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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Crise de l'école?

Jean-Frédéric Sandoz, directeur depuis plusieurs années d'un Cycle d'orientation, nous livre ses réflexions sur la «crise de l'école publique»; mettre son enfant dans une école privée signifie-t-il que l'école publique soit en crise ou n'est-ce pas plutôt l'éducation dans son ensemble qui va mal?
Quand on aborde ce problème, il est habituel de parler de la démission des parents; faut-il leur lancer la pierre? Il est difficile d'être père ou mère face à des adolescents qui aimeraient trouver comme vis-à-vis des adultes déterminés, épanouis, bien dans leur peau. Ces adultes, quand on est adolescent, on les provoque, on conteste leurs idées, leurs attitudes, on les affronte avec le secret espoir qu'ils sauront démontrer leur solidité personnelle et le bien-fondé des valeurs auxquelles ils sont attachés.
Or, ce qui se passe très souvent, c'est que l'adulte, pris entre ses angoisses et ses contradictions, n'est pas en mesure de servir de partenaire à l'adolescent. Celui-ci, pour structurer sa propre personnalité, aurait besoin de se mesurer, de se confronter à un adulte véritable, qui jouerait un peu le rôle qu'un «sparing partner» assume auprès d'un boxeur à l'entraînement.
Un bon «sparing partner» doit savoir esquiver les coups du boxeur ou les parer, peut-être parfois les rendre, mais il ne doit en aucun cas écraser son poulain. Il est là pour l'aider à acquérir et à développer une technique pugilistique. C'est un rapport de cette nature qui devrait s'instaurer, toutes proportions gardées, entre un père et son jeune fils. Or, dans la réalité, on voit beaucoup de parents incapables d'aborder des jeunes dans cet esprit. Ils sont trop inquiets devant les manifestations d'une crise d'adolescence qu'ils ne parviennent pas, très souvent, à juguler. Alors ils adoptent une position de retrait. Ils quittent le terrain, dépités et amers.
L'adolescent paie cher cette apparente victoire. S'il triomphe momentanément en voyant qu'il reste seul en lice, il s'angoisse aussi profondément en constatant qu'il ne trouve pas en face de lui un répondant à la hauteur. Et comme il est devenu objectivement difficile pour un adulte, en 1985, de jouer le «sparing partner» face à des adolescents porteurs d'un grand nombre de contradictions ou des interrogations de leur époque, beaucoup de parents démissionnent faute de savoir comment s'y prendre.
Il n'y a alors aucune raison - mise à part toutes les exceptions heureuses - pour que des enseignants acceptent plus volontiers de revêtir ce rôle ingrat. Pourraient-ils, d'ailleurs, se substituer aux parents défaillants?…
Beaucoup d'adolescents souffrent donc de carences affectives dans leur famille. Ils transposent inconsciemment leurs demandes dans ce domaine auprès de leurs professeurs qui, assez fréquemment, se trouvent désemparés face au désarroi qu'ils perçoivent ou qu'ils devinent chez leurs élèves.
C'est avant tout sur ce terrain, que le malaise de l'école semble se situer. La crise dépasse largement la problématique enseignement public - enseignement privé. Elle tient à une attitude générale des adultes face aux jeunes.
Il n'y a pas, actuellement, de méthode standard qui réussirait toujours, et partout. C'est pourquoi, au lieu de parler, à propos de notre école, de carences, je parlerais plutôt d'un certain sentiment d'impuissance des enseignants face aux problèmes que posent les jeunes. De là, beaucoup de tâtonnements, d'incertitude, voire d'incohérence. Une expérience qui «marche» avec un tel groupe d'élèves ne conviendra pas forcément à d'autres. Un style d'enseignement très directif, avec un travail structuré, précis, et des exigences strictes, sera payant pour certains, alors que d'autres bénéficieront davantage d'un régime de nondirectivité bien pensée et intelligemment mise en oeuvre.
Ainsi, le vertige qu'on éprouve devant les problèmes de la jeunesse pousse à une inflation d'innovations de tous genres qu'on abandonne parfois à peine mises en oeuvre. Cela fait partie du désarroi dont j'ai déjà parlé. C'est pourquoi, j'insisterai, plus que sur les structures ou même sur les méthodes, davantage sur l'influence du maître. Ses exigences, dans tous les détails de la vie et du travail scolaires, ordre, propreté, matériel, ponctualité, corrections… me paraissent un point fondamental. Et là, il est clair que ce n'est pas une manière de caporalisme que je préconise. Il s'agit d'abord de l'exempte de l'enseignant lui-même, puis de sa fermeté face aux élèves. On ne peut faire du bon travail dans une école débraillée.
A propos de l'exemplarité du professeur, et de son inéluctable nécessité pédagogique, j'avoue que beaucoup, aujourd'hui, ont de la peine à l'admettre. Cela tient à l'influence dominante d'une mentalité générale qui peu à peu envahit tous les domaines de notre vie. Un certain refus de se plier soi-même à une discipline collective. On peut y voir, en plus d'un cas, des causes de mauvais fonctionnement de l'institution, voire d'échecs.
J'en dirai autant de la familiarité qui tend à s'instituer, dès l'école primaire, entre élèves et maîtres. Certains instituteurs demandent que les écoliers les tutoient ou les appellent par leur prénom. Cela peut sembler fort sympathique. Mais n'oublie-t-on pas, par une telle attitude, la valeur et la force de certains symboles auxquels les enfants sont très sensibles? Pour ma part, je le crois. Car l'essentiel, dans la relation pédagogique, c'est le développement de la loyauté, du respect profond de l'autre, qu'il soit professeur ou camarade.









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