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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Le bon vieux temps

J'ai eu l'occasion de tomber sur une lettre écrite en 1874 par un jeune garçon (environ dix-douze ans) qui s'adressait en ces termes à son jeune ami (dix ans):
«C'est avec grand plaisir que j'ai reçu ta lettre du 27 novembre, aussi je m'empresse de te répondre, car je croyais que tu m'avais oublié, et j'ai été agréablement surpris quand, en arrivant de l'école, ma maman me remit un pli à mon adresse. Comme tu dois le penser, je devinai bien vite quelle main amie me le faisait parvenir. Remercie bien Mme … ta maman du bon souvenir qu'elle me garde et dis lui que la lettre qu'elle m'a écrite m'a fait bien plaisir.
… Nous avons depuis quelques jours la neige, il fait passablement froid, ce qui m'oblige en sortant de l'école à me dépêcher d'aller à la maison et de me tenir au chaud, et pendant ce temps je fais toutes mes leçons. J'aime à croire que tu te plais dans la classe où tu es et que tu n'as pas trop d'ouvrage».
… P.S. Je t'engage à t'encourager à faire bien exactement tes leçons. Et je pense que comme moi tu profiteras de l'hiver pour travailler plus assidûment à tes leçons et par celà même faire plaisir à tes bons parents. »

Cette longue lettre, à l'écriture claire et appliquée, sans rature ni petits dessins dans les coins, cette lettre sérieuse et «trop» raisonnable m'a paru plus significative de l'évolution des temps que bien des ouvrages publiés sur ce sujet.
Il y a cent ans, l'éducation était transmise intégralement du grand-père au petit-fils, le langage et les expressions de cet enfant montrent bien son application à copier le monde des adultes qu'il reproduit sans se poser de questions. Peut-être même est-il heureux de pouvoir déjà faire et écrire comme les adultes. L'innovation n'est pas de mise, c'est là aussi pour les parents face à l'éducation de leurs enfants une sécurité: le cadre est défini, la ligne de conduite tracée. Ces enfants d'il y a cent ans, devenus grands sont peut-être allés «s'éclater» à Paris ou Berlin, villes universitaires où les jeunes de bonnes familles étaient envoyés dans le but d'obtenir diplômes ou doctorats. Après ce bol d'air et oubliant leurs frasques- si frasques il y eut! - ils se sont empressés de remettre leurs pieds dans les traces de leurs aînés.
Ce «bon vieux temps», immuable, structuré, sécurisant, me fait parfois envie. Et comme le mentionne B. Alcala «nous sommes les enfants d'hier, ceux qui ont survécu aux grands bouleversements des premières décennies du siècle, ceux qui ont reçu la mémoire des parents, eux enfants du XIXe siècle. Nous sommes à la fois les dépositaires des vieilles traditions, et les bâtisseurs des piliers qui soutiennent les enfants d'aujourd'hui.»*
Nous nous trouvons dans une situation charnière, bien difficile, c'est vrai, mais vaste de possibilités nouvelles. Aujourd'hui, nous avons l'immense privilège de pouvoir innover, découvrir, écouter et donner à nos enfants la possibilité d'être eux-mêmes.

*Enfants d'hier, enfants de demain. L'Essor









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