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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURPassions rentrées Je suis encore à l'âge où l'on aime se traîner. Ce qui se passe dans le haut de la chambre m'est encore étranger et lointain. Mais je connais le plancher jusque dans la moindre de ses raies. C'est mon domaine, ou plutôt, c'est mon univers. Sur le plancher, il y a un linoléum. A un certain endroit, le bord du linoléum est déchiré d'une petite échancrure. Cela m'invite à le soulever à cet endroit, à l'échancrer un peu plus, à l'étudier. L'envers du linoléum est d'un rouge brique; il a une certaine odeur âpre et neuve que j'aime, non sans quelque anxiété, car c'est un peu l'odeur du fruit défendu. Je ne dois pas soulever ce linoléum. On me l'a dit maintes fois. Mais comment ne pas le soulever? Pourquoi y a-t-il cette échancrure, avec ses bords barbus et déjà un peu rebroussés, si ce n'est pas pour vous tenter? Le plancher lui-même est fort intéressant à cet endroit. Hors du linoléum, il est ciré, comme la croûte du pain d'épices; il sent bon la cire. Mais sous le linoléum il est tout blanc, et l'on y retrouve la planche neuve. Soulevons-le encore un tout petit peu …! Allons! on me rappelle à l'ordre. C'est fini … pour cette fois. Je n'ai d'autre ressource que d'obéir, car je ne sais pas expliquer mon plaisir, cette odeur rêche et forte, et tout ce que je trouve là-dessous. Il y a pour moi sous ce linoléum un monde de méditations dont je jouis beaucoup, mais que je ne tente pas même d'exprimer, car ce ne sont pas des choses que mes parents peuvent comprendre, je le sais. Et comment les dirais-je d'abord? Les mots ne sont pas faits pour dire ces choses-là, que j'aime d'autant plus qu'elles sont ainsi tout à moi. Alors je me résigne. Mais la tentation me reprenait bientôt. Alors mon père fixa ce coin du linoléum au plancher, par toute une ligne de clous en bataille rangée. Plus rien à faire! Je me rabattis sur une autre échancrure plus petite, un peu plus loin; mais c'était moins commode. Je crois bien d'ailleurs que, dès qu'on s'en aperçut, on me la cloua aussi. Je finis par m'en désintéresser. Qu'avais-je de mieux à faire? Ce fut une de mes premières passions rentrées. |
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