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Vêtements noirs…

Mon fils a onze ans et je me fais du souci, car son attitude change envers nous et surtout par rapport à ses habits. Il ne veut plus mettre les jolis habits que je lui achète. Il veut du noir, des bottes noires et se met du gel dans les cheveux! On n'a pas l'habitude de ça dans mon village, où tout le monde jase et cela me gêne beaucoup.

Comment peut-il aimer tout ce noir? Et à quoi rime-t-il et que dois-je faire pour ne pas «mal faire»?


***

Deux rédactrices du comité font part de leurs expériences à la suite de cette lettre, et espèrent ainsi apporter à notre lectrice des réponses ou du moins quelques éclaircissements sur le comportement de son fils.

Symbole de notre indépendance

Il y a bien longtemps, alors que j'avais 14-15 ans, ma meilleure amie et moi avions un désir jugé farfelu, voire innacceptable, par nos parents: un pull noir …
Et comme nous n'arrivions pas à décider nos mères - «ça fait deuil» - à nous en acheter un, nous avons rassemblé nos économies pour aller en ville réaliser notre ambition!
Ce pull, je le sens encore contre ma peau: il grattait de façon effroyable, mais c'était sans importance et nous sommes sorties du magasin l'arborant avec fierté; je me rappelle aussi notre jubilation quand la vendeuse, au moment de payer, nous a dit: «au revoir Mesdames»; nous étions aux anges …
Je l'ai gardé pendant bien des années, même lorsque je ne le portais plus; il était le symbole de notre indépendance, de notre soif d'être des grandes!

Quand mon fils de douze ans est rentré de ville en s'étant acheté un pull noir pour sa première boum, j'ai retenu de justesse ma réaction spontanée, teintée d'agacement: «du noir à ton âge, alors qu'il y a tant de couleurs qui te vont mieux?»

Le pull noir, la veste noire, les pantalons noirs, tout y a passé; en moi sourit un souvenir qui a refait surface …

Monique


Le noir est «in»

Nathalie est en pleine période noire … sur le plan vestimentaire, heureusement! Elle remet jour après jour son grand pull noir, ses pantalons noirs et me réclame depuis plusieurs semaines un blouson noir pour son anniversaire. Elle a la chance d'être blonde, seule tache claire qui ravive un peu son teint devenu blafard à force de devoir constraster avec cette masse noire dont elle s'entoure.
Elle n'est bien sûr pas la seule de son espèce; à la sortie de l'école, dans la nuée des élèves, deux couleurs dominent: le bleu des jeans délavés et le noir.
Nathalie souhaite être «in » comme ses camarades. Ce conformisme vestimentaire, pour le moment bien inoffensif, mais non moins significatif, est une étape dans la recherche de son identité. Elle aimerait ressembler aux autres pour trouver une certaine sécurité auprès de ces jeunes avec qui elle passe la plus grande partie de son temps. Elle a besoin de se sentir acceptée, aimée de ceux qu'elle admire et avec lesquels elle amorce son adolescence.
Elle a douze ans; mi-enfant, mi-adolescente. Dans sa chambre les peluches rivalisent avec les posters de Madonna. Son corps se transforme lentement. Elle réfléchit, pose des tas de questions, elle aime discuter avec nous le soir au chevet du lit pour débrouiller les problèmes du monde! Pourtant, elle joue encore avec joie au foot, à cache-cache, aux billes ou à l'élastique. Cette ambivalence fait partie de sa maturation.
Je ne lui cache pas que je trouve bien triste cette couleur noire pour une fille de douze ans, mais je lui raconte aussi qu'à son âge j'avais envie de mettre des talons hauts, des collants fins, du noir sur les yeux pour «faire adulte» ou imiter des camarades. Je me rappelle d'avoir ressenti très fort ce besoin d'appartenir à mon époque, à ma jeunesse, à mes copains et copines.
Ces changements dans l'aspect extérieur sont évidemment le reflet de transformations intérieures, de remises en questions. Ce sont en quelque sorte des soupapes de sécurité qui servent souvent à amortir une crise qui risque d'éclater à tout moment et qui aurait des conséquences plus fâcheuses. C'est une manière naturelle et saine, me semble-t-il, de passer un des caps de l'adolescence … L'année prochaine, peut-être, Nathalie se teindra les cheveux en bleu ou se rasera le crâne; ce serait dommage, mais ne sera-ce pas sa manière à elle de s'affirmer, d'aguicher, voire de lancer des appels pour que nous la comprenions mieux elle et sa génération?
Pour les parents, tout est ici question de nuances, de sensibilité, de tact. Relativiser, sans minimiser, respecter les goûts des jeunes tout en gardant l'esprit critique et sans craindre d'exprimer son approbation ou son désaccord. Donner aux jeunes des points de repères pour les aider à aiguiser leurs goûts, et faire des choix plus tard dans la vie. Penser que nous aussi nous avons passé par là. Ah, … te souviens-tu des chignons crêpés, des mini-jupes, des slows d'Elvis Presley, de Ray Charles, des Beatles, des cheveux longs, des scoubidous et des collants noirs? …

Françoise Grondahl









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