole une attitude dont la liberté, presque la désinvolture nous surprend ou nous scandalise. Et, quant à l'expérience religieuse, si nous consultons les plus sérieux parmi eux, nous constatons que leur notion du péché n'est pas la nôtre. Pour nous le sentiment du péché a constitué un élément fondamental de notre vie religieuse, l'édifice de nos expériences chrétiennes s'est élevé sur la base de cette première expérience. Nos enfants n'ignorent ni ne nient le péché, mais ce qui les saisit dans le christianisme, ce n'est pas la paix procurée à une conscience angoissée, et par là le besoin d'un Sauveur; c'est plutôt l'idéal chrétien, les forces reçues pour une vie sainte, la grandeur du royaume de Dieu. Serait-ce là une observation personnelle et restreinte? Nous ne le croyons pas: un pasteur disait récemment à un ami: «Il faut reconnaître que le Saint-Esprit parle aujourd'hui à nos enfants d'une façon différente de celle avec laquelle il nous a parlé». Et un autre me disait plus récemment: «Le christianisme de nos enfants ne sera pas notre christianisme, mais ce sera quand même le christianisme.» Nous admettons cela, toutefois nous croyons qu'il y a là une lacune, dont triomphera, espérons-le, le développement ultérieur de leur piété et de leur foi sous l'action de l'Esprit de Dieu, mais cela donne à leur piété quelque chose qui la fait différer de la nôtre. D'un autre côté si leur vie intérieure personnelle creuse en eux un sillon moins profond, nos jeunes gens sérieux trouvent pour la développer des secours que nous n'avons de loin pas connus: ces multiples associations, ces groupes gymnasiens, ces camps d'été pour les jeunes filles comme pour les jeunes gens, le beau mouvement des Etudiants chrétiens, Montricher, Chanivaz, Sainte-Croix offrent aux jeunes chrétiens d'aujourd'hui de nombreuses et précieuses occasions d'entrer en contact, d'échanger leurs expériences, de se fortifier dans la prière et l'étude en commun, d'entendre des appels impressifs, en même temps qu'ils leur procurent des armes pour travailler à l'évangélisation de leurs camarades. Si l'avenir de la jeunesse nous inspire parfois de l'inquiétude, il faut nous réjouir du beau mouvement religieux auquel nous assistons dans son sein et qui entraîne tant de jeunes gens des deux sexes vers une vie de consécration et de service.









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