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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURComment les bébés apprennent à parler … Dès les premières heures de la vie le nouveau-né reconnaît certaines voix et, à quatre jours, il distingue sa langue maternelle. Les premiers gazouillis sont entendus à six semaines et, à trois mois, le bébé vocalise. Un parcours encore mal connu. Pendant longtemps, on a cru que le langage naissait avec l'apparition des premiers mots «compréhensibles». Mais, bien avant, dans le babillage et le gazouillis, bébé communique. Au début, il ne lance que quelques «euh » ou «ah», bien primitifs, mais il écoute avec beaucoup d'attention les mots prononcés autour de lui. Dès les premières heures de vie, les compétences du nourrisson pour percevoir et traiter la parole sont remarquables. En outre, les bébés se comportent différemment selon qu'ils écoutent la voix de leur mère ou celle d'une femme inconnue, l'intonation jouant un rôle primordial dans cette reconnaissance. Mais comment peuvent-ils déjà reconnaître leur langue maternelle? Pour tenter de répondre à ces interrogations, Jacques Mehler et son équipe (Paris) ont étudié des bébés de quatre jours soumis à l'écoute d'une bande enregistrée, celle d'une histoire racontée alternativement en français et en russe par une femme parfaitement bilingue. Durant l'écoute, le bébé suce une tétine dans laquelle est inséré un capteur de pression. Le nombre de succions par minute permet d'estimer l'état d'activation du nourrisson. Au cours de cette expérience, les bébés (nés de père et de mère français) recevant l'enregistrement dans leur langue maternelle tètent plus que lorsqu'ils entendent l'enregistrement en russe. Dès l'âge de quatre jours, ils sont donc capables de faire une distinction entre les deux langues. En revanche, chez des bébés nés de mère étrangère, il n'y a aucune différence de succion, qu'ils écoutent du français ou du russe. Est-ce parce que, dans le premier cas, le français est leur langue maternelle? Si oui, est-ce dû à un apprentissage rapide durant les premières tétées et les premiers soins, occasion d'un réel apprentissage postnatal? D'autres expériences sont en cours pour éclaircir ces résultats, notamment chez des nouveau-nés de moins de douze heures. Avant la naissance Peut-être y a-t-il déjà eu une sensibilisation à la langue maternelle dans les derniers mois de la vie intra-utérine. En effet, il semble que les mécanismes de communication entre la mère et son enfant se mettent en place très tôt, autour du septième mois de grossesse. Toutes sortes d'influences se font sentir: aussi bien celle de la voix et de la communication tactile par pression de la sangle abdominable, que celle des rythmes cardiaques et respiratoires. Juste après l'accouchement Certains chercheurs se sont intéressés au contact tactile juste après l'accouchement. Il y aurait une accession plus rapide au langage lorsque l'accouchement est suivi d'un contact prolongé mère-enfant, et d'une meilleure reconnaissance olfactive de la mère par l'enfant. Ainsi, l'établissement d'une communication affective plus intense favorise une communication préverbale. Dès la 6e semaine Puis, dès la sixième semaine, le bébé émet ses premiers gazouillis; vers trois mois, il maîtrise ses vocalises et entame une ébauche de dialogue avec l'adulte. Vers cinq mois, il s'essaie à diriger et à coordoner la centaine de muscles qui règlent la parole. Et, bien sûr, sa mère lui parle et le sollicite, du moins quand tout se passe bien. Elle lui parle dans une langue intermédiaire entre le langage adulte et le parler bébé, elle fait la moitié du chemin, en quelque sorte. Distinctions d'une langue à une autre Des chercheurs ont étudié le comportement de nourrissons anglais et français. Dès six mois, on distingue très bien une structuration temporelle dans leur babil, ils font des poses, lancent des interrogations ou des négations, un peu comme s'ils connaissaient l'air sans connaître les paroles, mais cela sans distinction d'une langue à une autre. Un peu plus tard, ils mettent en place des intonations particulières à chaque pays. On a aussi recueilli des enregistrements de trois groupes d'enfants, français, tunisiens et chinois, puis on les a fait écouter à des adultes français. Ces derniers ont tout à fait été capables de reconnaître leurs très jeunes concitoyens. Il semble donc bien que, en grandissant, le bébé ne produise plus que les sons propres à la langue de ses proches. Et plus il enrichit sa langue maternelle, plus il diminue ses capacités de pouvoir parler toutes les autres. |
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