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DE LEUR CÔTÉ. L'enfance. Se rassurer

Pas d'âge pour les «pattes», «chonchons» et «nounours»

Depuis tout petit il la traîne partout. Elle dort avec lui, l'accompagne dans ses déplacements, sèche ses larmes, comprend ses chagrins, le rassure quand il a peur.
Elle connaît toutes les étapes de sa vie. Elle a subi ses rages, la poussée des dents, elle a soutenu ses premiers pas, effacé ses cauchemars, réparé les injustices. Elle l'a accompagné à l'école, chez le médecin, guidé dans l'inconnu…
Hé non! ce n'est pas sa mère. C'est bien mieux que ça: c'est… sa PATTE.
En clair, c'est un infâme chiffon, le plus souvent sale et déchiré.
C'est vrai, depuis quelque temps, maintenant qu'il a cinq ans, ils prennent un peu de distance l'un par rapport à l'autre. La patte reste le plus souvent à la maison. Elle ne sort plus guère si ce n'est parfois pour aller dormir chez grand-maman. Les nuits sont longues et noires, et sa douce compagnie reste indispensable pour assurer un bon sommeil. La journée, elle console encore les chagrins et panse les blessures.
Est-elle menacée de chômage?
Nous n'en sommes pas encore là.
L'autre jour, par exemple, Fabien nous embrasse toutes deux, sa patte et moi, avant de partir à l'école.

- Parce qu'elle est douce, elle sent bon et je l'aime aussi, a-t-il expliqué.

Il n'aurait pas eu besoin de se justifier. Je comprends parfaitement que c'est un substitut agréable, pas contrariant, toujours disponible et tendre. Un petit bout de sécurité qu'il est dur de laisser derrière soi.
Bien sûr, il me semble parfois que ça fait bébé, qu'il exagère, qu'il est trop grand…
Mais, tout bien réfléchi, j'ai aussi quelques objets sans valeur auxquels je suis attachée, mes livres notamment, et que je traîne derrière moi à travers vents et marées. Il me les faut pour me sentir à l'aise.
Finalement, il n'y a pas d'âge pour les «pattes», « chonchons », « nounours», «copains» et autres «bibelots».
L'essentiel étant de se sentir bien dans sa peau.


«chez lui» permanent, son lieu

Je connais un petit garçon de trois ans, qui ne se déplace jamais hors de chez lui sans un cabas de respectables dimensions, vu la taille du propriétaire. C'est un sac de toile bleue avec une poche en forme de pomme, assez vaste pour engloutir un nombre respectable de trésors. Le contenu peut varier, il est toujours assez hétéroclite: deux ou trois modèles réduits d'autos, un ours en peluche dont le ventre recèle une boîte à musique, un petit chien vêtu d'un jean et d'un gilet, quelques cartes représentant des animaux ou des paysages, un beau caillou, un sifflet, quelquefois aussi le dernier jouet reçu et, bien entendu, au moins deux exemplaires de ses chers et irremplaçables «nou-nou», chiffons originairement blancs, dans lesquels il se réfugie, le pouce à la bouche, dans les moments de fatigue ou de désarroi.
Quand on l'emmène à la crèche, quand il accompagne sa grand-mère en ville ou au jardin public, le sac bleu doit être accroché à la canne du pousse-pousse. Pendant la sieste, il trône à la tête du lit. Le bout d'homme ne s'en sépare vraiment, le laissant à une patère du vestibule, que lorsqu'il est absorbé par un jeu ou par une histoire, ou goûtant les «câlins» dans des bras accueillants.
De temps en temps retentit un cri angoissé: «Mon bleu-sac, l'est où?»
Et quel soulagement quand l'objet bien-aimé est de nouveau sous sa main!
Mais ce qui peut surprendre, c'est que ce sac aux trésors, si précieux, si chéri, n'a apparemment pas d'autre fonction que d'accompagner son propriétaire. Presque jamais son contenu n'est utilisé, ni même sorti pour inventaire.
Cet enfant, dont la mère travaille, passe le plus clair de son temps hors de chez lui. Il aime bien la crèche, où il retrouve des copains et «des filles» et dont il rapporte fièrement des bricolages. Il est aussi souvent chez sa grand-mère, pour une nuit ou une journée, et il y a ses habitudes. Il a, en somme, plusieurs maisons.
Alors, son sac bleu, c'est son «chez lui» permanent, son foyer personnel. L'avoir près de lui fait sa continuité, son identité. Même s'il ne se réfugie pas à l'intérieur, c'est sa coquille d'escargot, sa «vraie maison» à lui, son lieu.









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