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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURDe la bagarre à l'entente Caroline, cinq ans, à sa mère: «C'est pas juste!, c'est déjà à lui que tu as lu en premier hier soir.» Maman à sa fille de treize ans: «Pourquoi n'essaies-tu pas d'être comme ta soeur? Elle est toujours de bonne humeur.» Jacques, six ans, à son frère, huit ans: «C'est mon ballon. Rends-le moi. Papa l'a acheté pour moi.» De tels dialogues sont courants dans des millions de familles où les enfants luttent pour leurs droits, leur individualité, l'amour et l'attention de leurs parents. L'attitude des parents face à ces rivalités est souvent déterminante, non seulement pour l'entente entre frères et soeurs pendant l'enfance, mais aussi pour les sentiments que l'enfant a vis-à-vis de lui-même et de ses parents. Enfermer les enfants dans des catégories Les parents, inconsciemment, ou quelquefois délibérément, encouragent la compétition entre frères et soeurs, en enfermant leurs enfants dans des catégories; par exemple, en qualifiant l'un de soigneux et ponctuel, l'autre de rêveur désorganisé. Ils risquent ainsi de créer un environnement émotionnel contraignant qui limite le développement de l'enfant, et qui peut aussi provoquer des animosités bloquant les relations d'amour et de coopération entre les enfants. Même faire faire de la musique uniquement à l'enfant «doué», ou encourager le sport exclusivement pour «l'athlète» de la famille risque de contrarier l'épanouissement des enfants. Les conséquences peuvent être désastreuses et durables. Dans leur livre Siblings without rivalry*, Adele Faber et Elaine Mazlish, ont interviewé des adultes. «Encore maintenant, disent-ils, il y a des tensions entre nous et nous n'arrivons pas à nous entendre». La vie n'est pas non plus toujours facile pour l'enfant qui a été favorisé. Un adulte raconte: «Mes parents m'avaient toujours félicité d'être le plus responsable et je me montrais à la hauteur de leurs espérances. Mais j'en paye le prix dans ma vie d'adulte. Encore maintenant mon frère et ma soeur jouent les irresponsables, et je suis coincé avec tous les problèmes de famille.» Eviter les comparaisons Cependant ce sont surtout les rivalités agressives, les bagarres proprement dites qui peuvent entraîner des dégâts, non seulement pour les enfants, mais aussi pour les parents. Faber et Mazlish donnent quelques conseils pour encourager de saines relations de coopération entre frères et soeurs. En voici quelques-uns: Eviter les comparaisons. Les comparaisons défavorables («même le bébé est plus propre que toi») peuvent amener l'enfant à décider: «Si je ne peux pas être le meilleur, alors je serai le pire», ou il en voudra toujours à l'enfant «meilleur», et toute sa vie, il se mesurera par rapport aux autres. Les comparaisons favorables («J'aimerais que ton frère soit aussi organisé que toi») tendent à donner à l'enfant le désir prédominant de toujours surpasser l'autre. Il vaut mieux décrire l'enfant et sa conduite sans faire référence à un autre. «Tu as renversé du lait sur ta chemise», ou «Comme tu es bien organisé!» Ne vous occupez pas d'être équitable. Plutôt que de donner également de façon mesurée (les enfants diront toujours: « De toute manière, il a eu plus que moi, ou le sien est plus beau»), donnez à chacun selon ses besoins personnels. Au lieu de proclamer que vous aimez vos enfants d'un même amour, dites à chacun pourquoi vous l'aimez et l'appréciez. Exprimer ses sentiments Acceptez que vos enfants manifestent des sentiments négatifs vis-à-vis de leurs frères et soeurs. Ce n'est qu'une fois que ceux-ci auront été exprimés que les «bons» sentiments pourront pénétrer. Vous ne pouvez pas exiger que vos enfants s'aiment et s'apprécient, mais vous pouvez créer une atmosphère propice à l'entente. Proposez-leur d'écrire sur une feuille tout ce qu'ils détestent et tout ce qu'ils aiment chez un frère ou une soeur. Et les bagarres? Lorsqu'il y a bagarre, ne vous occupez pas de l'agresseur, mais de l'enfant attaqué. Ne dites pas à l'un: «Pourquoi es-tu toujours si méchant avec ton frère?», mais plutôt: «Ton frère aimerait que tu lui rendes son ballon». Faites leur sentir la confiance que vous avez dans leur capacité à trouver une solution équitable, et quittez la scène. Si vous essayez vous-même de résoudre le conflit, un enfant en sortira vainqueur, l'autre vaincu, et ils n'apprendront jamais à venir à bout de leurs disputes sans bagarre. Toutefois, ci celle-ci atteint un stade dangereux, les parents doivent intervenir. Exigez des enfants qu'ils cessent immédiatement. Si vous voyez qu'ils vont se faire mal, envoyez-les se calmer dans des pièces différentes. Dans le cas où les conflits se multiplient et ne trouvent pas de solution, pourquoi ne pas essayer de réunir les protagonistes, de noter pour chacun d'eux ses sentiments et ses préoccupations, puis de les lire tout haut et laisser chacun s'expliquer. Incitez-les à suggérer des solutions, et décidez ensemble quelles sont celles qui pourraient convenir à tous. Veillez à ce que les décisions soient respectées! Ne vous attendez pas à des miracles en une nuit! Adopter de nouveaux comportements dans la vie de tous les jours est une affaire qui prend du temps. * Siblings without rivalry, Ed. W. W. Norton D'après un article de Jane E. Brody paru dans International Herald Tribune, juillet 1987 |
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