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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Argent de poche

«En lisant certains articles dans votre journal (Rentrées tardives, La tanière, Par à-coups, par exemple) je pense aux «Messages aux jeunes parents» dont j'ai grandement bénéficié en son temps.
Maintenant que mon aînée entre dans l'adolescence, j'aimerais parfois ouvrir un petit classeur et tomber pile sur le sujet qui me préoccupe…
Ce serait agréable d'avoir quelques expériences vécues rapportées brièvement à la manière des articles cités plus haut. Par exemple: L'argent de poche. Combien, à quel âge, pour quelle utilisation, budget ou non».

M. Steinmann (Versoix)


En attendant le ou les articles de notre cru que vous souhaitez, nous vous proposons quelques commentaires de Liliane Roussy («Construire» du 12 février 1986) à propos d'une enquête menée auprès de jeunes de quinze ans.

Les jeunes, d'une quinzaine d'années, d'où leur vient l'argent si l'on excepte la manne parentale, sont-ils ou non satisfaits et, surtout, comment gèrent-ils leurs sous? Pour le savoir, nous avons utilisé une formule prudente afin de ménager secrets de famille et susceptibilités: un questionnaire à remplir de façon anonyme.
Depuis quand disposent-ils régulièrement d'un pécule? «Depuis toujours» affirment certains. Quelqu'un a même dessiné une poussette dans laquelle un bébé brandit un billet de cent. En réalité, le début des «prestations» s'échelonne. Entre l'école primaire et le cycle d'orientation, les parents dansent un tango argentin. Ils octroient quelques deniers dès 6, 8, 10, 12 et même 15 ans. «On ne me donne rien, dit une jeune fille, mais ma mère m'achète tout ce qui me fait envie». On peut présager sans se tromper beaucoup qu'elle aura, devenue adulte, quelque peine à boucler ses fins de mois. Un de ses camarades, lui, reçoit de l'argent «depuis qu'il sait que ça existe».

De 10 à 250 francs

Quant à la somme allouée mensuellement, elle varie entre 10 francs pour un garçon qui trouve que c'est bien peu et 250 francs pour une demoiselle qui souligne qu'elle n'appartient pas à une famille aisée. «J'ai 40 francs et je suis contente parce qu'il y en a qui n'ont rien». «J'ai 30 francs, c'est assez, parce que plus j'en ai, plus j'en dépense». «Plus de 15 francs ne me servirait à rien». «J'ai 100 francs et je ne me plains pas». «J'ai 100 francs, je ne suis pas content du tout. Je désire encore plus». La moyenne calculée, nous sommes arrivés à 45 francs par personne et par mois.
A l'argent de poche alloué par les parents vient s'adjoindre le salaire de petits travaux. En effet, plus des deux tiers de nos collégiens se débrouillent pour mettre du beurre dans les épinards. Si la plupart des filles font surtout du baby-sitting (8 francs de l'heure, parfois plus, parfois moins), certaines aident au ménage ou assistent leur père au bureau ou à son commerce. L'une d'elles promène un chien contre 50 francs par mois. «C'est presque mieux payé que le baby-sitting » remarque sans plaisir une nourrice d'occasion. Les activités rémunérées de l'ensemble des jeunes sont multiples: tonte de gazon, coupe de fleurs fanées, ramassage de balles de golf, lavage de voitures, livraisons pour une pharmacie, monte de chevaux, leçons de solfège ou aide pour les devoirs à plus jeune que soi, coups de main dans une ferme, etc. L'un de ces messieurs passe l'aspirateur pour 10 francs.

Des sous pour quoi?

Ils ont pensé à tout, même à jouer à la loterie et à rendre les bouteilles vides. Certains touchent aussi un «supplément» des parents et/ou des grands-parents pour leurs bonnes notes ou leur bonne conduite. De suppléments en majoration, sans oublier les anniversaires, la moyenne initiale de 45 francs a crû et embelli.
Alors qu'en font-ils, de cet argent reçu ou gagné? Tout ce qui produit des sons ou des images leur coûte cher: transistors, disques, cassettes musique ou vidéo. L'achat d'un appareil dépasse largement leur budget mensuel et mérite réflexion.
Et puis, il y a le vélomoteur, enjeu de longs débats familiaux contradictoires. On ne le conquerra le plus souvent que de haute lutte. Les parents redoutent à juste titre un accident et citent des exemples à faire dresser les cheveux sur la tête. Le requérant, lui, prétendra avec mauvaise foi que tous ses copains en possèdent déjà un et qu'il est le seul à être encore condamné à pédaler. A ce stade, les négociations feront état de la somme importante à investir et évoqueront la participation éventuelle du futur propriétaire au financement, ce qui aura pour effet de repousser le problème.
Plus tard, il lui faudra généralement payer l'essence et parfois une partie des réparations ou des pièces de rechange pour ceux qui réparent eux-mêmes. Le vélomoteur tant convoité pour lequel on aura peut-être travaillé pendant une partie des vacances pèsera assez lourd dans le budget. A tel point que certains, et surtout certaines, n'en veulent pas; bien sûr, ils sont largement minoritaires, mais leur avis n'en est pas moins catégorique: «Je pourrais en avoir un mais je n'aime pas ça».
Et les vêtements? Quelques-uns contribuent à leur achat, mais ils avouent qu'il s'agit plutôt d'extravagances que les parents n'apprécieront guère.
L'âge tendre n'étant pas tout à fait dépassé, ils se ruent avec enthousiasme sur les petits pains de la récréation, sucent force bonbons et mâchent des kilos de chewing-gum. Lorsqu'ils s'offrent entre amis un repas «gastronomique », il est fortement question de hamburgers et de ketchup. Alfonso, qui n'a pas pris la peine de s'inventer un pseudonyme, avoue que «chaque fois qu'il va en ville, ça lui donne faim».
Beaucoup d'entre eux fument, tout en déplorant le prix élevé des cigarettes. Les demoiselles sont intéressées par les produits de beauté, les eaux de toilette, les bijoux fantaisie, tandis que les garçons dépensent leur fortune en jeux, modèles réduits ou accessoires de sport. Bien peu d'entre eux achètent des journaux. Serait-ce le signe qu'il n'existe pas de parutions correspondant réellement à leurs intérêts?
Côté spectacles, ils ne paient le plus souvent que le cinéma, «même si c'est cher», disent-ils, les billets pour les «machins culturels» - comme les concerts ou le théâtre leur étant offerts par les parents.

Economisent-ils

Economisent-ils? Un peu, et même passablement. L'épargne est décidément bien ancrée dans la mentalité suisse. Un garçon a écrit: «C'est obligatoire pour survivre». Un autre met cinq francs par mois à la banque, un autre «le plus possible» et il dépense le reste. Un prévoyant capitalise un tiers de ses sous en vue d'un camp de scouts en Australie dans deux ans. Le vélomoteur - toujours lui -incite également à la prévoyance.

Font-ils des cadeaux?

Font-ils des cadeaux? Surtout les filles; certaines y prennent même grand plaisir. Les «riches» sont les moins généreux. Un jeune Harpagon qui reçoit 100 francs par mois répond:.«Je ne fais jamais de cadeaux, ou alors, de temps en temps, quelque chose qui ne coûte pas plus de cinq francs». Un autre radin avoue qu'il en fait, mais à lui-même! Un troisième répond: «Oui… malheureusement». Un quatrième a imaginé un slogan: « Des économies, oui, des cadeaux non!» Généreux ou avares, près de la moitié d'entre eux établissent un budget. Mais certains le font «sans calculer». Ce doit être une méthode moderne. Ils le font aussi «dans la tête».
Méditons un instant. Leur attitude reflète-t-elle, face à l'argent, celle des adultes ou se distingue-t-elle par une originalité quelconque? A vous de juger! Mais certains postes de dépenses vous auront peut-être choqués: comment, tant de cigarettes au budget malgré les campagnes anti-tabac sans cesse renouvelées? Eh oui, malheureusement. Mais sommes-nous sûrs de donner le bon exemple?

Construire, février 1986









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