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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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DE NOTRE CÔTÉ. Eduquer: qu'est-ce que c'est?

Un geste, un regard, une explication suffirait parfois

«Le premier jour, moi qui suis grand, je me cognais partout dans le bateau, d'autant plus qu'il fallait faire vite pour les manoeuvres et que tout le monde était assez nerveux.

La première fois, quelqu'un m'a dit:
- Tu ne peux pas faire attention, voyons!

La deuxième fois, suite à un terrible juron de ma part:
- Pas besoin de crier comme cela. Ça arrive à tout le monde!

La troisième fois:
- Quel maladroit tu es!

La quatrième fois en sortant de la cabine, ma tête a fait «boum» et «reboum» contre le battant de la porte, et j'ai vraiment cru que le ciel m'avait abandonné quand quelqu'un d'autre est venu avec une lavette pleine de glaçons et me l'a mise sur le front… Aujourd'hui cela va mieux. Je ne me cogne plus!»

Combien nombreux sont les gens qui se croient obligés de toujours faire des commentaires en guise d'éducation… Souvent un cri de souffrance est un appel à un peu de compassion. Eduquer n'est pas écraser. Un geste, un regard, une explication calme suffirait parfois… car qui dit «éducation» ne dit pas forcément faire la morale à tout prix.


En quoi cela l'aidera-t-il!

Je me souviens d'avoir lutté tout un après-midi avec mon fils - qui, à cette époque, n'avait pas trois ans - pour lui faire ramasser une boite d'allumettes qu'il avait renversée en jouant. Menacé d'une fessée s'il ne s'exécutait pas, il l'avait préférée… et reçue.
Ensuite, j'avais réitéré mon ordre «Ramasse ces allumettes» pour n'obtenir en réponse qu'un petit visage fermé aux lèvres serrées.

- Alors, tu veux encore une fessée? Un hochement de tête a dit oui et la fessée a été redonnée…

A un certain moment, une sorte de vertige m'a pris: «Il n'a pas trois ans… Jamais je n'arriverai à en faire façon…» Et de nouveau l'alternance ordre, refus, fessée…

Après un temps qui m'a semblé infiniment long, les allumettes ont fini par être ramassées… de guerre lasse… car nous étions tous les deux épuisés. Je n'avais certes pas «gagné» et lui, même s'il avait fini par s'exécuter, n'était absolument pas «vaincu».
En repensant beaucoup plus tard à cet après-midi, je me suis dit que mon comportement avait été absolument faux. Mon fils avait choisi: la fessée au lieu de l'obéissance. Pourquoi, fessée donnée, ai-je insisté pour qu'il obéisse quand même…? Je ne respectais par la «convention» et son refus était alors logique… Alors pourquoi ai-je insisté? Est-ce que ce n'était pas pour montrer que j'étais la plus forte, que les parents ont raison et que c'est le rôle des enfants d'obéir?Je faisais semblant de lui permettre de choisir, mais en fait, dans mon esprit, je lui refusais ce droit. Malgré mes beaux principes bien souvent exprimés, je n'avais pas traité mon fils avec le respect dû à un être humain.
J'ai essayé de parler de tout cela avec mon fils. Il n'a gardé aucun souvenir de ce fait de son enfance. Mais moi j'y reviens souvent, car cela me rappelle que l'éducation a pour objet le vrai bien de l'enfant, c'est-à-dire le développement harmonieux de toute sa personnalité. Si je commande, punis - ou récompense - la question devrait être: «En quoi cela aidera-t-il mon enfant?» et non pas «Il faut que je lui montre que je suis la plus forte!»


L'amour d'abord

Laure goûte avec un petit copain plus jeune qu'elle. Elle a beaucoup de peine à le convaincre de ne pas tremper ses doigts dans la confiture, de boire proprement et de se tenir convenablement.
Elle donne de nombreux conseils, qui, pour la plupart, restent lettres mortes, son petit invité continuant à s'en donner à coeur joie, au mépris de la bienséance.
Découragée, elle demande:
- Maman, comment on fait pour élever un enfant?
- Heu!… Ben!…
Je bredouille un bon moment avant de m'avouer que, ma foi, je n'en sais trop rien. Et pourtant, j'ai deux enfants que je devrais élever, justement.
J'ai appris à raisonner, à calculer, à lire, à coudre, à faire le ménage, à enseigner… quantité de choses utiles… parfois.
A élever les enfants, tâche qui occupe actuellement la plupart de mon temps, jamais!
Bien sûr, j'ai quelques idées sur la question, j'ai des souvenirs, je reproduis les schémas que je tiens de mes propres parents, ou j'en prends le contre-pied, suivant les cas… Je pimente tout ça de quelques trucs glanés au fil de mes lectures, j'y ajoute un zeste d'expérience, quelques conseils donnés par des connaissances, plus, si possible, beaucoup de bon sens.
De méthode, point!
J'ai suivi des cours de psychologie et de pédagogie, mais je n'ai aucune base solide en matière d'éducation quotidienne. En fait, le métier de mère ne s'apprend nulle part.
Comment élever les enfants?
Comme je peux, en tâtonnant, au coup par coup, en suivant mon intuition, en commettant des erreurs aussi, l'essentiel n'étant pas, je crois, de savoir, mais de comprendre et d'aimer.
L'amour d'abord !… Le respect, la politesse, le savoir-vivre, les mille et une contraintes de la vie sociale suivront tôt ou tard.
L'aimer… C'est ça, élever un enfant.


C'est peut-être toi qui avais raison

«Ma génération s'est trompée.»
Je la regarde d'un air incrédule. La cinquantaine passée depuis peu, ma mère pose un regard lucide, trop lucide parfois sur ce qu'a été sa vie.
«Après la guerre, on avait besoin de rattraper le temps perdu. Finies les privations, on voulait le maximum. Oh! pas seulement pour nous, mais aussi pour nos enfants. A chaque nouvelle acquisition, quelle fête ! La première télévision: des souvenirs inoubliables. Seulement, peu à peu on s'est pris au jeu. Il a fallu acheter la chaîne hifi, la panoplie des appareils électriques. Et, dans un dernier temps, la vidéo et l'ordinateur domestique. On s'est vraiment , pour reprendre une de tes expressions. »
Je ne comprends pas très bien où elle veut en venir.
«Parce qu'à force de travailler comme des fous, on n'est plus sorti du tout. Les concerts, le cinéma, plus besoin d'y aller, on a tout ce qu'il faut à la maison. Et puis notre génération s'était axée sur la famille. Résultat: on s'est repliés sur nous-mêmes et c'est tout juste si l'on connaît nos voisins de palier. Je t'envie parfois.»
Décidément, ma surprise ne fait que croître. On se connaît (pourtant) depuis longtemps.
«Par exemple, au début, le désordre qui régnait dans ton appartement me dérangeait beaucoup. Je me disais: Je lui ai donné une certaine éducation. Je me suis assez bagarrée à la maison. Tu te souviens?»
Clin d'oeil complice. Oh oui! si je me souviens des éternels «Est-ce que tu as rangé ta chambre? On se croirait sur un champ de foire.» Une lutte continuelle épuisant nos énergies réciproques.
«Et tous ces gens qui appelaient, à des heures impossibles. Et ta clé toujours sur la porte! Sans compter cette fameuse nuit où tu as hébergé une touriste que tu ne connaissais même pas, simplement parce qu'il pleuvait à verse et qu'il faisait noir. Alors que chez nous tout était programmé. Si le téléphone sonnait après 21 heures, on sursautait, et lorsqu'on invitait quelqu'un, on devait respecter un certain rituel: l'apéro, une entrée, le plat principal, salade, dessert et pousse-café. Beaucoup de travail en perspective!
Total : on recevait de plus en plus rarement. Toi, un bout de fromage, un morceau de pain, et tes visites restent à souper. Et puis, quand je t'ai vue si heureuse, toujours en vadrouille, te fichant éperduement de ce que pensaient les autres, je me suis dit que finalement c'était peut-être toi qui avais raison.»









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