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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURLe courage de dire non Il n'a pas trois ans. Il vous regarde droit dans les yeux et vous répond «non». Vous en avez le souffle coupé. Comment, c'est ce trésor chéri qui me parle sur ce ton? Qu'est-ce qui lui arrive? Lui qui était si brave jusqu'ici! Faut-il lui montrer tout de suite que je ne tolèrerai pas d'opposition? Ou vaut-il mieux faire la sourde oreille? Ou quoi d'autre? Tout va dépendre de l'idée que vous vous faites de l'éducation. Qu'est-ce que c'est pour vous élever un enfant? Est-ce l'amener à vous considérer comme une autorité indiscutable, se soumettre sans ergoter à ce que vous estimez juste et bon, adopter vos critères et vos convictions? Ou pensez-vous que votre rôle consiste surtout à l'épauler dans son cheminement au travers des questions que la vie va lui poser, l'aider à trouver peu à peu ses solutions, sa propre vérité? Si vous considérez l'obéissance comme la première vertu à développer, votre tâche en sera simplifiée. Pas de vaines tergiversations: votre opinion et vos ordres ne se discutent pas. «Ce sera bien assez tôt quand tu seras grand!» Oui, mais, justement, qu'est-ce que c'est devenir grand? Ce n'est pas seulement prendre des centimètres et des kilos. C'est acquérir l'aptitude à se gouverner soi-même. Et il n'est jamais trop tôt pour en commencer l'apprentissage. Dès qu'un petit est capable de lâcher la main de l'adulte pour faire seul ses premiers pas, une étape importante est franchie. Quelle griserie de pouvoir se déplacer sans appui et sans aide! «Moi tout seul»! C'est le commencement de l'affirmation de soi. Qui sera suivi vers trois ans de ce fameux «non» qui déconcerte tant de parents soucieux. Sans parler des refus, oppositions et contestations de toute nature qui ne vont pas manquer au cours des prochaines années. Ces prises de positions qui vous dérangent, il faut se garder de les considérer d'emblée comme des impertinences, le besoin de vous tenir tête, une attitude agressive gratuite. Contrairement à ce que les apparences pourraient vous faire croire, sachez qu'il faut un certain courage à votre enfant pour mettre en question vos directives ou tout simplement prendre quelques distances. Il court des risques en contestant votre autorité. Il perd une partie de la précieuse sécurité qui l'a aidé jusqu'à maintenant. Il craint d'être moins apprécié, moins aimé, condamné peut-être à une solitude relative. Alors, direz-vous, pourquoi se livre-t-il à ce jeu s'il est aussi pénible pour lui que pour nous? Ne pourrions-nous pas nous épargner mutuellement des souffrances inutiles? «C'est en s'opposant que l'enfant apprend à se poser»* a dit un jour un psychologue. Autant admettre cette réalité et en tirer les conclusions pratiques. C'est-à-dire admettre que lorsque mon enfant s'oppose à moi, ce n'est pas parce qu'il est méchant, ingrat, dépourvu de sensibilité. C'est essentiellement parce qu'il a besoin d'essayer ses forces et d'exercer son sens critique. «La prise de position est une fonction qui, comme les nerfs et les muscles, s'atrophie si elle ne s'exerce pas! Elle n'est pas une des fonctions du «moi». C'est elle au contraire qui crée le moi, le nourrit et le fait croître » Il ne s'agit pas d'encourager un individualisme outrancier, une affirmation bruyante de soi, pas plus qu'une opposition systématique. Notre rôle devrait plutôt consister à saisir les occasions d'affrontement pour discuter tranquillement et comparer nos aspirations et nos convictions. Sans définir à l'avance qui a raison. Nous avons à découvrir en quoi nos enfants sont différents de nous. Si nous ne cédons pas à l'angoisse, nous pouvons les aider à se constituer une sorte de colonne vertébrale psychique qui se révèlera être leur atout le plus sûr face aux influences et aux tentations auxquelles ils auront inévitablement à se mesurer. *Le coeur conscient. Bruno Bettelheim. |
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