Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

DE NOTRE CÔTÉ. Culpabilité

Ma mauvaise conscience doit se sentir

Je me suis offerte ma journée annuelle de ski en célibataire. Laissant à la maison enfants, mari, chiens et chats, je profite d'un moment de liberté.
Quel plaisir de se lever le matin en ne s'occupant que de soi, de partir sans penser aux fixations de l'un, aux chaussures de l'autre, au bonnet du petit dernier, aux sandwiches à emporter, à tous ces petits détails qui donnent au moindre déplacement des allures d'expédition lointaine. Pourtant, mon plaisir a été gâché un moment par le scénario habituel. Les enfants me font des adieux déchirants: cris et larmes comme si je les abandonnais à tout jamais. Eux qui n'ont même pas eu le temps de me saluer en rentrant de l'école, s'accrochent maintenant à moi, semblant incapables de supporter une absence de 24 heures.
Je m'arrache à eux un peu désemparée et m'embarque tête basse, laissant à leur père le soin de rétablir le calme.
Je roule inquiète.
Pleurent-ils encore? Pourront-ils s'endormir? Vont-ils se calmer? Je culpabilise à fond…
J'essaie d'oublier mon petit monde et de penser à la journée qui m'attend… La neige sera bonne… Il y a promesse de soleil… Mon esprit vagabonde…
Sont-ils consolés?
Et c'est reparti. Je m'en veux. Je me persuade de mon bon droit. Détends-toi ma vieille. Respire. Pense à toi. Ont-ils bien mangé?
Le cirque est toujours pour moi. Pourquoi? Leur père aussi s'en va régulièrement et ça ne pose aucun problème. Il part en sifflottant, sans complexe.
Sans complexe… voilà la clé du problème. Ma mauvaise conscience doit se sentir à des kilomètres et les enfants en profitent.
La prochaine fois, je partirai la tête haute, même s'il y a cris, sanglots, larmes et pleurs.
La prochaine fois, je…
Combien de fois ai-je répété cette rengaine? Ah! Sacrée culpabilité, va!


Sans les balises, c'est le cafard

Depuis une semaine, je suis en congé d'enfant. Ma fille botanise quelque part dans le Jura avec une vingtaine de petits camarades. A peine l'avais-je déposée sur le quai de gare où l'attendaient d'autres naturalistes en herbe qu'elle m'oubliait, toute à son nouvel entourage et à l'excitation de l'aventure. Petit pincement au coeur: je me sens un peu piquée d'être si vite effacée; et puis je fais de même. Je rentre par le chemin des écoliers, toute grisée par ma nouvelle liberté.
Maîtresse de mon temps, je le découvre soudain élastique, étirable et modelable à souhait. J'ai nagé voluptueusement dans mes journées sans horaire, sans contrainte autre que celle de mon travail. J'ai oublié ce petit coup d'oeil incessant à ma montre, les «oh mon Dieu, c'est déjà midi, je n'ai pas fini et il me faut faire à dîner», j'ai tapé sur ma machine sans me soucier de la mi-temps de la journée; j'ai traîné en ville, fait la tournée des amis. Le troisième jour, je me suis sentie vaguement coupable de ne pas m'ennuyer, j'ai trouvé la maison quand même un peu vide, j'ai pris la «panosse», histoire de me déculpabiliser et, pour me rattacher à l'absente, j'ai fait sa chambre.
Ne le lui dites pas, ça lui gâterait ses vacances! Car elle connaît trop bien mes fureurs ménagères et craint la tempête de mes rangements, de mes tris, de mes éliminations. Après avoir pesté contre tout le fourbi découvert sous la lourde commode, aspiré, dépoussiéré, je me suis sentie mieux, prête à de nouveaux vagabondages. J'ai occupé toute la maison, m'y suis sentie reine. L'absence de l'enfant me révélait toutes les contraintes consenties, assimilées.
Puis je me suis sentie seule dans cette coque familière. J'ai imaginé le temps où la petite serait grande et prête pour l'envol. J'ai détesté ces projections-là, alors que je me roulais dans ma liberté. Tant qu'elle est balisée de part et d'autre, je peux en jouir. Mais sans les balises… Le cafard me prend sournoisement. Mon remède: je me mets en cuisine et confectionne un superbe bavarois au cassis, pour six personnes, que nous ne sommes que deux à goûter. La recette est réussie, il faudra que je la refasse samedi.
Sûr qu'elle aimera, à son retour! A moins qu'elle n'ait plus trop besoin de gourmandises maison qui lient et retiennent; qu'elle ait pris goût au vent du large. Mouvement si normal, irréversible. Il me faudra apprendre à compter sur mes propres forces, comme on le répétait tant dans les années septante, pour naviguer sans elle, et sans nostalgie.


Si maman aimait trop son travail?

«Jusqu'à ce qu'ils aillent à l'école, je me suis consacrée totalement à l'éducation de mes deux enfants. Ils étaient équilibrés et indépendants, jouant seuls de longues heures, liant volontiers amitié avec des copains. J'envisageais sereinement la reprise de mon travail à mi-temps dès qu'ils auraient six et huit ans.
Hélas, me voici devant une situation pénible et inattendue: mes enfants n'acceptent pas que je ne sois pas à la maison quand ils rentrent de l'école: «Une maman doit attendre ses enfants!»
Je suis déroutée: je tiens à mon travail, mais je vois mes enfants malheureux.
Cette mère aimante et attentive a aussi remarqué que son fils de huit ans déteste l'histoire du Petit Poucet. Vous vous souvenez? Ces parents qui emmènent leurs enfants dans la forêt pour les y perdre? Le garçon en question refuse catégoriquement toute promenade en forêt, même pour cueillir des champignons.
- Que veut-il dire par cette attitude?

- Si Maman aimait trop son travail? Plus que moi? Si elle ne revenait pas? Si elle m'oubliait? Si un jour je la perdais?…
Cet enfant a besoin d'être rassuré. La maman pourrait lui faire visiter le lieu de son travail, expliquer en quoi il consiste, qui elle rencontre, et le père pourrait se joindre à la discussion. Bien souvent nous pensons nos enfants prêts à la séparation: nous en avons parlé, nous avons tout prévu, mais eux ne sont pas à notre rythme. Ecoutons-les dire leurs sentiments, exprimons nos besoins réciproques afin de mieux vivre la séparation qui doit intervenir tôt ou tard!









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève