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Enfant de ma patience
Stephan a eu une place difficile dans la famille, une scolarité difficile aussi. Il s'ennuyait affreusement à l'école et trouvait toujours des trucs malins pour échapper aux contraintes. Il lui est arrivé de se servir dans mon porte-monnaie ou de «trouver» de l'argent là où personne n'en trouvait habituellement. Je le soupçonnais même d'aller cacher de l'argent là où il le trouverait ensuite. Allez connaître la vérité! Ses regards perçants retrouvaient aussi des choses que je perdais et il avait dans toutes les situations, des solutions intelligentes à proposer.
Nous avons essayé de lui confier un peu plus d'argent, de lui faire tenir et présenter ses comptes: cela ne jouait jamais. Il y avait ou trop, ou trop peu et les explications qu'il donnait ne tenaient pas debout. Des discussions franches ne clarifiaient pas plus les choses.
J'étais très angoissée par cette situation et me demandais très souvent quel serait l'avenir de Stephan. Un jour, j'ai eu le privilège de pouvoir m'ouvrir de ce problème à une grand-maman. Elle m'a dit que la première qualité qu'elle développerait chez un enfant, si elle avait à en élever encore, ce serait la confiance.
Il était manifeste que Stephan n'avait pas confiance en moi et malgré le lien affectif très fort qui nous unissait, il avait peur. Aussi ai-je décidé de laisser en second plan tout ce qui n'était pas la confiance réciproque. Tant pis si les notes scolaires étaient catastrophiques, si ses souliers n'étaient ni lacés ni cirés, tant pis s'il me «piquait» encore de l'argent, l'important était qu'il reprenne confiance en moi et moi en lui. Et s'il devait recommencer une année scolaire, notre confiance était encore plus importante que cela. Mais son jardin secret était bien gardé et je ne voulais pas y pénétrer. Alors je l'ai félicité chaque fois qu'il me disait la vérité. Je lui disais que sa franchise m'importait plus que tout et que la confiance est une bonne manière de s'aimer.
Puis nous avons développé ses activités extra-scolaires. Mais comme il détestait les structures trop rigides, nous l'avons mis dans un atelier de peinture Arno Stern et favorisé la créativité sous toutes ses formes à la maison.
Combien de fois n'ai-je posé mon ouvrage pour demander à Dieu de changer mon regard sur notre enfant et au retour dans la pièce, calmée, je pouvais de nouveau affronter notre bonhomme avec confiance.
Au bout de deux ans, Stephan avouait ses bêtises. Puis leur nombre a considérablement baissé et sa vie s'est redressée à tous points de vue et je peux dire maintenant que notre fils est un garçon de confiance.
La confiance était venue à bout de son problème et du mien.
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