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L'argent de poche (suite). Le premier argent de poche
Comme beaucoup d'enfants, ma petite fille se laissait trop facilement séduire par toutes les tentations des grandes surfaces. Les « je veux ça» ou les «j'aimerais que tu m'achètes cela» rythmaient régulièrement nos sorties dans les magasins.
Jusqu'au jour où elle reçut une petite somme pour je ne sais quelle occasion. Elle avait peut-être sept ou huit ans. Lors de notre sortie suivante, ma fille reprit son leitmotiv auquel je pus répondre cette fois: «Tu as de l'argent maintenant, tu es libre d'acheter ce qui te fait plaisir!» Malheureusement, une partie des tentations était trop onéreuse, quant à l'autre
Et voilà mon enfant déchirée devant un problème nouveau: pour obtenir le jouet désiré elle devait se démunir de son argent. Comment résoudre ce terrible dilemme: mes sous OU un jouet? Tiraillée entre ses désirs contradictoires, ma fille rentra à la maison sans avoir rien dépensé «car tout était vraiment trop cher
».
A partir de ce jour ses exigences dans les magasins ont peu à peu disparu. L'année suivante, j'ai introduit trois francs d'argent de poche par semaine. A dix ans, après avoir fait de sérieuses économies, elle gère son budget avec davantage de souplesse et accepte de faire un trou dans son capital pour quelques achats ou sorties.
Depuis septembre, ma fille reçoit 3,50 francs par semaine. Comme la somme reste modique, je trouve normal de l'aider dans ses «grandes» dépenses. Ainsi, l'autre jour avait-elle besoin de crayons Caran d'Ache pour l'école. Je propose de lui acheter une petite boîte. Le choix des couleurs n'étant pas suffisant à son avis, nous avons opté pour la boîte moyenne et nous en avons payé chacune la moitié! Quant à sa sortie au cinéma avec une amie, je lui ai offert huit francs et ma fille a complété le prix du billet d'entrée en prenant quatre francs sur son argent de poche.
Son frère, sept ans, a aussi souhaité cette année recevoir de l'argent de poche. J'ai proposé un franc par semaine. Après un quiproquo «est-ce un franc par semaine ou par jour?» il attend chaque lundi avec impatience et n'oublie pas, le dimanche soir déjà, de me rappeler son dû.
Chaque jour - si ce n'est plusieurs fois par jour - il ouvre sa boîte et compte ses sous. Une dent tombée, un nez écrasé en planche à roulettes, un gros travail dans le jardin lui ont valu encore quelques pièces et billets.
Est-ce la déformation des maths modernes et la loi des ensembles, toujours est-il que sa joie consiste à changer les piécettes en grosses pièces, les grosses pièces en billets et les petits billets
en gros billets. De dix à vingt, nous voilà aujourd'hui avec un immense billet de cinquante francs!
Ainsi jeudi dernier, alors que nous étions à la Placette et que sa grande soeur se laissait tenter par une sucette translucide d'un franc, il s'exclama calmement et sûr de lui: «un franc pour une sucette, c'est beaucoup trop cher!» En effet, une sucette ne valait pas deux billets de vingt francs et neuf francs de monnaie! Mon petit garçon sait parfaitement compter, il connaît non seulement les additions
mais aussi les soustractions!
Toutes ces merveilleuses expériences auprès de mes enfants me coûtent 4,50 francs par semaine
Cela n'en vaut-il pas la peine?
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