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L'éloge de l'égoïsme

L'égoïsme, source du mal?

Il est habituel de dénoncer avec vigueur l'égoïsme et de le considérer comme la source de tous les péchés, comme le mal. Nous sommes instinctivement d'accord et chacun s'efforce d'extirper de soi, avec plus ou moins de succès, le monstre aux doigts crochus, toujours prêt à mordre, à réclamer son dû. On prêche avec raison la générosité et l'altruisme, le don de soi et le souci des autres.
Tout cela bien sûr est vrai et il n'est pas question de remettre en cause le fondement traditionnel de la morale. Il reste qu'on est parfois un peu agacé par l'usage que l'on fait de ces vérités premières et de la facilité avec laquelle elles nous sont proposées comme la solution de toutes nos difficultés, le remède de tous nos maux.

Et moi?

Les autres, toujours les autres, à la longue c'est un peu frustrant. Et moi ? Toute notre éducation, qui tend à rendre ce moi haïssable, n'exacerbe-t-elle pas la hargne revendicative de ce moi trop frustré? Ce renoncement à soi, ce sacrifice à autrui, ne sont-ils pas trop lourds à porter et conduisent-ils toujours à un amour authentique de l'autre?
La question est importante puisque depuis notre naissance, nous sommes fortement engagés à faire passer l'autre avant nous, notre bonheur après le sien.

Difficultés conjugales

C'est dans le domaine des difficultés et des mésententes conjugales que l'on peut sans doute le mieux cerner la signification ambigüe de cet égoïsme jugé si souvent responsable.
Cas banal: une femme se plaint de son mari. Il ne l'aime pas assez. Il n'est pas assez gentil, pas prévenant. Il pense aux autres plus qu'à elle. Il n'est pas compréhensif. Elle lui reproche de ne pas la tenir au courant de sa vie professionnelle, de ses préoccupations, etc.
Elle ne retient que ce qui la fait souffrir, que ce qu'il ne lui apporte pas, oubliant de voir ou niant ce qu'il lui donne. Tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait est pour elle preuve de son malheur. Elle ne peut plus rien accepter de lui.
Cette inacceptation irréductible ne peut se comprendre uniquement par la défection ressentie. Elle a probablement une origine plus intime et plus profonde. Elle paraît davantage liée à la difficulté qu'elle a de s'accepter elle-même, d'accepter ses chances de réussite et de bonheur. C'est sa propre inacceptation qui ne lui permet pas d'accepter l'amour de son mari, si imparfait soit-il.

L'acceptation de soi

Cette notion d'acceptation de soi est essentielle et il faut bien la comprendre; il faut d'abord s'entendre sur ce qu'est l'amour de soi pour concevoir ce qu'est l'égoïsme.
On ne peut accepter autrui si l'on ne s'est d'abord soi-même accepté. On ne peut aimer autrui que dans la mesure où l'on s'aime. On ne peut faire confiance que dans la mesure où l'on se fait confiance.
Notre bienveillance à l'égard d'autrui est le reflet de la bienveillance que nous nous accordons. Nous traitons les autres comme nous nous traitons nous-mêmes. On ne peut être indulgent pour soi et sévère pour autrui, exigeant pour celui-ci sans l'être pour soi.
Nous sommes un autre pour nous-mêmes, un autre parmi les autres, et la relation à soi ne peut être ni différente, ni séparée de la relation à l'autre. On ne peut donc enseigner l'amour des autres au détriment de l'amour de soi car c'est tout un et c'est cela qu'il faudra mieux comprendre.

L'égoïsme, véritable altruisme?

L'égoïste au sens habituel n'est pas celui qui se veut du bien mais celui qui ne parvient pas à s'aimer convenablement et reste enfermé en soi-même, aussi incapable de se trouver que de donner et de recevoir. L'égoïste a une mauvaise opinion de soi. Il ne consent pas à exister et à être heureux de vivre. Il ne se résigne pas à être ce qu'il est. Il se voudrait toujours différent. Il se rejette douloureusement et du même coup rejette l'autre qu'il ne peut accepter comme il est, qu'il voudrait aussi, toujours différent de ce qu'il est.
L'équivoque de l'égoïsme c'est de croire qu'il est amour de soi alors qu'il n'est que haine, qu'il est indépendance et liberté alors qu'il est dépendance et servitude. Cette confusion sur la signification de l'égoïsme peut avoir des conséquences fâcheuses. Pour le fuir on se fuit. Il serait donc important de montrer qu'un égoïsme éclairé et lucide, positif et généreux, un «vrai égoïsme» est tout compte fait inséparable du véritable altruisme.
Nos discours sur le sacrifice de soi risquent d'être souvent mal interprétés. Il est tellement plus facile de se condamner, de se rejeter, de se faire souffrir que de s'accepter tel qu'on est et de s'aimer un peu. Aussi peut-être faudrait-il prêcher davantage l'amour de soi, montrer davantage aux jeunes, notamment, toutes les valeurs et les richesses qu'ils portent en eux et insister sur les bons traitements qu'ils se doivent.
Nous n'insistons pas assez sur l'intérêt personnel qui, bien compris, va de pair avec l'intérêt commun et nous décourageons parfois les bonnes volontés en laissant apparaître comme plus ou moins coupable la recherche du bonheur et la satisfaction de la réussite.
Nous sommes parfois comme ces parents qui craignent pour leurs enfants les félicitations et les compliments. Ils vont devenir contents d'eux, peut-être s'en croire.

La confiance en soi

La confiance en soi est pourtant un bien précieux. Il ne s'agit pas d'une surestimation infatuée, d'un aveuglement orgueilleux, mais d'une évaluation juste et réaliste de nos capacités, de notre valeur et de nos faiblesses. Cette prise de conscience objective demande du courage.
Pour s'accepter avec ses qualités et ses défauts, il faut oser se reconnaître tel que l'on est, se juger sans partialité et sans passion. Il faut renoncer à l'obscure attirance de la culpabilité et de l'innocence, à la double séduction de l'ange et du démon.
Cette confiance en soi demande aussi de renoncer à chercher sa sécurité dans l'autre, dans son approbation, dans son amour. Elle suppose que nous assumions sans trop d'angoisse notre indépendance, et notre solitude, la responsabilité de notre vie et de notre mort inéluctable.
Cette confiance en soi conduit ainsi à un certain détachement de soi et des autres qui, loin d'être de l'indifférence, permet un dialogue plus fécond, un amour plus serein et plus authentique.

Conclusion

Pour s'accepter, il faut l'avoir été; pour s'aimer il faut avoir été convenablement aimé. L'inacceptation de soi a souvent de lointaines origines, trouve sa source dans les perturbations des premières relations familiales. On ne dira alors jamais assez combien il est finalement difficile de s'aimer et combien nous avons besoin d'en être persuadés, d'y être encouragés pour oser nous y risquer. C'est dans ce sens que l'éloge de l'égoïsme est à faire, d'un égoïsme qui n'est pas fermeture sur soi, mais ouverture à soi, amour et non haine de soi.









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